
La Philharmonique La Seynoise, fondée en 1840 à La Seyne-sur-Mer dans le Var, est une institution musicale d’exception, reconnue comme la plus ancienne association de cette ville et l’une des trois plus anciennes sociétés philharmoniques de France. Son histoire, riche de plus de 180 ans, témoigne d’une passion continue pour la musique et d’un engagement profond envers la culture locale.
Origines et fondation
La Seynoise voit le jour sous l’impulsion de Marius Gaudemard, un Seynois visionnaire qui, en 1840, décide de créer une philharmonique pour offrir à la population un accès à l’art musical. À une époque où l’instruction générale et la diffusion de la culture artistique étaient limitées, cette initiative est audacieuse. Gaudemard, figure centrale des débuts, cumule les rôles de président, directeur administratif et chef d’orchestre, structurant peu à peu l’association avec l’aide de collaborateurs dévoués. Dès ses premières années, la philharmonique s’impose comme un vecteur de joie et de cohésion sociale, animant les fêtes locales et jouant des airs patriotiques comme La Marseillaise lors des cérémonies officielles.

« Toutes les sociétés de musique se sont montées avec des musiciens amateurs. A La Seyne, ce furent les ltaliens et chaque musicien enseignait son art ». (Jean Arèse)
Développement et rayonnement
Au fil des décennies, La Seynoise gagne en renommée. En 1886, sous la municipalité de Saturnin Fabre, elle reçoit une subvention de 200 francs, un soutien qui marque une reconnaissance officielle et lui permet d’amplifier ses activités. L’arrivée de Marius Silvy à la direction musicale la même année propulse l’association vers de nouveaux sommets. Pendant 33 ans, ce chef talentueux et charismatique dirige l’orchestre avec une énergie communicative, remportant des distinctions, comme une médaille lors d’un concours à Toulon. Sous sa houlette, La Seynoise devient une formation solide, attirant un public enthousiaste des quatre coins de la ville.

Le répertoire initial, centré sur les instruments à vent typiques des philharmoniques, s’enrichit progressivement. Des œuvres classiques comme L’Arlésienne ou Faust côtoient des compositions locales et, plus tard, des pièces contemporaines et étrangères, reflétant une volonté d’ouverture et d’innovation.
Défis et résilience
L’histoire de La Seynoise n’est pas exempte de difficultés. Guerres, crises économiques et bouleversements sociaux menacent à plusieurs reprises sa survie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, par exemple, les activités sont perturbées, et le centenaire prévu en 1940 est repoussé à 1946. Sous la présidence de Ferdinand Aubert, la célébration de ce centenaire, bien que marquée par les pénuries d’après-guerre, reste un moment fort, symbolisant la résilience de l’association. Malgré ces obstacles, des figures comme Marius Aillaud (président dans les années 1920-1930) ou Alex Peiré un instituteur Seynois, Conseiller municipal (années 1960) jouent un rôle clé pour maintenir l’élan, renforçant les liens avec la municipalité et mobilisant les musiciens.

Évolution et modernité
Au XXe siècle, La Seynoise s’adapte aux évolutions musicales et sociétales. Dans les années 1970, sous la direction de Jean Arèse* (1936-2025) chef de musique et directeur de l’école municipale de musique, l’orchestre élargit son répertoire en intégrant des instruments à cordes et des compositeurs modernes (Purcell, Trenet, Bécaud). Cette diversification attire un public varié et met en lumière de jeunes talents locaux issus de l’école municipale, tels que Michel Fiol ou Serge Féral, qui poursuivront des carrières remarquables.

Aujourd’hui, forte d’une cinquantaine de musiciens, La Seynoise continue de rayonner avec un répertoire éclectique : musique classique, variété populaire, musiques de films et créations contemporaines. Elle propose chaque année entre 40 et 50 concerts, souvent en collaboration avec des ensembles comme l’Orchestre de chambre ou l’Ensemble opérette, et participe activement aux événements patriotiques et humanitaires de la région.
Héritage et avenir
Installée depuis 1922 dans son siège de la rue Gounod, qui sert à la fois de salle de répétition et de lieu de spectacle, La Seynoise est un pilier de la vie culturelle seynoise. Son histoire, retracée dans l’ouvrage 170 ans de passion musicale de Marius et Jean-Claude Autran (2010), illustre une aventure collective portée par des générations de musiciens et de présidents dévoués. En 2025, alors qu’elle approche de son 185e anniversaire, elle reste fidèle à sa mission originelle : diffuser la musique pour tous, tout en se tournant vers l’avenir avec des projets comme le recrutement de nouveaux talents et l’exploration de nouveaux styles.
La Philharmonique La Seynoise incarne ainsi une histoire exemplaire de persévérance, d’amitié et d’amour de l’art, un patrimoine vivant qui continue d’enchanter La Seyne-sur-Mer et au-delà.
La Pastorale (ou le mystère de Notre Seigneur Jésus Christ) de Antoine Maurel ici en 1902




La Pastorale dans la Presse locale
Paroles de A. Gilardi et Musique de F. Taliani
La villa Do Mi Si La Do Ré





Au quinconce

Voir Le Kiosque à musique de la place Ledru-Rollin*
Est-ce au Café Hôtel Restaurant Gaudemard, que les premières répétitions de la Philharmonique Seynoise eurent lieu dès 1841 ? Discussion avec Jean-Claude Autran :

C’est ici que les premières répétitions de la Philharmonique Seynoise et de l’Orphéon, deux sociétés musicales populaires, la première instrumentale et l’autre de chant choral, créées toutes les deux par Marius Gaudemard l’Hôtelier limonadier eurent lieu dès 1841…
—Jean-Claude Autran Magnifique image. Mais j’ignorais que les premières répétitions de La Seynoise avaient eu lieu ici. C’est plausible car il y avait une grande salle au 1er étage où La Seynoise a tenu des réunions ou des banquets dans les années 1890. Mais j’aimerais bien connaître votre source car à partir des archives de La Seynoise il a toujours été dit que Marius Gaudemard tenait dès le début, dans les années 1840, ses répétitions rue des Aires, salle dite Coupiny. Ce lieu avait été choisi parce que situé l’extérieur de l’agglomération de l’époque. On était sous la monarchie de Louis Philippe et la droit d’association n’étant pas reconnu, seulement toléré, les 20+20 musiciens et choristes essayaient de rester discrets. La salle Coupiny a été utilisée pour les répétitions jusqu’à la fin du XIXe siècle. C’est, je crois, le 11 août 1899 que La Seynoise va quitter la salle Coupiny pour la salle Magnaud, qui était louée, avenue Gambetta. Ils y resteront 20 ans, jusqu’à ce que le propriétaire ayant tellement augmenté le loyer, La Seynoise dut partir. De 1919 à 1922, ils répèteront au Cercle des Travailleurs, place Ledru-Rollin, jusqu’à ce que les 2 associations se brouillent. Apparut alors la nécessité pour La Seynoise d’avoir sa propre salle. Salle qui va être construite entre avril et octobre 1922, rue Gounod (La Seynoise est pratiquement la seule association seynoise à être propriétaire de son local), salle qui portera le nom de salle Aillaud, et qu’on est en train de rénover en vue de fêter son centenaire en 2022…
—La Seyne en 1900 : Jean-Claude Autran Merci de me donner l’occasion de relire attentivement le texte intégral du chapitre premier de l’Histoire de la Philharmonique La Seynoise http://jcautran.free.fr/oeuvres/seynoise/chapitre_1.html de Marius Autran, « LA référence » bien sûr, qui relève l’incertitude concernant la date de la fondation de la Société Philharmonique (1831 ?,1838 ? 1842 sur le médaillon ?…) par Marius Gaudemard le père de La Seynoise.
On peut aisément comprendre qu’aucune publicité ne fut faite concernant les réunions musicales des dix premières années de quasi clandestinité de ce groupement à caractère artistique constitué en 1830 selon Louis Baudoin…
C’est Mme Evelyne Maushart qu’il faut citer ici : « La Seynoise accueillait ses membres dans la salle de concert du limonadier Gaudemard, puis s’installa en 1884 chez Magnaud aux Esplageolles, puis au quartier des Aires après la Grande Guerre. Mais la municipalité accepta alors de prêter le sous-sol de l’école laïque Martini à toutes sociétés populaires, qu’elles soient musicales ou sportives. La cohabitation n’était pas toujours facile et entraînait quelques fois des discordes. Les répétitions avaient lieu le soir, après les dix heures de travail quotidien, deux à trois fois par semaine, entre 19 et 21 heures. »
Sources :
-Regards sur l’histoire de La Seyne-sur-Mer n° 6 comptes rendus du colloque du 5 novembre 2005
https://www.histpat-laseyne.net/wa_files/Regard_2006.pdf
-Evelyne Maushart, La sociabilité musicale à Toulon au début de la Ille République (1870- 1881), Bulletin de la Société des Amis du Vieux Toulon et de sa Région, n° 1 27, 2005, pp. 243 à 308.
Revenons sur l’Histoire de la Philharmonique La Seynoise où il est écrit qu’en 1919 La Seynoise fut hébergée au Cercle des Travailleurs, place Ledru-Rollin dans la grande salle du premier étage (des souvenirs de parties de ping-pong en ce qui me concerne quelques années plus tard), puis en 1922 un terrain fut acquis dans la rue Gounod et une salle construite à l’emplacement actuel, pas très loin de l’ancienne salle Coupiny. (Les fameux hoirs Coupiny qui englobaient probablement la fabrique de tuiles et de briques dirigée par M. Coupiny dans la rue de L’Hôpital, actuellement Clément Daniel, presqu’en face du moulin à huile de M. Paulin-Gros).
Qu’en pensez-vous ?

—Jean-Claude Autran Merci pour votre réponse détaillée et pour citer vos sources. Effectivement, les dates que vous mentionnez sont bien celles qui figurent dans la conférence d’Evelyne Maushart (à laquelle j’assistai d’ailleurs) lors du colloque HPS de 2005. Je connais bien Mme Maushart qui est une excellente historienne, mais sans doute n’avait-elle pas eu accès à l’époque aux archives originales de La Seynoise, qui n’ont d’ailleurs été remises au jour que lors du 170e anniversaire de la Philharmonique, en 2010, et que j’ai actuellement sous la main, notamment une série de 6 cahiers manuscrits qui contiennent tous les procès-verbaux des conseils d’administration de 1889 à 1957. Naturellement, je n’ai pas pris le temps de relire ces centaines et centaines de pages, mais, le peu que j’ai feuilleté depuis ce matin me permet de maintenir ma chronologie, à savoir que la salle de répétitions de La Seynoise, se trouvait au quartier des Aires (voir le procès-verbal de l’A.G. du 8 avril 1891) : « … dans la salle de répétitions sise au quartier des Aires ». Y étaient-ils dès les années 1840 ou un peu plus tard, après une période où ils auraient répété au café Gaudemard ? A cette question, je ne sais pas répondre aujourd’hui. Mais il est certain que La Seynoise dut ensuite quitter ce local du quartier des Aires en 1899 pour répéter dans la salle Magnaud (voir le procès-verbal du C.A. du 21 juin 1899 où le Président « propose la location de la salle Magnaud sise avenue Gambetta » [l’immeuble existe toujours], ce qui ne se situe pas exactement aux Esplageolles. L’installation se serait faite le 11 août 1899. Et qu’elle a quitté cette salle Magnaud (décision du C.A. du 9 septembre 1919) (montant du loyer devenu prohibitif) pour le 1er étage du Cercle des Travailleurs, et ce jusqu’à octobre 1922, pour s’ dans leur salle actuelle de la rue Gounod.
Même si une relecture attentive de tous les procès-verbaux pourrait permettre d’affiner certaines dates, je ne peux donc pas être d’accord avec la date de 1884 pour la salle Magnaud, ni avec le quartier des Aires après la Grande Guerre.

—La Seyne en 1900 On voit sur ces deux documents que la Philharmonique vieille d’un demi siècle quitte un local (lequel) en 1899 pour s’installer à Gambetta qui sera leur salle de répétition jusqu’en 1919… On ne peut que supputer sur l’exigence de clandestinité voire d’éloignement d’un lieu habité (par rapport aux nuisances sonores) qui leur aurait fait choisir dès le départ un endroit en dehors de la ville, encore que la grande salle était conçue pour accueillir des noces et banquets…De plus auraient-ils pris le risque de consigner par écrit leurs agissements clandestins dans les années 40 ? Sauf à retrouver des documents datant de 1831 émanant du quartier des Aires, j’aime bien l’idée du limonadier qui réunit les musiciens dans ses murs… »se non è vero, è ben trovato » mais là on n’est plus dans un souci historique…Ne cherchez pas je vais mettre du conditionnel ! Je suis flatté que vous lisiez les petits textes qui légendent les photos, sans aucune autre prétention que celle de divertir gentiment et d »intéresser les seynois à leur histoire que vous continuez magistralement à divulguer…

On voit sur ce plan, au-delà des habitations à l’Ouest, la salle Coupiny des hoirs Coupiny, salle de répétition de la Philharmonique Seynoise et de l’Orphéon, deux sociétés musicales populaires, la première instrumentale et l’autre de chant choral, créées toutes les deux par Marius Gaudemard l’Hôtelier limonadier dont on voit encore en 1900 la belle façade de l’établissement : « Café Hôtel Restaurant Gaudemard avec sa grande salle pour noces, ses chambres meublées à louer », qui deviendra le Café Rousset* puis le Grand Hôtel Central puis La Frégate. C’est ici que les répétitions avaient lieu à l’origine en 1841 avant d’être déplacées aux Esplageolles puis au quartier des Aires après la Grande Guerre (la salle Coupiny sur le plan).
* Noêl Rousset limonadier 34 ans en 1901
Rectification donc suite aux échanges épistolaires avec Jean-Claude Autran : « C’est peut-être ici, au Café Hôtel Restaurant Gaudemard, que les premières répétitions de la Philharmonique Seynoise eurent lieu dès 1841, leurs archives antérieures à 1890 ayant été détruites, et aucun autre document à notre connaissance ne permettant de l’attester…
Sources :
Archives du Var (recherches Ludivine Rembobine)
Louis Baudoin, Histoire générale de la Seyne-sur-Mer
Marius Autran, Cent cinquante ans d ‘art musical, histoire de la philharmonique » La Seynoise ‘ »
La ville fête les 50 ans de l’école de Musique (chantal.campana @ la-seyne. fr, 2006)
Regards sur l’histoire de La Seyne-sur-Mer n° 6
comptes rendus du colloque du 5 novembre 2005
http://jcautran.free.fr/oeuvres/seynoise/chapitre_1.html
Plan cadastral : http://jcautran.free.fr/oeuvres/seynoise/chapitre_1.html
Photo familiale Joëlle Delfino
Partition musicale USS Jeanne Santolaria
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