Michel Pacha capitaine au long cours ou capitaine au long nez ?
Les aventures de notre Tartarin local…
Seynoiserie ou Sanarynade ?
Pardon pour ce crime de lèse-majesté !
Mais la Grande Histoire ne retient pas l’épisode du petit moussaillon de St Nazaire (Sanary) devenu fourrier de 2ème classe lors de la campagne d’Algérie, qui eut le culot d’aller de nuit, à la nage, du bâtiment sur lequel il était embarqué (le Cerbère), planter le drapeau français sur le sommet de la grande mosquée de Djidjelli, ayant eu pour effet de faire croire aux indigènes (stupides et naïfs comme de bien entendu) que leur ville avait déjà été prise, entrainant leur fuite précipitamment et permettant aux soldats d’envahir le lieu pratiquement sans rencontrer la moindre résistance, ce qui signa l’ascension du petit Marius…
Sacré Marius !
Sans vouloir faire offense à sa mémoire, cet acte de bravoure du petit Marius, déterminant dans la prise de Djidjelli n’a curieusement pas été récompensé par une quelconque citation…
D’ailleurs aucun autre document officiel ne le relate, y compris dans l’histoire de la campagne d’Alger consignée par le Commandant Salles, commandant de l’expédition de Djidjelli, chef d’escadron, écrivant au Maréchal Valée, Gouverneur général des possessions françaises dans le nord de l’Afrique :
« Je demandai alors au bateau à vapeur le « Cerbère » de s’embosser en avant du fort Duquesne. A une heure, il prit position et commença son feu ; de mon côté, je fis tirer les obusiers et l’infanterie sur tous les groupes qui se trouvaient à notre portée. Après quelques instants d’hésitation, l’ennemi commença son mouvement rétrograde ; il évacua rapidement toutes les positions qu’il occupait depuis le matin ; à trois heures, nous n’apercevions plus personne devant nous.
Je dois les plus grands éloges au courage et à l’aplomb des troupes. Tout le monde a fait son devoir et, quelque étendue que fût notre ligne, quelque peu avancés que fussent nos travaux, je n’ai pas eu un moment d’inquiétude ».
…à part des écrits bien postérieurs à cette période dont « Les feux du Levant par Nathalie Couilloud » (Cet acte de bravoure lui vaut une citation et le grade de fourrier de 1ère classe à tout juste vingt ans) ou le roman « L’homme des phares » de Yves Stalloni qui fait probablement référence aux dires de M. Peronet dont les grands-parents ont vécu dans l’intimité des Michel-Pacha en tant que leurs serviteurs dévoués et bien sûr tout disposés à croire les récits du patron (Antoine le grand-père maitre d’hôtel et Catherine Bardy sa grand-mère femme de chambre).
Seul Le Moniteur Universel du 27 Mai 1839 (n°147) relate qu’un maitre du Cerbère est monté de jour, le 13 au matin, planter le pavillon tricolore sur une mosquée, la bataille contre les Kabaïles pour la prise de Djidjelli ayant duré toute la journée… Cette bataille fut rude (« Toute la journée nous avons tiraillé et canonné »), il y eut des morts des deux côtés, la résistance kabyle fut farouche, « des combats de géants » se déroulèrent dans toute la région de Djidjelli pendant plusieurs jours, face à ces guerriers « les plus braves de toute l’Afrique ». Le débarquement qui est relaté officiellement dans les détails eut lieu le matin du 13 où, « les chaloupes s’étant ensablées, le capitaine de SAINT ARNAUD se jeta à la nage à la tête de sa compagnie et « prit possession de la ville sans éprouver de résistance sérieuse », plus exactement réussit à atteindre le rivage de la pointe de la presqu’île où un drapeau fut alors planté sur la tour carrée des anciennes fortifications. Armand Jacques Achille Leroy de Saint-Arnaud, c’est lui qui a mouillé sa chemise en l’occurence son uniforme de capitaine de la Légion étrangère en se jetant à l’eau à l’avant de sa compagnie pour atteindre la côte, leurs barques de débarquement s’étant ensablées…Le petit Marius était peut-être d’ailleurs sous ses ordres, ou plutôt faisant partie d’un détachement de marins du Cerbère venus renforcer le bataillon de légionnaires, dirigés par l’enseigne de vaisseau Béchamel qui faisait office de lieutenant du paquebot, lui même blessé au ventre.
Leroy de Saint-Arnaud sera promu chef de bataillon sur la proposition du maréchal Vallée, jusqu’à sa nomination de général de division en 1851.
Le brave petit fourrier qui se porte volontaire et s’enroule du drapeau tricolore et plonge dans l’eau « glacée » (On est en Mai sur une côte méditerranéenne), de nuit, pour aller de son navire au rivage ennemi puis aller planter son drapeau sur un minaret, c’était une seynoiserie, voire une sanarynade…
Saint-Arnaud, c’est lui qui mouille sa chemise de capitaine de la Légion étrangère en se jetant à l’eau à l’avant de sa compagnie pour atteindre la côte de Djidjelli, les barques de débarquement du Cerbère s’étant ensablées…
« Les barques de débarquement ont touché et sont restées engravées sous le feu de la place. Ennuyé de cette ridicule position, je me suis jeté à la nage avec ma compagnie , nous avons marché quelques toises dans l’eau, et avons pris possession de la ville ».
(Lettres du maréchal de St-Arnaud, Djidjelli (1839)
Armand Jacques Leroy de Saint-Arnaud, un grand militaire, un de ceux qu’on critique en temps de paix et qu’on vénère pendant les guerres, Maréchal de France, Grand écuyer de France, avec de nombreuses autres distinctions dont l’ Ordre du Médjidié de 1re classe de Turquie (comme Michel Pacha d’ailleurs, lui même grand cordon de l’ordre du Médjidié en 1895 puis grand cordon de l’ordre de l’Osmanié en 1899) remporte brillamment la Bataille de l’Alma, le 20 septembre 1854, mais, septembre noir pour lui car miné depuis longtemps par une péricardite, il contracte également le choléra et le 26 septembre il remet le commandement à Canrobert.
Le 29 septembre 1854, il embarque à bord du Berthollet à dix heures du matin, afin de voguer vers Constantinople où il espère retrouver sa seconde épouse mais il meurt le même jour à quinze heures. Napoléon III le fit inhumer aux Invalides.
Connu pour sa bravoure, d’aucuns diraient « une tête brûlée », il est resté célèbre pour cette exhortation lancée à ses soldats derrière lui : « Ce n’est rien, c’est de la mitraille, en avant ! »
Sacré Marius : suite et fin des aventures de notre don Quichotte local…
Michel Pacha capitaine au long cours ou capitaine au long nez ?
Seynoiserie ou Sanarynade ?
La réponse se trouve ici : http://www.laseyneen1900.fr/2020/07/30/sacre-marius-suite-et-fin/* 2/2
Marius, si tu m’entends, rend à César ce qui appartient à César !
Sources bibliographiques :
Thierry Crusiaux Le fil d’Ariane
Michel Pacha Les feux du Levant par Nathalie Couilloud
https://fr.wikipedia.org/…/Armand_Jacques_Leroy_de_Saint-Arnaud
Lettres du maréchal de St-Arnaud, Djidjelli (1839).
https://elaouana.com/1839.html
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k204856z/f4.item
Journal des débats politiques et littéraires du 27 Mai 1839
Lettres du Maréchal de SAINT-ARNAUD tome premier par M. Sainte-Beuve
Correspondance du maréchal Valée, T.III, P.83.
« Gigelly, le 14 mai 1839: Extrait du rapport du chef d’escadron De Salles »
http://www.tv83.info/2018/11/29/parle-moi-de-djidjelli/ par Dominique Marcoux
https://www.jijel.info/…/173-l-occupation-de-djidjelli-en-1…
La Ville de DJIDJELLI devenue JIJEL à l’indépendance …
NotreJournalnotrejournal.info/IMG/pdf/info_248.pdf
Histoire de Djidjelli par A. Retout 1927 source Gallica.bnf.fr
Gigelly, le 14 mai 1839: Extrait du rapport du chef d’escadron De Salles | Histoire de Jijel |تاريخ جيجل ، كتامة
Conférence de M. Gustave Peronet 13 02 1984
Histoire de la Ville de Sanary-sur-Mer » Biographie de Michel Pacha par Marius Autran
Thèse de Nathalie Bertrand sur Michel Pacha 1990-2000
Marius Michel Pacha par Jean-Pierre Renau 2006
L’homme des phares de Yves Stalloni 2017
Campagne d’Afrique en 1830, par M. Fernel, chef de bataillon attaché à l’état-major général de l’armée, page 36, Paris, 1831
Petites histoires de la côte de Renaud Duménil
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