Ah il nous en aura fait baver le Marius !

Plusieurs mois de recherche pour identifier ce personnage sur une photo trouvée dans un grenier de la place Germain Loro…

Un lot de plaques photographiques extraordinaires datées de 1888 pour la plupart, prises selon le procédé mis au point, préparé et vendu par Antoine Lumière et ses fils, des plaques sèches au gélatino-bromure d’argent*.

* »L’invention de l’émulsion sèche au gélatino-bromure d’argent va révolutionner la photographie. Préparées par des industriels de la photo et non plus par l’utilisateur, les plaques peuvent être conservées longtemps avant l’emploi et développées longtemps après, conditions impossibles avec le collodion humide. La pratique de la photographie va ainsi échapper aux professionnels et s’offrir à tous les amateurs suggérée dès 1871 par l’anglais Richard Maddox, la plaque sèche mettra plus d’une décennie à s’imposer, lorsque sa sensibilité dépassa alors celle des plaques humides. En 1881 reprenant la formule mise au point par le Belge Van Monkhoven qui propose les meilleures plaques sèches du marché, Louis Lumière (âgé de 17 ans) va découvrir une émulsion nouvelle, plus simple, moins dangereuse à fabriquer et d’une qualité bien supérieure. Son extrême rapidité (elle permet de photographier au 1/60 de seconde) va déterminer son succès et donner lieu à la création de la société Lumière ». (Musée des frères Lumière à Lyon)

Passons sur les manipulations qu’il a fallu effectuer pour les développer mais quelle satisfaction au final !…

Beaucoup de portraits d’esclaves africains capturés puis vendus (par exemple pour servir à la table des officiers à Saint-Louis du Sénégal), un roi nègre entouré de sa cour, lui seul vêtu de l’uniforme de parade d’un capitaine d’infanterie qui lui avait peut-être servi de repas, etc, etc…

Qui a dit que les Seynois ne voyageaient pas ? Dormant dans un grenier du centre ancien, en l’occurence place séminaire, ces plaques sèches au gélatino bromure d’argent préparées par Antoine Lumière et ses fils en 1892 dont celles-ci…

…et trois photographies d’officiers de marine posant fièrement à bord de leur navire dont un accoudé à un théodolite (moi non plus je ne savais pas ce que c’était) qui paraissait être le sujet principal de ces photos.

Un indice sur le béret d’un matelot de couleur nous donnait le nom du bateau : « L’Africain »…Le recours au Service Historique de la Défense s’imposait donc…

Or dans cette maison datant de 1896 (architecte Pierre Chapoulart) avaient vécu trois personnages ayant fait carrière dans la marine, l’un dans la marine marchande en extrême-Orient (le beau-père Paulin Gros le propriétaire de la maison) et deux officiers de marine, Alexandre Valentin dont j’ai raconté l’histoire par ailleurs ainsi que son beau frère Aimé Vergé, les deux gendres, tout ce petit monde décorés de la Légion d’Honneur (chevaliers et officier).

Toutes nos recherches, à Ludivine Rembobine et à moi, ont porté sur ces trois individus (pour beaucoup aux archives départementales du Var en ligne, au SHD de Toulon physiquement, à ceux de Paris et de Rochefort par mail, avec l’aide des bénévoles du fil d’Ariane, Internet et les sites de généalogie, etc).

Malheureusement ces trois individus n’avaient jamais mis les pieds en Afrique…

Et les rôles d’équipage sur leurs différentes affectations ne nous laissaient aucun espoir sur une quelconque escale au Sénégal. (Pour info les registres ouverts font 100 cms par 60 !)

Au fil de la lecture de l’équipage de « l’Africain », un nom parmi une centaine d’autres m’avait accroché parce qu’il me semblait du sud, Marius Infernet…

…et que je pensais avoir lu ce nom lorsque nous écumions les tables de recensement rue par rue.

Ludivine Rembobine exhume alors un acte de mariage de 1900, enregistré à La Seyne, d’une certaine Augustine Infernet avec un Léon Héraud un commerçant seynois.

Or il se trouve qu’au fil de nos incursions dans les recensements, nous avions vu grandir le petit Léon, le fils de Louis le boulanger de la place séminaire, la future place Germain Loro au n°4, à l’endroit même où « Le four de verrier de la place des Capucins fut remplacé par le four de boulanger du sieur Héraud », vers 1860 environ, Léon devenant à son tour boulanger quand sonna l’heure de la retraite pour son père.

Par chance on mit la main sur la nomination au titre de chevalier de la Légion d’Honneur d’un Marius Infernet domicilié en 1899 rue de la République au n°2 et qui se trouve être le père de trois filles dont…

…Augustine l’heureuse future épouse de Léon le boulanger-pâtissier épicier de la place séminaire (où se servait bien sûr Louise Coulomb la domestique de Mme Germain Loro mais ceci est une autre histoire)

C’était donc bien le beau père du boulanger voisin des Valentin et des Loro que l’on voit sur ces photos.

Pourquoi ces photos se trouvaient-elles dans ce grenier chez les Valentin ? Je ne pense pas que nous ayons un jour la réponse.

Toujours est-il que la boucle fut ainsi bouclée.

Voici donc Marius François Auguste Infernet, ici mécanicien principal de deuxième classe de la Marine embarqué sur « l’Africain » bateau à vapeur, ponton-caserne au Sénégal, en 1888.

(Recherches Ludivine Rembobine et PdP pour La Seyne en 1900)

Il passera 1ère classe le 17 avril 1891

5 comments

  1. Cette fameuse maison, j’y suis allée souvent étant enfant. Je suis arrière arrière petite fille de Paulin Gros et Marie Valentin était ma marraine .

Répondre à Gros Anne Marie Annuler la réponse

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