Le lancement

Lancé le 27 octobre 1932. Mis en service à la Compagnie de navigation mixte le 21 mai 1933 sur la ligne de Port-Vendres, Alger, Port-Vendres-Oran, effectuant avant cela sa première croisière sur les ports d’Italie.

« Ce navire et son frère El Djezair représentent des réalisations véritablement en avance sur leur temps. On le comprendra aisément, lorsque l’on verra trente ans plus tard El Mansour être, par ses dispositions intérieures et sa vitesse, un des meilleurs navires français desservant les lignes d’Afrique du Nord ». 

Bernard Bernadac

La Compagnie de navigation mixte (C.N.M) est une compagnie maritime française active de 1850 à 1981, dont l’histoire est liée aux colonies françaises en Afrique du nord. Sa première commande, le « Du Tremblay« , elle le passa au bassin Taylor à La Seyne sur mer, qui deviendra les Forges et Chantiers de la Méditerranée (F.C.M)…

La dernière commande de la C.N.M aux F.C.M de La Seyne fut le car-ferry « l’Avenir » lancé le 21 Juin 1966. Renommé « Shahrazad«   il fut utilisé pour transporter des pèlerins musulmans en mer Rouge. Sa carrière s’achève le 21 septembre 1985 lorsqu’il fit naufrage au large de Jeddah après avoir été ravagé par un incendie.

Tout un symbole…

DESTINS CROISÉS

https://www.youtube.com/watch?v=KnN2uOawWEY*

LE NAVIRE SERA AFFECTE AUX LIGNES D’ALGERIE

Le lancement du paquebot « El-Mansour » aura lieu samedi prochain 27 octobre 1932 aux chantiers de La Seyne. « El-Mansour », construit pour le compte de la Compagnie de navigation mixte, à Marseille, est destiné au service des lignes d’Algérie. Il a été prévu pour réaliser la vitesse de 22 nœuds, un peu supérieure à celle qui a été obtenue sur le paquebot « El-Goléa », construit également à La Seyne, en 1929, pour la même compagnie. Ses caractéristiques sont les suivantes : longueur 121 m70, largeur 16 m40, tonnage 8.400. L’appareil moteur (12000 cv) sera constitué par deux groupes de turbines à engrenage et l’appareil évaporatoire comprendra 4 chaudières.

Echo d’Alger 20/10/1932

LE LANCEMENT

L’opération de lancement s’est effectuée dans les meilleures conditions et à 11 heures et demie, « l’ El-Mansour » dont on a admiré les formes élégantes, flottait dans la belle rade de la Seyne. pour commencer une carrière des plus actives entre la France et l’Algérie, grâce à son tonnage (5.500 tonnes brut) et sa vitesse (22 nœuds).

Un banquet a été offert ensuite par la Société des forges et chantiers aux notabilités présentes…

Des vœux chaleureux ont été formulés en faveur de l’heureuse carrière du nouveau paquebot, donc les travaux vont être activés pour qu’il puisse entrer en service au printemps prochain entre la France et l’Algérie.

Echo d’Alger 27 10/1932

LE DISCOURS

Discours de M. De Cazalet Président du conseil d’administration de la C.N.M, récemment promu commandeur dans l’ordre de la Légion d’Honneur, en présence de M. Moritz président de la Société des Chantiers et de M. Mazen maire de La Seyne.

« El-Mansour », c’est le nom d’un Sultan sur lequel je n’ai peut-être pas grand chose a vous dire, mais auquel je suis reconnaissant d’avoir permis de donner un nom à votre bateau. Puisque c’était un Sultan, je ne crois pas cependant m’aventurer en vous disant qu’à ce titre, aucun qualificatif ne pouvait lui être plus agréable que celui d’El Mansour, en arabe le robuste, le vigoureux, le victorieux , le courageux.

Robuste, il l’est certainement puisque c’est un enfant des chantiers de La Seyne.

Victorieux, des éléments, il le sera, à n’en pas douter.

Courageux, si contre toute attente, il lui arrivait de ne pas l’être, je crois pouvoir dire que mes collègues et moi, nous l’avons été pour lui…

Echo d’Alger 27 10/1932

« L’El-Mansour » sur la ligne Alger-Marseille

LA RESURRECTION

Modifié par les chantiers de la Seyne, en 1939, où il pert une de ses deux cheminées, l’El Mansour, baptisé X06, sera utilisé comme croiseur auxiliaire.

« Le glorieux « El-Mansour », entré dans l’histoire ainsi que ses sister-ships « El-Djezaïr » et « El-Kantara » nous est revenu hier, à 15 heures.
Tout ce que l’on peut dire sur la carrière guerrière du paquebot se résume en quelques mots. Il a bien mérité, ainsi que l’ » El-Djezair » et l’ » El-Kantara », la croix de guerre pour les services qu’ils ont rendus en tant que croiseurs auxiliaires transporteurs de troupes, notamment sur les côtes de Norvège ».

En Janvier 1943 saisi par la Marine Allemande à Marseille, il est transféré vers l’Italie.
« Revenu à Marseille, il fut sabordé par les Allemands le 22 août 1944. Renfloué en septembre 1946, il vient d’être rendu à ses armateurs par les chantiers navals de La Ciotat.

Tout en ayant les mêmes caractéristiques qu’autrefois, le paquebot a subi d’importantes modifications dans ses aménagements pour passagers et équipage. Il comporte trois ponts complets et un quatrième tronqué à la hauteur des compartiments chaufferie.

Sur ses quatre ponts ont été prévus les installations modernes et très confortables pour 290 passagers dont deux de luxe, 12 de priorité, 116 de 1ère classe et 160 touriste. En tenant compte des quatrièmes classes, la capacité en passagers atteint le millier. Hall d’embarquement, fumoirs, bars, viennent compléter ces aménagements. De nombreuses améliorations out été apportées pour assurer la sécurité au cours des traversées : détecteurs d’incendie, embarcations de sauvetage en
duralinox, appareil à gouverner hydroélectrique, compas gyroscopique, sondeur de fond à ultra-son. radiogoniomètre, téléphone, haut-parleurs, etc…« 

Rappelons les caractéristiques de l’« El-Mansour » : longueur, 121 m. 70 ; largeur, 16 m. 40, jauge brute, 5.873 tx, nette, 2.435, tirant d’eau, 5 m. 52.

Echo d’Alger 07/09/1948

X06 reprend son ancien nom et est transféré à la Compagnie de Navigation Mixte.

UN DES BATEAUX DE L’EXODE

Au service du rapatriement des Français d’Algérie pour « La traversée sans retour ».

1962 « Port-Vendres, tête de pont de l’exode ».

« EL MANSOUR » ex X06 DEVIENT « LE MAINE« 

En 1963 il est vendu à la Marine Française, qui va le convertir, sous le nom de « Maine », pour les essais nucléaires à Tahiti.

Acheté par la Marine nationale qui veut le transformer en bâtiment-base, il quitte définitivement Marseille le 31 octobre à destination de Brest, où il va être modifié. Deux chaudières sur quatre sont débarquées, ses logements sont aménagés pour recevoir 250 membres du personnel du Centre expérimental du Pacifique.

Sa passerelle est surélevée et on construit un rouf supplémentaire à l’arrière des derniers canots de sauvetage.

C’est un navire totalement différent qui prend la mer à destination de Tahiti : un paquebot tout blanc, rebaptisé « Maine » et arborant sur sa coque A-611 en lettre et chiffres noirs. Sa puissance est maintenant de 7 500 chevaux et elle ne permet pas de dépasser 15 nœuds.

Son déplacement n’est plus que de 5 420 tonnes et son port en lourd de 1 320 tonnes.

Amarré dans le lagon de Mururoa ou de Fangatanfa, « Le Maine » servira d’hôtel flottant pour le personnel employé aux essais nucléaires dans le Pacifique, ne faisant qu’une courte sortie d’essais tous les deux ou trois mois. Il reste à Tahiti jusqu’en 1974. Le 7 janvier, le navire est condamné, et le 3 avril 1974 il sera coulé au canon par l’aviso « Doudart de Lagrée » à Tahiti.

Bernard Bernadac alger-roi.fr

Voir aussi de la même compagnie, le « Kairouan »*

Sources

http://alger-roi.fr/Alger/navires/pages/137_el_mansour_resurrection1_7_9_1948_echo.htm

http://martin.michel47.free.fr/genealogie/documents/el_mansour.htm

lindependant.fr/2022/05/25/francais-dalgerie

http://alger-roi.fr/Alger/port/histoire_navires/el_mansour_bernadac.htm