Notre Dame de Bonne Garde hier
Aujourd’hui
Cette plaque au pied de la tour de garde reproduit le texte du document officiel qui atteste de la présence en 1352 d’un feu de garde ou « farot » destiné à prévenir les habitants de la région de la présence de navires susceptibles de menacer la côte des incursions de pirates ou barbaresques. Le nombre de feux allumés indiquait le nombre de navires en vue. La tour fut construite en 1589 et une cabane destinée à protéger les gardiens est alors accolée à la tour.

Au mois de mai de l’an 1625, une belle journée ensoleillée fut soudain troublée par l’accumulation de nuées épaisses suivie d’un orage d’une violence exceptionnelle. Au milieu de cette tourmente, exposée aux quatre vents, la tour des guetteurs sembla bien fragile, surtout quand la foudre la frappa de plein fouet. Le refuge s’enflamma immédiatement, mais les guetteurs s’en sortirent indemnes. Ils s’enfuirent, affolés sous la pluie diluvienne, mais se convainquirent que seul un miracle leur avait permis d’en réchapper.


Ces veilleurs appartenaient à l’ordre des Pénitents Gris appelés aussi Frères Bourras, car ils portaient une longue robe de bure grise pour suivre les offices.
La population fut rassemblée par le prieur pour l’informer que la Vierge Marie, seule capable de réaliser un tel miracle, devait être remerciée.
Il fut alors décidé de se rendre sur les lieux mêmes et d’y planter une croix que les Pénitents Gris se proposèrent de porter sur leur dos, pieds nus par les chemins rocailleux.
On estima ensuite ce témoignage de reconnaissance insuffisant et on pensa qu’il fallait édifier un véritable sanctuaire.

Images de la vie seynoise d’antan – Tome I (1987) : Sicié*


Les veilleurs de Sicié, érigèrent, sur la montagne, en présence des consuls, du clergé, des confréries et de tout un peuple, une grande croix de bois, témoignage de reconnaissance de Six- Fours. 
Quelques années plus tard, avec les offrandes recueillies à cet effet et avec le concours de la communauté de Six- Fours, ils firent bâtir une petite chapelle, monument plus durable, qui fut placée sous le vocable de Notre-Dame-de- Bonne-Garde. Ce premier édifice (entièrement situé en territoire six- fournais) fut considérablement agrandi vers 1633 par les soins de la même association des Pénitents gris.


C’est le sanctuaire que nous voyons encore aujourd’hui, celui de la Vierge protectrice des marins, des navigateurs, des terriens et de tous ceux qui lui confient leurs peines et leurs espoirs, la grande médiatrice auprès de Dieu. Depuis la création du sanctuaire de Notre-Dame-de-Bonne-Garde, au début du XVIIe siècle, de nombreux pèlerinages ont donc eu lieu, plus particulièrement durant le mois de mai (le mois de Marie, pour l’Église catholique). Les pèlerins allaient pieusement implorer la Bonne Mère, assaillis qu’ils étaient par les soucis et les dangers permanents. A ces époques, les épidémies de peste, de choléra, de variole, les disettes, les violences, les pillages, causaient dans la population de terribles ravages. 

Images de la vie seynoise d’antan – Tome I (1987) : Sicié*

En 1658, Florin Périer, beau-frère de Blaise Pascal, de passage dans la région avec comme motif de refaire ses expériences sur la pesanteur au sommet de Notre-Dame de Bonne Garde écrit ceci :

« J’ai gravi, en la fête de l’Exaltation de la Très Sainte Croix de Notre Seigneur, une montagne escarpée, haute de 240 toises; où la piété des habitants a érigé une chapelle dédiée à la Mère de Dieu. Les hommes de ce pays sont très pieux, et ils font ce pèlerinage nu-pieds, en signe de pénitence et pour remercier la Vierge très puissante de sa miraculeuse protection un soir d’orage. Vous auriez aimé prendre part à cette cérémonie empreinte de ferveur« …

Le tableau de 1865 dans la Chapelle (Le peintre : François Etienne Victor Clinchamp 1797-1880,
professeur d’art dans les écoles de la Marine à Toulon sous la Restauration – 1814-1824, aussi présent à la Chapelle Saint-Louis Saint-Mandrier, à la Cathédrale Notre-Dame-de-Seds Toulon, à Notre Dame de Bonne Garde La Seyne-sur-Mer) représente
« un départ de pèlerinage pour demander la protection à Notre Dame lors des ravages du choléra dans notre région au siècle dernier. Au dernier plan de cette peinture à l’huile est peut-être représentée N.-D. du Mai, sur les pentes de la colline un cortège de pénitents s’apprête. Au pied d’un portique« antique » un médecin reçoit les suppliques des patients. Près de lui est posé un cercueil. A droite, en bas du tableau, traité dans le style néo-classique de l’époque, un prêtre assiste un agonisant dans ses derniers moments. »
(Source Marc Quiviger 1983)
Ici intérieur de La Chapelle de Notre dame du Mai avec les quatre grandes toiles du choeur dont la Visitation de Marie (deuxième tableau à gauche, peint par Dieudonné Jacobs en 1937, inspiré de Mariono Albertinelli 1503 Galerie des Offices, Florence).
Dieudonné Jacobs (1887-1967) est un peintre impressionniste liégeois qui a partagé sa vie d’artiste entre l’Ardenne belge et la Côte d’Azur et plus spécialement entre Spa et La Garde(Toulon). c’est à la demande du curé le père Ronco qu’il exécuta ces quatre tableaux.
La Visitation de Marie par Dieudonné Jacobs
La fuite en Egypte de Dieudonné Jacobs
L’ Annonciation de Dieudonné Jacobs
La Nativité par Dieudonné Jacobs

Certaines confréries connaissent un élargissement des activités funéraires. ainsi celle de Six-Fours qui se consacre à l’ensevelissement des condamnés à mort mais aussi de «tous les pauvres et pauvresses qui mourront dans l’hôpital ou dehors, (de) tous les naufragés dans les ports et sur les côtés des mers de Six-Fours ».
Les Pénitents Gris ou « frères Bourras » allant à la Chapelle du Cap Sicié, en pélerinage de nuit, passaient par cet endroit vêtus d’une cagoule et munis d’une lanterne qui éclairait leur visage seulement, faisant penser à un défilé de masques… ». On imagine bien le spectacle lugubre et effrayant des ombres de la nuit accomplissant leurs inhumations notamment en période d’épidémie…

Images de la vie seynoise d’antan – Tome I (1987) : Sicié*

voir la représentation du tableau de Dominique Antoine Magaud le peintre marseillais.

La chapelle

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On y dénombre environ 650 plaques de marbre…

Ex-voto

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Le pélerinage à Notre-Dame du mai*

Sur 900 ex-voto, 75 sont des tableaux, plus exactement des tableautins, qui représentent un évènement précis, témoignage historique sur l’habitat, les moyens de transport, l’habillement, etc…

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1843 : La prière à la Bonne Mère pour partir évangéliser l’Océanie…

Depuis février 1839 l’ancien couvent est transformé en maison de retraite pour vieux ecclésiastiques; quelques prêtres en bénéficient, parfois jusqu’à une vingtaine de pensionnaires, de diocèses différents…

En 1843 arrive alors Mgr Guillaume Douarre. Ce missionnaire de la Société de Marie et évêque d’Amata-en-Palestine, arrive à Toulon accompagné de six Pères et quatre Frères coadjuteurs de la même Société pour prendre passage sur une flottille de l’Etat qui doit faire voile pour les Marquises… A son arrivée il est reçu à l’hôpital général de la Marine. Les Pères et les Frères demandent asile à la maison de retraite de la Seyne où ils vivent avec les prêtres qui s’y trouvent. Le gouvernement a concédé le passage gratuit sur deux de ses navires en partance pour l’Océanie à Mgr Douarre accompagné de ces quelques missionnaires maristes. 

La légende dorée de Sainte Marie dit que 

« Leur séjour se prolongeait dans l’attente de vents favorables et chaque matin pendant neuf jours, selon le père Reboul, un des zélés missionnaires maristes, accompagné d’un frère coadjuteur, montait à pied et à jeun à la « Bonne Mère » dire la messe afin d’obtenir du ciel le prompt départ qu’ils désiraient tous. » 

(En réalité le Capitaine de Vaisseau Bruat, nommé Gouverneur des établissements français d’Océanie attendait pour embarquer que Paris ait ratifié le traité imposé par du Petit-Thouars à la reine Pomaré de Tahiti).

Le zèle et le dévouement de ces prêtres depuis leur arrivée le 14 mars leur attira une telle sympathie que le 3 mai 1843, lorsque Mgr Douarre et ses compagnons s’embarquèrent à bord de la frégate « Uranie », une foule immense, évaluée à prés de trois mille personnes, couvrait les quais.

Eux partis, on pouvait penser que le rôle des Maristes à La Seyne et Toulon était terminé. 

Il n’en sera rien…

Sources

Images de la vie seynoise d’antan – Tome I (1987) : Sicié*

CPA Delcampe

Photos coll. privée

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