Abdel Kadder un mythe (ou plutôt devrait-on dire des mythes).
Vu de l’une ou l’autre des deux rives méditerranéennes, chacun a son propre Abdelkader.
Un grand mystique, un soufi, un philosophe, le sultan des arabes, le prince des croyants.
Le premier homme d’État algérien, le César algérien, l’anti colonialiste, un porteur de modernité balayé par la violence coloniale, un héros de l’indépendance nationale, rôle qu’on lui attribue depuis quelques dizaines d’années après l’avoir trainé dans la boue comme traître, vassal de la France, harki (!), mais aussi un vaincu, un franc Maçonnisé par le second empire français qui voulait en faire le roi d’un grand royaume arabe vassal de la France.
Par ailleurs un sauveur de chrétiens, un pionnier du dialogue inter religieux, une figure de l’amitié franco algérienne un symbole de la réconciliation franco algérienne, ce qui n’arrange pas du tout les affaires du gouvernement algérien qui refuse que la France se l’approprie, ni celles en France des wokistes et des décolonialistes qui n’en veulent absolument pas non plus. La sculpture d’Amboise a été vandalisée en 2022 avant même d’être inaugurée.
Pas question de tourner la page, la France doit être responsable de l’état de l’Algérie d’aujourd’hui qui tient à son ennemi de l’étranger, un point c’est tout !
Comme dans tous les pays en crise on contient la colère et le mécontentement du peuple en lui désignant un ennemi de l’extérieur…en l’occurrence ici le passé colonial de la France qui serait responsable du marasme économique de l’Algérie d’aujourd’hui, cette « pauvre petite fille riche »…
Expo Mucem 2022 : « Après la mort d’ Abdelkader en Syrie dans la nuit du 25 au 26 mai 1883 la diversité des rôles qu’il a assumé engendre de multiples appropriations. Il figure longtemps dans les manuels scolaires français comme l’adversaire dont la bravoure mais aussi la défaite illustrent la supériorité de la civilisation européenne. La personnalité de l’émir ressurgit après-guerre dans les plaidoyers en faveur de l’émancipation des Algériens musulmans. Durant la guerre d’indépendance le parti communiste algérien le donne en exemple pour inciter les campagnes à la lutte. En fait en 1966 le gouvernement algérien obtient le rapatriement à Alger de son corps jusqu’alors inhumé à Damas. Il devient le premier héros de l’histoire nationale, fondateur de l’État algérien, dont la statue équestre remplace celle du Maréchal Bugeaud, ancien gouverneur Général d’Algérie. Curieux de la nature humaine, grand savant musulman et Soufi, il demeure apprécié pour ses écrits mystiques et l’ouverture d’esprit qu’il manifestait en son temps et qui l’honore encore aujourd’hui ».
On comprend sans peine pourquoi ce personnage historique n’a encore jamais fait l’objet d’un film de fiction…
c’est un vrai plaisir d’ouvrir tes mails, tjrs très intéressants, qui apportent toujours. Mention particulière pour l’évocation de cet homme puissant. Merci. Bon bout d’an.