Les Frères maristes des écoles, ou Petits Frères de Marie, ou Maristes de Champagnat*, forment une congrégation laïque masculine de droit pontifical depuis 1836.

*Marcellin Champagnat est un séminariste de Lyon, tout comme Jean-Claude Courveille et Jean-Claude Colin, chargé par eux de créer cette fondation. (Il prononcera sa consécration religieuse comme Père Mariste Le 24 septembre 1836).

La salle d’asile de la rue de la Miséricorde :

Rappels :

1682 Jean Tortel fait don au vicaire de l’église paroissiale voisine d’une maison et d’une place de maison contigüe au bas de la rue de l’évêché (actuelle rue d’Alsace) pour y établir une congrégation de filles.

1833 Jean- Baptiste Martini commence à enseigner dans cette ancienne chapelle de la Congrégation des Filles de la Miséricorde (rue d’Alsace),  « l’école supérieure », au 1er étage de la « maison (de l’école)communale« .

Le 11 août 1844 en conseil municipal on procède à la présentation des deux devis (2298,7 f.) pour la construction de la salle d’asile et de son ameublement. Sont proposées comme surveillante l’institutrice dame Tauron Anne Marie Hypolite Vve de Blaise Francin, 46 ans, et comme femme de service demoiselle Ricaud Thérèse Joséphine 27 ans. La salle d’asile doit être établie rue Miséricorde au rdc de la maison communale au 1er étage de laquelle se trouve actuellement l’école supérieure. (Côte 1D10 Archives municipales)

Le 2 février 1845 suite aux secours financiers apportés par le ministre de l’instruction publique et par le préfet sur le budget départemental, le conseil vote pour la mise aux enchères des travaux pour la construction de la salle d’asile.

Le 22 décembre 1845 s’est ouvert la première école maternelle à La Seyne dite « salle d’asile » rue de la miséricorde au rdc de la maison communale (suite à l’ordonnance royale du 22 décembre 1837 accordant aux asiles le statut de maisons d’éducations au lieu de simples refuges de la petite enfance). Dame Tauron l’institutrice est la surveillante (600 f/an + 100 f comme indemnités de logement, la femme de charge 400 f). A partir de novembre 1855 le Dr Clément Daniel* a pour mission, alternativement avec un confrère, de visiter un mois sur deux la salle d’asile (maternelle), rue de la Miséricorde (rue d’Alsace) pour : « y surveiller la propreté et l’état de la santé des enfants, y reconnaître si aucun d’eux n’est atteint de maladie contagieuse comme gale, teigne ou dartres et surtout s’ils n’ont pas de poux. »


En 1856 la salle d’asile accueillera cent cinquante élèves.


L’ école congréganiste des Frères Maristes :

En 1844 le maire Boniface Picon (de 1841-1845) avait proposé au vote du conseil d’appeler en renfort quatre frères de la congrégation de Ste Marie de Lyon « pour l’instruction de la jeunesse » : refusé à une voix près (11 février 1844). (Le 9 juillet 1843 tous les membres du conseil municipal avaient juré fidélité au roi des français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du Royaume).

Dès 1846, le R.P. Epalle, Mariste de la Maison des missionnaires (ex Capucinière* et future institution Ste Marie*) demande sans succès une autorisation pour ouvrir une école à La seyne. 

En 1852, une nouvelle requête est faite au supérieur général des petits frères de Marie, appuyée par le maire de la ville, Antoine Léonard Barry, et par le R.P. Eymard supérieur du nouveau collège des Maristes ouvert en 1849. (La Seyne aurait eu pendant la Restauration,1814-1815, une école communale dirigée par des frères des écoles chrétiennes, une ancienne congrégation laïque masculine).

Quatre frères furent envoyés et une école communale gratuite s’ouvrit, attenante à l’église paroissiale, quartier cavaillon, en novembre 1852 .

En 1854, six frères professeurs Instruisaient 309 enfants, répartis en cinq classes dans cette école communale gratuite.
En 1856 les frères Maristes (8 instituteurs) sont toujours au 63 Quartier Cavaillon. Le frère Urbain directeur de 1852 à 1860 étant décédé, il fut remplacé par le frère Onésiphore de 1860 à 1872.

En 1861 les Frères (1 instituteur communal et 10 adjoints) sont recensés au 3 rue Grune.


Les familles Cottet et Nicolas sont voisines aux 35 et 37 bis Quartier Cavaillon (rue Jean-Baptiste Martini depuis 1922 ex rue de la Dîme, ex rue Grune  ex rue Co-de-Grune) en 1861.

En 1865, sous le second empire ils sont 13 frères Maristes pour huit classes et 531 élèves (et trois études payantes), malgré la très forte hostilité ambiante sous la municipalité de Bernard Lacroix, les suspicions, calomnies et persécutions dont ils faisaient l’objet et malgré le soutien de  Noël Verlaque, l’ingénieur en chef des forges et chantiers de la Méditerranée et membre du conseil général du Var.


En février 1866, la Municipalité vota des crédits pour la séparation de la Dîme (École Martini) afin de créer deux écoles distinctes : une école laïque et une école confessionnelle. Seul le directeur laïque et sa famille sont recensés au 3 rue Grune. (p246)

6 novembre 1867 : le conseil municipal supprime les cours payants. Les frères ouvrent des cours payants pour adultes !

À partir de 1872, c’est le frère Xénophon qui remplace le frère Onésiphore. Le conseil municipal demande la suppression de l’école congréganiste (17 novembre 1872), demande qui sera refusée par le préfet. Les frères changent fictivement la direction et y mettent une institutrice.

Le 2 novembre 1873, Marius Giran étant maire, le conseil d’État annule la décision prise par le conseil municipal de supprimer l’école congréganiste, décision jugée illégale, il est donc voté un budget de 3600 Fr. pour les instituteurs de l’école municipale de garçons. 

le 20 novembre 1873, le conseil municipal, mis en demeure de voter le crédit nécessaire pour le traitement du directeur et des adjoints de l’école communale congréganiste, confirme l’allocation de 3600 Fr. pour l’année 1874… 

Parallèlement, le 28 décembre 1873, on supprime le traitement des vicaires, et on réduit l’allocation pour le logement de Monsieur le curé de la paroisse de la Seyne…

 Le 8 février 1874, le conseil municipal est dissous. Le maire est révoqué, selon lui « à cause de ce qui se passe dans notre malheureux pays » qui amorce un virage à droite avec les nouvelles mesures « d’ordre moral » prises par le président Mac Mahon. L’école congréganiste est maintenue, le conseil municipal remercie Marius Giran pour son zèle, son dévouement et son intelligence, on décide « qu’il a bien mérité du pays ».

Le 21 février 1874, c’est l’élection du maire et de ses adjoints :  Louis Paul, Marius, Estienne devient maire. Parmi les adjoints Il y a toujours Léonce Rimbaud* et Cyrus Hugues* ainsi que maintenant Marius Giran.

Année 1876

Année 1876

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Session extraordinaire du 21 décembre 1876, école congréganiste, Voeu Émis par le conseil pour le changement des frères Maristes, par ceux de l’ordre des écoles chrétiennes. 

1-Rapport de la commission municipale des écoles

Rapport de la commission municipale des écoles

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2-Le conseil 

Ouï le rapport qui précède de la commission municipale des écoles, considérant qu’il est bien avéré que les instituteurs congréganistes, appartenant à l’ordre des Maristes, dirigeant actuellement une des écoles communales de garçons, ont apporté, tous sans exception, une persistance fâcheuse à agir à l’encontre des diverses municipalités qui se sont succédés depuis 11 ans

Considérant que l’attitude des professeurs appartenant à cet ordre des frères Maristes constitue un parti pris de se soustraire à l’autorité légale, et par leurs actes et même par leurs écrits

Considérant que l’exemple d’un mépris pareil de l’autorité donné aux élèves ne peut et ne doit subsister plus longtemps sans danger

Considérant que la mesure prise par trois fois entre les institutions de cet ordre religieux, et qui a consisté en changement des directeurs, n’a pu en rien modifier à leur soumission, et ne paraît au contraire, n’avoir servi qu’à augmenter leur audace, adoptant les conclusions du rapport qui lui est soumis, ainsi que la proposition qui lui est faite et qui lui paraît marquée au coin de la plus stricte équité et dictée par l’esprit de conciliation qu’il apporte dans toutes ses décisions alors qu’il s’agit surtout de toucher à la question si délicate des convictions d’une partie de la population

Emet le voeu auprès de l’autorité supérieure, que les instituteurs congréganistes actuels soient remplacés par des instituteurs de l’ordre des frères des écoles chrétiennes et ose espérer qu’il sera facilement fait droit à ce voeu, attendu qu’il n’existe aucun engagement entre la commune de La Seyne et les frères Maristes qui puisse faire obstacle à une pareille décision qui lui paraît d’ailleurs le seul moyen pour dénouer la situation.

Signature Rimbaud, Chapuy, Marty, Coulomb, Cauvin, Cyrus Hugues, Giran, Pourchier, etc. 

Le frère Néophyte prend la direction de l’école, puis le frère Zoël. Plus de profs, plus d’élèves, 435 en classes de jour et jusqu’à 220 en études ! Mais d’autres difficultés et obstacles les attendaient…

Année 1877

12 février 1877 Le tribunal de Toulon jugea que les instituteurs congréganistes n’avaient pas à indemniser la commune pour la destruction du jardin de l’école communale et par suite a débouté la commune de sa demande, le conseil demande au préfet l’autorisation de faire appel.

10 octobre 1877 Les propriétaires des appartements occupés par l’école congréganiste (Mme Vve Cottet et M. Nicolas) réclament de la ville et obtiennent leurs 18 mois de loyer.

31 octobre 1877 Séance extraordinaire sous la présidence de M. Estienne maire

Séance extraordinaire du 31 octobre 1877 sous la présidence de M. Estienne maire

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le 1er juin 1878 les frères Maristes se virent contraints d’abandonner cette école communale.

7 janvier 1881 on vote le budget pour les travaux de reconstruction de la salle d’asile, règlement effectué le 19 mars 1881 avec les indemnités de frais de logement de la directrice pendant les travaux.

Novembre 1889

L’école libre de jeunes filles au n°6 est dirigée par Mme Riquier, née Mouche.

Ste Thérèse*

Plus tard le pensionnat de jeunes filles, l’école « Grimaud » du nom de la directrice, 12 rue d’Alsace, à laquelle succèdera Mlle Bolliet.

Ste Thérèse

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En septembre 1878  les frères Maristes ouvrent un établissement libre dans la rue de la Miséricorde, la future école Ste Thérèse.

12 rue d’Alsace

Dès 1879, 150 élèves sont inscrits à la fois aux classes et aux études devenues obligatoires et payantes. Ils sont toujours en butte aux tracasseries de la municipalité régnante. En parcourant les registres des délibérations municipales de ces années, on mesure combien le financement de l’instruction primaire est une préoccupation majeure, et combien c’est un enjeu politique et idéologique (d’où les fermetures temporaires imposées par exemple ). Louis Baudoin dans son opuscule sur les établissements Maristes déplore sans le nommer l’antagonisme de Cyrus Hugues, alors « aux affaires ». (c’est vrai que Monsieur le maire était aussi franc-maçon). S’en suivit un fléchissement de l’activité de cette école dans les années 1880 avec des problèmes comptables.

L’établissement des frères Maristes de la rue de la Miséricorde fermera ses portes en 1882.

1882 : le frère Marie-Urbain étant directeur, l’école libre s’installe alors dans une maison récente louée au curé Raymondis, à 600 m du collège des Pères Maristes, au début de cette avenue Fleury devenue dès 1870 (à la proclamation  de la République lors de la chute du second empire) le Bd du quatre septembre 1870. De 1886 à 1888 on y compte seulement 3 classes payantes, l’école laïque 10 puis 12 gratuites bien sûr. Les lois de 1901 et 1902 entrainent le départ des Frères Maristes en 1903, l’école devenant un établissement scolaire libre reconnu par l’état, préparant aux Arts et Métiers, à l’industrie et à la Marine.

L’ancien externat St Joseph (bd du Quatre-Septembre à l’emplacement du Quadrige actuel)

Après la guerre de 14, « grâce au dévouement, à l’abnégation des pédagogues chrétiens », l’école survivra jusqu’aux années 30. L’ancienne école des Frères, propriété du diocèse de Fréjus, abritera le Secours Catholique, le Centre de Jeunesse, ainsi que des logements pour les membres du clergé paroissial, avant d’être vendue…

Sources

Louis Baudoin: Les établissements « Maristes » à La Seyne-sur-Mer (Var) 1963

Registres de délibération du Conseil municipal de La Seyne sur mer (Archives municipales)

PdP pour 3aism.fr et laseyneen1900.fr

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