« Il laissa derrière lui le souvenir d’un grand homéopathe, d’un parfait homme de bien, d’une grande conscience et d’un beau caractère ».

Le docteur Henri Daniel est le deuxième des trois fils de Clément Daniel* le célèbre médecin seynois « Bienfaiteur de la ville » dont la biographie a été traitée par ailleurs et dont l’ancienne rue de l’Hôpital porte aujourd’hui le nom puisqu’il en fut le médecin chef bénévole (!) pendant 47 années, ayant eu à affronter quatre terribles épidémies cholériques durant sa carrière….

Henri, né à La Seyne, fut élève des Maristes. Il y collectionnait les accessits en fin d’année (en diligence, orthographe, analyse, histoire, et écriture dans les petites classes, et plus tard en Arts d’agrément, Marine et paysage, et figures de genre où il obtiendra le premier prix en 1866).

À 20 ans il s’engagea volontaire au 5° Hussard dans la guerre de 1870, puis selon les désirs de son père partit faire sa médecine à Montpellier, passa sa thèse le 9 août 1876 (« L’influence du traitement antisyphilitique sur la mère et le produit de la gestation ») et revint à La Seyne où son père mit à sa disposition une des salles de l’hôpital.

Malheureusement pour son père, il fut séduit par les méthodes non conventionnelles d’un confrère de Tamaris, le Dr Chargé*, après avoir constaté la guérison d’un de ses patients par homéopathie, après que lui même ait échoué à lui soigner une dacryocystite rebelle…

Ce fut un drame, son père, considérant que sa conversion était une apostasie, lui ferma la maison familiale pendant quatre ans, ne renouant avec lui que sur l’insistance de sa femme et désarmé par la réputation de son fils dont la clientèle était faite des plus hautes notabilités locales et nationales. Parallèlement son dispensaire gratuit ne désemplissait pas et lui demandait beaucoup de temps et d’énergie.

Moins honoré par sa ville de naissance que son père, mais de son vivant jouissant d’une très grande réputation, car reconnu comme un des pionniers de l’Homoéopathie et, à ce titre, rayonnant au delà de Marseille et de la région provençale, il fut considéré comme un vulgarisateur de cette discipline dans le monde médical.

Il fut président d’honneur de la Société Homéopathique du Sud-Est, future « Rhodanienne », publia de nombreux articles dans « L’Art médical », « Le Propagateur », fit des communications dans plusieurs congrès dont les congrès internationaux homéopathiques de Paris en 1889 et 1900 (dont il fut vice-président puis président par intérim), effectua des travaux sur l’action homéopathique des eaux de Brides, de Lamalou, échangea ses connaissances avec le Dr Nebel, autre grand homéopathe de l’époque, etc, etc…

Surmenage, myocardite, angine de poitrine, chagrin de la mort de Maxence son plus jeune fils au début de la guerre de 14, Henri Daniel encore en exercice, mourut le 7 juillet 1906 à l’âge de 66 ans.

« Il laissa derrière lui le souvenir d’un grand homéopathe, d’un parfait homme de bien, d’une grande conscience et d’un beau caractère »

D’après la biographie in extenso* par son fils le Dr Pierre Daniel dans la revue « L’Homéopathie moderne » du 15 janvier 1936. (Archives familiales Daniel)

Parmi ses sept enfants (dont 3 garçons viables), un autre mariste est à mettre en exergue :

Maxence (ou Maxime) Marie Pierre, né le 27 novembre 1894 Marseille, caporal au 55° régiment d’infanterie, mort au champ d’honneur le 20 août 1914 à la bataille de Lorraine, à Vergaville (Meurthe et Moselle), son unité appartenait au célèbre XV° Corps (55° R I 30° Brigade), calomnié par des politiciens sans scrupule;

Le bulletin de 1915 de l’Amicale des Anciens de l’Institution Sainte Marie décrit les circonstances de sa mort en ces termes :

« Max Daniel était engagé volontaire au 55° Régiment d’Infanterie à Aix.
Il était caporal lorsque, le 4 août 1914, il partit pour le front. Le 20 du même mois, il se trouve à Vergaville, près de Dieuze (Meurthe, arrondissement de Château Salins, canton de Dieuze). Sa section exécutait des feux de salve contre un fort détachement allemand et le maintenait à distance. Son sergent étant tombé, il prit vaillament le commandement de la petite troupe.
Se voyant cerné, il commande, comme à la manoeuvre : « Demi tour. et feu à volonté .» puis il tomba sous les balles ennemies, avec courage et sang-froid.
Lorsque le lieutenant Verlus, jugeant que la position n’était plus tenable, ordonna aux hommes qui restaient de se retirer un à un pour donner moins de prise à l’ennemi, la plupart ne bougèrent pas. Il fit alors l’appel. Cinq répondirent – ils étaient partis cinquante.

La veille de l’action, le jeune Max, après une journée de surmenage, avait écrit à ses parents une lettre pleine de courage et d’entrain, leur disant d’avoir confiance, qu’il connaissait son devoir de chrétien et de Français el qu’il saurait le remplir. Il a tenu parole « .

Une anecdote intéressante : Pour la Noël 1862, quatre cloches sont mises en place à l’église paroissiale de La Seyne (en dessous de celle de 1689 qui domine le clocher). A cette occasion une cérémonie de baptême est organisée, avec pour chacune de ces cloches la désignation d’un parrain et d’une marraine.

Nul doute que le petit Henri, le fils âgé de 12 ans de la marraine de la cloche Sud, Marie Madeleine Mélanie Lombard (l’épouse de Clément Daniel*) fut alors  impressionné par le Dr Chargé* de Tamaris, cet illustre médecin de 52 ans, décoré de la Légion d’Honneur, le parrain de la cloche Ouest, au point (peut-être) de plus tard choisir lui aussi la voie de l’Homéopathie et non pas la carrière à laquelle son père (qui n’eut d’ailleurs jamais, lui, la légion d’honneur) le destinait…

biographie in extenso* de Henri Daniel

Voir par ailleurs l’article sur le Dr Chargé*

Sources

D’après la biographie in extenso* par son fils le Dr Pierre Daniel dans la revue « L’Homéopathie moderne » du 15 janvier 1936. (Archives familiales Daniel)

Mise en forme PdP pour La Seyne en 1900 et 3aism.fr

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