« La Numancia, frégate blindée construite pour le gouvernement espagnol en 1863, a déjà une existence légendaire. C’est le type le plus parfait de navire de combat et de marche qui existe. La Numancia a une longueur de 96m08 cent, sur 17.34 de large. Son tirant d’eau est de 8.33 : son creux est de 11.18. Les soutes à charbon contiennent 1000 tonnes de combustible, ce qui forme l’approvisionnement de neuf jours de marche à pleine vapeur.
Mais si l’on considère que la mâture de ce navire est celle d’une frégate française de deuxième rang, il faut mettre en compensation les vitesses remarquables qu’elle obtient à la voile, vent arrière ou au plus près. La hauteur de sa flottaison en charge au seuillet des sabords est, au centre, de 2m‘25 cent., ce qui permet, avec le peu de place occupée par la machine, de charger la frégate de canons, protégés par des abris de manœuvre et de commandement. Le blindage aune épaisseur de 13 centimètres, séparé de la coque par un matelas de bois de teck de 40 centimètres. A l’attaque de Gallao, la Numancia a résisté à une grêle de boulets de 150 kilogrammes lancés de près par des canons Blackely : l’un d’eux, il est vrai, a traversé la cuirasse, mais s’est arrêté au matelas de bois qui protégeait la coque.
Voilà comme résistance. Comme marche, aux épreuves, la Numancia a atteint une vitesse de plus de 13 nœuds à l’heure (13 753), ce qui était sans précédent pour un navire cuirassé.
La Numancia est le premier des navires de cet ordre qui, passant le détroit de Magellan, soit entré dans l’Océan Pacifique et revenu par le cap de Bonne-Espérance, en faisant le tour du globe tout entier. Ce beau navire a été vu dans tous les parages, et partout admiré. Sa marche moyenne a été de 8 milles à 1 heure avec deux chaudières et les voiles, ce qui, encore une fois, est sans précédent. C’est toujours d après le type conç i par M. Dupuy de Lôme que ce navire a été construit. La machine est à bielles renversées de 1000 chevaux, développant quatre fois sa force nominale : le déplacement atteint à 7420 tonnes« .
L’Exposition Universelle de 1867 Illustrée
« Les chantiers présentaient un aspect féerique. On ne voyait que mâts vénitiens ornés d’écussons aux deux chiffres de Napoléon et d’ Isabelle. La frégate était ornée de banderoles et décorée de nombreux drapeaux espagnols… »
L’Illustration, journal universel 1863
19 novembre 1863 : Lancement de la frégate Numancia (N° 260/1444) le matin après la bénédiction par Mgr l’évêque de Toulon et de Fréjus (qu’il a placé sous le patronage de Ste Isabelle) et après le banquet lancement du transport français la Vienne.
Entre le 8 janvier 1865 et le 20 septembre 1867, la frégate blindée de l’armada espagnole NUMANCIA, « made in La Seyne » , fut le plus important bâtiment de guerre construit dans le monde par une société privée, ainsi que le premier navire en fer à faire le tour du monde…
Sans doute le plus ancien et le plus impressionnant cuirassé espagnol, le Numancia fut construit en France, commandé à la Seyne, et conçu sur le même modèle que les cuirassés français depuis le Gloire, à savoir une coque en bois et une coque intégralement cuirassée au-dessus de la ligne de flottaison. Son premier armement fut constitué d’une batterie de 40 pièces de 205 mm à âme lisse se chargeant par la gueule, puis 8 de 254, 7 de 203, 1 de 190, et 8 mitrailleuses lourdes, ainsi que trois TLT sous-marins après sa première refonte en 1890. Sa mâture fut raccourcie.
Puis en 1897-98, ce navire fut en chantier à la Seyne pour une dernière modernisation. Son grand mât fut supprimé, sa mâture remplacée par deux mâts militaires en acier avec hunes blindées, et il reçut de nouvelles machines, lui donnant 13 noeuds. Lorsqu’il fut prêt, la guerre Hispano-Américaine se terminait. Il ne prit aucune part dans les combats et fut utilisé comme cuirassé côtier et d’entraînement jusqu’en 1906 ou il devint un navire-école, ne quittant plus le port à partir de 1909. Il resta en service jusqu’au début des années 20 et fut démoli.
Rappel de l’année 1865
Quatre ans après le séjour de trois mois de George Sand à Tamaris.
Quinze ans avant que Michel Pacha ne crée la station estivale et hivernale de Tamaris .
La Seyne a déjà connu deux épidémies de choléra, en 1835 et en 1845. Il y en aura une quatrième en 1884. Celle de 1865 fut la plus dévastatrice. La ville compte alors 13 000 habitants dont 4 000 ouvriers qui travaillent aux chantiers. 500 morts (les 4/5 des personnes atteintes) sur une période de 4 mois, d’Août à Novembre. Nicolas Bernard CHAPUY rentier, écrivain, (né le 20-08-1826 mort le 21-09-1865), fils de Jean-François Chapuy boucher 18 rue du Marché à La Seyne qui eut de sa femme Françoise Durbec (née à Marseille dans une famille de bouchers) huit enfants dont le septième, Nicolas Bernard Chapuy (1826-1865). Celui-ci se distingua (avec Esprit Martel et François Durand) par son dévouement pendant la terrible épidémie de choléra de 1865.
Adjoint au maire de La Seyne pendant seulement quelques jours : à peine élu 2e adjoint le 5 septembre, il fut nommé à la commission hygiène le 8 septembre et mourut du choléra le 21 septembre 1865 à l’âge de 49 ans. Beaucoup de protagonistes de cet événement ont laissé le souvenir de leur dévouement, de leur courage et de leur charité (comme le rappelle l’inscription sur l’obélisque dressé en 1866 sur la place Bourradet qui fut transféré plus tard au cimetière de la ville), et ont donné leur nom à certaines de nos rues.
Le Dr Etienne Prat, ex-chirurgien de la Marine, médecin à La Seyne, conseiller municipal, attaché à l’ambulance des Cavaillons. (Thèse de 1866 : La Seyne & son épidémie cholérique en 1865) Esprit Martel maire François Durand 1er adjoint Nicolas Chapuy 2ème adjoint Clément Daniel (les docteurs Combal, Clément et Prosper Daniel attachés à l’Hospice, Martinenq ancien chirurgien de la Marine, Burcq et Mourgues « spécialiste distingué venant de Lyon » , sans oublier Joseph Marie Rousset qui continua son métier de boulanger pour subvenir aux besoins de la population alors que la plupart des commerçants avaient déserté la ville et qui mourut lui aussi du choléra le 30 septembre 1865…
Sources
• AUTRAN Marius. 1990. En passant par les rues de ma ville natale. Images de la vie seynoise d’antan, tome III, pp. 461-514. • AUTRAN Marius. 2002. Origine des quartiers et lieux-dits seynois. Images de la vie seynoise d’antan, tome VIII, pp. 105-137. • AUTRAN Marius. Vieilles pierres seynoises : marius. autran.pagesperso-orange.fr/oeuvres/tome2/vieilles_pierres.html • BAUDOIN Louis. 1965. Histoire générale de La Seyne sur Mer et de son port, depuis les origines jusqu’à la fin du XIXe siècle, 914p. • MERLE Toussaint. 1966. Souvenirs d’un petit Seynois. Conférence à la Société des Amis de La Seyne Ancienne et Moderne à propos de certaines rues seynoises. : rene-merle.com/article.php3? id_article=555] • RIBOT Henri (avec la collaboration d’Antoine PERETTI). 2009. Les noms de lieux de l’Ouest Varois – Dictionnaire toponymique et historique. Cahier du Patrimoine Ouest Varois N° 12. Editions du Foyer Pierre Singal et Centre Archéologique du Var. • Services Techniques de La Seyne-sur-Mer. Tableau de classement des voies communales, mise à jour de février 1984,21p. La Seyne – Informations – Histoire : http://cyril.castelbou.free.fr/la_sey… Histoire de La Seyne : Les Amis de La Seyne Ancienne et Moderne (Le filet du pêcheur) Ollioules & ses ramifications varoises : eaton.m.free.fr Armada de Chile : revistamarina.cl. Documents privés. L’Exposition Universelle de 1867 Illustrée. L’Illustration, journal universel 1863. worldfairs.info
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