Le projet d’un émissaire commun avec Toulon en vue de régler le problème de l’hygiène publique, de la collecte des eaux usées et de l’évacuation des égouts était déjà dans les tuyaux pendant la mandature de Cyrus Hugues (1876-1882). À l’époque, Germain Loro était le président du « Comité de protestation » qui contribua à empêcher sa concrétisation. Trois maires plus tard, c’est Saturnin Fabre qui défendra ce projet, ce qui lui coutera son fauteuil.
8 septembre 1895 : Élections municipales : Saturnin Fabre (maire depuis 1886) est débarqué au profit de François Bernard. Exit le projet de l’ émissaire commun !
« Les Seynois ont été appelés aux urnes et la majorité nouvelle est composée des partisans de François Bernard. Mais la marge de manœuvre de la nouvelle municipalité demeure étroite. En effet : à la session extraordinaire du 8 Septembre 1895 l’élection du Maire donne les résultats suivants : – Inscrits : 27 ; – Majorité absolue : 14 ; – François Bernard : 16 voix, élu. – Romain Divisia : 11 voix. – Le premier adjoint Félix Gros est élu avec 16 voix. – Le deuxième adjoint Jean Ferrandin obtient aussi 16 voix. Saturnin Fabre a disparu définitivement de la compétition. Ces derniers chiffres montrent que la population Seynoise reste profondément divisée. Dans le concert déchaîné contre Fabre, les opposants feront feu de tout bois, provençal y compris. Ainsi de cette assez stupéfiante chanson composée au siège des jeunesses socialistes, imprimée et diffusée en ville. « Se sian fourma en coumita / Es parqué la merdo passo pas », dit la chanson, scandée par ce refrain dont les vieux Seynois comprendront tout le sens : » Préféraren toujours lei torpilleurs e lei toupinos » (René Merle, 1997). La chanson s’intitulait « L’Assainissimen dé La Seyno » dont c’était le refrain ! Elle fut chantée au siège des jeunesses socialistes… des socialistes dont les solutions manquaient plutôt de réalisme (dixit Marius Autran, tome 2, 1988) ». Cité par Henri Ribot (éphémérides)
15 décembre 1895 : Le projet de collecteur de l’émissaire est rejeté.
Une nouvelle attendue avec impatience par les adversaires du projet Fabre, parvient à l’Hôtel de Ville de La Seyne : » Le projet de collecteur de l’émissaire est rejeté « . François Bernard et ses amis triomphaient bruyamment. Tous ceux, parmi les notables, qui ont participé à la bataille contre le projet reçoivent des lettres de remerciements, c’est-à-dire les conseillers municipaux, les députés, les membres du comité de protestation, les membres du Gouvernement. Les jeunesses socialistes exultent et ne cachent pas leur satisfaction de voir les toupines et le torpilleur continuer leurs bons offices (incroyable,… mais rigoureusement vrai !). D’ailleurs François Bernard n’a pas d’autre solution à proposer.
Les Seynois continuèrent à sortir les toupines devant leur porte dès potron-minet, à respirer les effluves puants du torpilleur, à contracter des maladies contagieuses dues aux épandages sauvages des vidanges. Cité par Henri Ribot (éphémérides)
Le 8 février 1932 une nouvelle lettre fut envoyée par La Seyne au Maire de Toulon à propos du projet d’un émissaire commun.
Le 4 mars, celui-ci retourna une réponse effarante » Je demanderai à Monsieur le Préfet la désignation de nouveaux membres de la commission intercommunale devant faire partie de la section municipale et de la section technique de la Ville de Toulon « . En substance, tout cela voulait dire que la discussion repartait de zéro. Nous en étions toujours à la situation de 1902, de 1912, de 1921.
Mais finalement, un projet fut officiellement déposé le 15 décembre 1933. Suivirent deux années de silence (Marius Autran, tome 1, 1987). Cité par Henri Ribot (éphémérides)
Répandre les effluents dans la rade et les champs n’est pas une solution. La fièvre typhoïde fait des ravages.. Le vieux projet d’une évacuation commune par un conduit souterrain vers le large ressort des cartons. Alex Peiré quitte la DCN et s’installe géomètre tout en ouvrant, rue Berny, au numéro 41 un atelier de photographie…
C’est là que l’histoire de la modernisation de l’aire toulonnaise et son histoire propre se rencontrent à travers là construction de l’émissaire commun. La société des Grands Travaux de Marseille 3 Avenue de Provence
Toulon a obtenu l’adjudication de ce travail pour 18 millions de Francs de l’époque alors que la note à payer s’élèvera et 1952 à I milliard 100 millions. Un simple trait sur une carte, sans étude de terrain, un projet incomplet qui lui échoit en tant que géomètre,… un projet, en fait, titanesque pour les moyens de l’époque, un projet risqué, complexe.
Alex Peiré l’ingénieur Géomètre relève le défi, s’endette pour acheter du matériel de visée…
( Alex PEIRÉ (1901-1974) par Alfred GUGLIELMI )
Les travaux commencèrent le 20 Janvier 1941 pour l’émissaire qui sera terminé en 1949, mis en oeuvre en 1951 et réellement mis en route en 1952. Il faudra attendre cette date, la création de I’émissaire et la construction de la Marinière pour que l’administration autorise dans la petite mer l’exploitation de 60 parcs aquacoles.
L’émissaire commun ne sera opérationnel qu’en 1952 !
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