Novembre 2025 : Le doyen des commerçants seynois Jean Pelegrin vient de nous quitter à l’âge de 95 ans. Je ne doute pas qu’un hommage municipal lui sera bien sûr rendu.

Les rideaux métalliques de la mercerie « Nouveautés » ne couinaient déjà plus depuis quelques temps car des ennuis de santé et leur grand âge avaient éloigné le couple Pelegrin du 15 de la rue Cyrus Hugues.

L’histoire locale retiendra leur longévité et leur régularité au travail ainsi que la réputation d’un magasin plutôt bien achalandé.

On sait que tu es de La Seyne si tu utilises ces locutions dans certaines circonstances :

« Tu ne vas pas faire comme les Pelegrin quand même !? ». Évoquer « le père Pelegrin » dans ce cas c’était s’étonner d’une carrière professionnelle au delà de la limite légale. Combien de fois me l’a-t-on sortie cette phrase jusqu’à ce que je mette fin à mon activité au bout de 40 années d’exercice… 

Ou encore « tu fais concurrence à Pelegrin ? » pour décrire un capharnaüm, un local plein à craquer.

À l’instar du « Va chercher Molinari » notre Mc Gyver ,  l’évocation de cette sympathique figure locale  était déjà, de son vivant, entrée dans notre langage.

Pour paraphraser César dans la trilogie « Vous êtes allé en ville et Pelegrin était fermé ? Alors il est mort ».

Le haut de la rue Cyrus Hugues

  • En 1838 Marie Thérèse Vicard née en 1803 épousait un lieutenant d’infanterie, Charles-Jean Poulet. En 1846 on recense une marie Thérèse Vicard épouse Poulet (mari absent) fille d’Adélaïde Lange Vve Vicard propriétaire au 1 rue de la Paix.
  • En 1851 la femme Poulet, Vicard Marie Thérèse fille d’Adélaïde y est toujours recensée ; elle vit des revenus de son mari toujours absent.
  • En 1856 Marie Thérèse Vicard, maintenant Vve Poulet, âgée de 42 ans, habite au 15 rue de la Paix. (même immeuble, changement de numérotation).

C’est autour de 1856 que ce pharmacien de 32 ans, Cyrus Hugues* «l’apouticari» comme on le surnommera, va s’installer à La Seyne à l’angle de la place du Marché et de la rue de la Paix (ex rue Bourbon et future rue Cyrus Hugues) en face de l’actuelle Pharmacie du marché (pharmacie Armand puis pharmacie Huillet puis Carboni), après sa déportation comme opposant au coup d’état de 1851. Il est alors recensé au 3 de la rue de la Miséricorde, future rue d’Alsace.

  • En 1872 Marie Thérèse Vicard 70 ans, Vve poulet, est maintenant la propriétaire de l’immeuble qu’elle habite, 15 rue de la paix, dont le RDC est toujours occupé par la pharmacie de M. Cyrus Hugues.
  • Vers 1885 Voici la photo de la première pharmacie de M. Cyrus Hugues « l’Apouticari » à l’angle de la place du Marché et de la rue de la Paix, ex rue Bourbon et future rue Cyrus Hugues face à l’actuelle Pharmacie du marché (ex pharmacie Armand devenue pharmacie Huillet puis Carboni).
M. Cyrus Hugues devant sa pharmacie au n°15 de la rue de la Paix avant que ne s’y installe la mercerie Jean Heyer puis celle de M. Pelegrin Honoré puis Jacques (« Nouveautés »)
  • En 1896 C’est le 22 mars qu’est prise la décision au conseil municipal présidé par François Bernard de débaptiser la rue de la paix pour la nommer rue Cyrus Hugues (le héros de l’épidémie de 1865, l’ancien conseiller général, l’ancien maire de la ville ayant décédé le mois précédent). La pharmacie n’a pas encore déménagé, c’est Jean Armand qui tient l’officine.
  • En 1901 à la place de l’ancienne pharmacie initiale, c’est maintenant Jean Heyer qui y tient son commerce de mercerie au 15 avec son épouse Marie et la pharmacie Hugues (qui va devenir Hugues-Armand puis Armand) est en face au 16 qui devient le 14 (car un 12 bis a été créé) et Jean Armand* en est toujours le pharmacien. La famille du vermicellier Acquarone* est installée au 6 depuis 1884, cette fabrique de pâtes déménagera plus tard sur le cours.
Ici, de l’autre côté de la rue, au 14, la nouvelle pharmacie Hugues, Jean Armand* le beau-frère de Cyrus Hugues en est le pharmacien.
  • En 1903 ce sont l’abbé Vicard de Mar-Vivo, Camille Vicard (1839- ), et une certaine Hortense Vicard qui sont les propriétaires de cet immeuble, probablement les héritiers.
15 rue Cyrus Hugues Marie Heyer et ses employées pour vous servir,
bonnèterie, lingerie, ganterie, dentelles, soieries, passementerie…
  • Au 12 bis en face de la mercerie vivent les Arnaud, lui Laurent surveillant technique à l’arsenal, sa femme Louise commerçante et leur fille Marie Rose née en 1900. À la mercerie Heyer succédera le magasin de nouveautés Arnaud, puis Arnaud-Pelegrin car Honoré Pelegrin (1889-1938) a épousé Rose Marie Arnaud, la fille des Arnaud en 1921. Honoré achetera l’immeuble appartenant à M. Arnaud le 5 mai 1928. La mercerie deviendra Pelegrin puis Pelegrin & fils (Honoré et Jean), puis Pelegrin Jean (« Nouveautés »).
Honoré et Jacques
in memoriam

Sources

Archives du var

Photos collection privée

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