Non, ce n’est pas grâce au dernier bornage des portables de ces milliers de soldats qui se sont entretués dans la nuit du 16 au 17 décembre 1792 au Fort Caire, mais par un autre système de triangulation n’utilisant pas les cartes SIM (fort peu répandues à l’époque d’après les historiens) que l’on peut localiser ce site…
C’est par la géodésie, cette science basée sur des méthodes trigonométriques et astronomiques, qui a permis le développement de la cartographie.
Géodésie
C’est grâce à Pierre Bégat (1800-1882) que l’on peut retrouver l’endroit exact où se dressait la fameuse chapelle des morts. Cet ingénieur-hydrographe de la Marine dans son « Exposé des opérations géodésiques relatives aux travaux hydrographiques exécutées de 1839 à 1842 » nous a transmis toutes les coordonnées des sites repérables sur les côtes méridionales de France.
Pierre Bégat
Concernant notre région, Pierre Bégat y a localisé notamment l’église actuelle « Notre Dame du bon voyage » (le clocher de la Seyne), Notre Dame du Mai (la chapelle du cap Sicié), le fort de Balaguier (la tour de Balaguier) ainsi que … la chapelle des morts.
Ici le seynois Marius François Auguste Infernet, (dont l’histoire est racontée par ailleurs) mécanicien principal de deuxième classe de la Marine, embarqué sur « l’Africain » bateau à vapeur, ponton-caserne au Sénégal, en 1888, qui pose fièrement devant un théodolite cet instrument d’optique mesurant des angles dans les deux plans horizontaux et verticaux, utilisé pour réaliser les mesures d’une triangulation (c’est-à-dire des angles d’un triangle).
Après quelques incursions infructueuses dans les méthodes de calcul du sieur Bégat j’ai du prendre la tangente et tenter de manière simpliste d’élaborer un système de conversion de toutes ces données afin de les transformer en coordonnées GPS.
Intuitivement donc, en réhaussant les longitudes d’une valeur unique de 2°20’14 », Google Maps retrouvait exactement les sites référencés en 1840. Je réalisais alors (on ne s’improvise pas géomètre) que ces calculs de latitudes et longitudes avaient été déterminées en fonction du méridien de Paris* et pas celui de Greenwich !
- « Le méridien de Paris est le méridien passant par le centre de l’Observatoire de Paris. Il est situé à 2°20’13,82″ à l’est de celui de Greenwich (conventionnellement, la valeur adoptée par l’IGN est de 2°20’14,025″). L’importance historique et scientifique du méridien de Paris est liée aux mesures d’arc de méridien qui lui correspondent : les mesures de la Méridienne de France. Ces mesures sont à l’origine du développement de la géodésie, ainsi que de la définition historique du mètre ».
- (source Wikipédia)
Ayant donc (re) découvert le méridien de Greenwich (!), Il m’a donc suffit d’augmenter la longitude par 2°20’14 pour convertir les coordonnées anciennes en données DMS actuelles, et en données DD. Google Maps a fait le reste…
Même calcul concernant la chapelle des morts qui se trouvait à l’emplacement actuel des ex-ateliers mécaniques.
A la suite de l’adjudication en séance publique dans la salle du conseil municipal, le terrain de La Chapelle des morts a été vendu à la Société anonyme des F&C le 6 septembre 1906, moyennant la somme de 20.100 francs (frais en sus).
http://www.laseyneen1900.fr/2021/05/08/la-vente-du-terrain-de-la-chapelle-des-morts/*
En septembre 1906 lors des travaux de creusement du sol en vue de l’agrandissement des ateliers, les ouvriers mirent à jour « une certaine quantité d’ossements humains » (sans autre précision) ce qui justifiait bien le nom que portait cet emplacement. Ces débris furent enfermés dans des caisses et transportés au cimetière pour y être de nouveau enfouis.
Voir l’article sur Henri Pétin :
http://www.laseyneen1900.fr/2020/11/22/henri-petin-1870-1911-en-1906/*
L’hypothèse la plus vraisemblable de la dénomination de cette chapelle (sans qu’aucune preuve ne vienne l’étayer) est celle d’un charnier datant du siège de Toulon en 1793 ( qui aura duré trois mois et demi) qui a opposé jusqu’à 32 000 français et 22 000 coalisés, causant respectivement 2000 morts côté français et 4 000 côté coalisés dont un grand nombre pour la seule bataille du Fort du Caire à La Seyne.
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