Depuis février 1839 l’ancien couvent* est transformé en maison de retraite pour vieux ecclésiastiques; quelques prêtres en bénéficient, parfois jusqu’à une vingtaine de pensionnaires, de diocèses différents…
En 1843 arrive alors Mgr Guillaume Douarre. Ce missionnaire de la Société de Marie et évêque d’Amata-en-Palestine, arrive à Toulon accompagné de six Pères et quatre Frères coadjuteurs de la même Société pour prendre passage sur une flottille de l’Etat qui doit faire voile pour les Marquises… A son arrivée il est reçu à l’hôpital général de la Marine. Les Pères et les Frères demandent asile à la maison de retraite de la Seyne où ils vivent avec les prêtres qui s’y trouvent. Le gouvernement a concédé le passage gratuit sur deux de ses navires en partance pour l’Océanie à Mgr Douarre accompagné de ces quelques missionnaires maristes.
La légende dorée de Sainte Marie dit que
« Leur séjour se prolongeait dans l’attente de vents favorables et chaque matin pendant neuf jours, selon le père Reboul, un des zélés missionnaires maristes, accompagné d’un frère coadjuteur, montait à pied et à jeun à la « Bonne Mère » dire la messe afin d’obtenir du ciel le prompt départ qu’ils désiraient tous. »
(En réalité le Capitaine de Vaisseau Bruat, nommé Gouverneur des établissements français d’Océanie attendait pour embarquer que Paris ait ratifié le traité imposé par du Petit-Thouars à la reine Pomaré de Tahiti).
Le zèle et le dévouement de ces prêtres depuis leur arrivée le 14 mars leur attira une telle sympathie que le 3 mai 1843, lorsque Mgr Douarre et ses compagnons s’embarquèrent à bord de la frégate « Uranie », une foule immense, évaluée à prés de trois mille personnes, couvrait les quais.
Eux partis, on pouvait penser que le rôle des Maristes à La Seyne et Toulon était terminé.
Il n’en sera rien !

Aux archives
Présentation de l’établissement
« L’institution d’enseignement Ste Marie* gérée par les révérends pères Maristes dont la réputation est solidement établie dans toute la France et à l’étranger est fondée en 1849 à l’endroit de l’ancien couvent des capucins*.

On dénombre neuf élèves le premier jour dont les trois internes dont l’Histoire a retenu les noms (Hyacinthe Beaussier*, Joseph Clappier et Auguste Lasserre), mais rapidement plusieurs dizaines d’enfants vinrent grossir les rangs.
01 mars 1849 : les deux premiers pensionnaires de Ste Marie*, Hyacinthe André Gustave Beaussier et Joseph Revertégat dorment dans la vieille bâtisse le soir même, Auguste Lasserre les rejoindra comme interne et ensuite comme externes Victor Argentery, Joseph Clappier, Hyacinthe Agarrat, Sébastien Sénès, Edouard Daniel*, Jean Martinenq et Jules de Lisa. Ils appartiennent tous à des familles de notables locaux.
Victor est le fils de Joseph A., un négociant seynois constructeur de bateaux, Edouard Daniel est le fils de Joseph Vincent Daniel sous commissaire de marine 5 rue Regonfle, Joseph Clappier est le fils d’un haut magistrat, Victor Clappier, ancien député du Var, Jules de Lisa, fils de Charles (45 rue Royale à Toulon) le sous- préfet, Martinenq et Daniel sont issus des plus anciennes familles de la ville.
Mais d’autres Daniel sont parmi les élèves de la première heure :
La rentrée 1849/1850
À la rentrée 1849 : En classe de 8ème 1er cours : 9 élèves dont Prosper Daniel*, 2ème cours 12 dont un Jules Daniel et un Ferry, 21 en 3ème cours dont un Albert Daniel, un Emile D. t un Ernest D., un Abran et un Pélegrin.
En 7ème 9 élèves au 1er cours dont Edouard Daniel* et 16 élèves au 2ème cours dont Hyacinthe Beaussier*, Emile Nègre* futur associé de Paulin Gros, et en 5ème 12 élèves dont Charles Daniel*, futur chanoine et nonce apostolique.
Octobre 1849 : 65 internes sont déjà inscrits ! 85 élèves répartis sur 6 classes. Ils seront 120 en 1850.
Le père Millot entame la construction d’un bâtiment sur ce terrain (qui appartient toujours à l’évêque du diocèse) comportant 9 fenêtres en façade et 2 étages, qui sera opérationnel en 1851.
C’est au cours de l’année scolaire 1852-53 que la Société de Marie fit l’acquisition définitive de l’ancien couvent des Capucins, de sa chapelle et des dépendances (communs et jardins) pour la somme de 25 000 frs.
En 1852, on compte 15 Pères pour 115 élèves (idem en 53 et 54).
En 1854 l’enseignement secondaire est complété par un cours préparatoire à l’école navale puis en 1869 à l’école de Saint-Cyr. Établissement privé sous contrat avec l’État depuis 1961 les Maristes forment aujourd’hui en internat et en externat près de 1000 élèves du collège au baccalauréat.
15 mars 1856 : Pose de la première pierre de l’édifice qui prolonge le bâtiment principal à l’est. On recense 9 professeurs et 98 élèves de 9 à 18 ans, dont Hyacinthe Agarra 15 ans, Hyacinthe Beaussier 16 ans, Edouard Daniel 16 ans, Jules de Lisa 15 ans, Ernest de Missiessy 18 ans, Emile Nègre 17 ans, Marius Nègre 17 ans, Joseph Revertégat 17 ans (dont le père Auguste est perruquier 20 rue de la paroisse), etc…
1858 : un bâtiment prolonge à l’ouest celui du Père Millot dont il englobe le tiers.
À la rentrée scolaire de 1858 les 150 pensionnaires inscrits inaugurèrent le nouveau collège constitué du monumental édifice actuel constitué de 2 étages et 21 fenêtres en façade avec son corridor de 100 m de long, dans le prolongement du bâtiment antérieurement construit par le Père Millot en 1850 et devenu rapidement insuffisant.
En 1860 le R.P Denis acheta la propriété de Ferry* par delà le chemin de Beaussier qui fut décalé à la limite orientale de la terre Ferry (l’actuelle rue Émile Combes). Sur cet agrandissement furent construits les bains, le lavoir, les écuries et plus tard la maison des religieuses affectées* au service du Collège.

L’institution Sainte-Marie est bâtie sur le modèle des lycées napoléoniens : longue façade ordonnée, bossage en soubassement, pilastres doriques, frises et fronton, porte d’entrée monumentalisée.
La chapelle* de l’établissement fut construite de 1862 à 1864 selon les plans de l’architecte Barbier. Elle est de style néo gothique avec des orgues* remarquables (de François Mader) et peut accueillir plus de 500 personnes ».

Chemin de la mémoire, centre historique La Seyne sur mer.



AVIS au public
On s’empresse de prévenir les fidèles de ce diocèse que ce petit séminaire établi à La Seyne près Toulon va ouvrir le 1er octobre prochain par ordre de Monseigneur l’archevêque d’Aix et d’Arles et avec l’autorisation de sa majesté impériale et royale.
La beauté du site où se trouve placée cette maison, la salubrité de l’air qu’on y respire, la douceur du climat, la bonté et l’abondance des eaux, les jardins spacieux qui l’entourent en faisaient autre fois la plus agréable de toutes les retraites religieuses et la rendent encore aujourd’hui le local le plus favorable pour l’éducation de la jeunesse.

Les élèves y trouveront des maîtres en état de former leur esprit et leur cœur, et de leur donner toutes les instructions convenables aux jeunes lévites. Le premier et le principal objet de l’éducation qu’on leur donnera, sera la connaissance et l’amour de la religion. On n’y joindra l’étude des langues latine et française, des belles-lettres, de la géographie, de l’histoire sacrée et profane, et enfin un cours de philosophie et d’arithmétique raisonnée .

La façade extérieure de l’établissement
Sur les premières années du Collège le père de Sentenac écrivait ceci :
« Le Collège est strictement un internat* composé de divisions groupant les élèves de même classe et de même âge qu’animent deux jeunes Pères. La division est autonome avec son étude, son réfectoire, son dortoir et sa cour de récréation, lieu des jeux collectifs obligatoires et en général violents.
La discipline est stricte et même rude : levée à 5h30, sorties rares et méritées, promenades en rang, table frugale. L’uniforme avec ses boutons dorés, le revers de la veste et la casquette avec ancre marine témoignent d’un esprit de corps ».

En 1896 le recensement fait état de 34 professeurs…
Nb : Sur ce premier diaporama dédié à l’ISM sont présentées quelques vues de l’ancien externat St Joseph (bd du Quatre-Septembre à l’emplacement du Quadrige actuel) et de l’école Grimaud, c.à.d l’école Ste Thérèse* de notre rue d’Alsace (ex rue de l’Évêché ex rue de la Congrégation, puis rue de la Miséricorde, puis rue d’Alsace)
Sur ce deuxième diaporama : Un tour d’horizon de l’établissement, il y a un siècle, comme si vous y étiez…
Aparté : Dans la nuit du 6 au 7 décembre 1851, après le coup d’état du 2 décembre 1851 de Napoléon III, des manifestants s’introduisent dans le collège des Maristes pour le saccager. Le Père Supérieur Pierre-Julien Eymard (qui sera béatifié en 1925 puis canonisé en 1962) fait lever tous les internes et organise aussitôt une procession chantée avec flambeaux dans l’enceinte du collège. Médusés, les émeutiers se retirent sans toucher au collège…(selon Gérard Delattre et Pierre Saliceti 2002, Louis Baudoin 1965, Henri Ribot éphémérides)
Nb : la réalité décrite par les protagonistes diffère un tant soit peu de la légende, voir ici « Haro sur le collège »*.
Sources
Archives ISM
Archives laseyneen1900
Les 143 ans du collège de La Seyne sous direction mariste : J. de Sentenac 1991