Messire Tortel comte de Ramatuel, capitaine de vaisseau de la marine royale, fait vœu, s’il guérit de la peste qu’il contracte à Constantinople en 1618, d’élever aux environs de sa ville natale un monastère en l’honneur de St François d’Assise…

La Sagno

Vers 1580 quelques habitants de Six-Fours (les Tortel, les Beaussier et les Daniel, puis d’autres), descendent du castrum perché de cette petite bourgade prospère et commencent à s’établir près du rivage oriental du terroir à l’abri des corsaires et des tempêtes, en se rapprochant de « la Sagno« , lieu-dit qui tirait son nom de la siagne, plante aquatique poussant en abondance sur ces rivages marécageux.

Débute alors le comblement des marécages, puis en 1593, un port y est créé par lequel transitent les marchandises produites à Six Fours et à Ollioules en direction de Nice ou Marseille. 

En 1603, une chapelle remplace le premier sanctuaire édifié en 1590, mais les Seynois dépendent toujours de Six Fours en ce qui concerne l’approvisionnement en vivres.

Il faut attendre 1608 pour que soit construit le premier four à pain, 1631 pour que Louis XIII accorde par lettres patentes aux habitants de la Sagno le droit de posséder leurs propres étals de boucherie, puis en 1639 est construite la halle aux poissons, mais l’administration reste encore le privilège du conseil siégeant à Six Fours, pourtant désormais moins peuplée.

Ce n’est qu’en 1657 que La Seyne accède au statut de commune indépendante, elle compte alors un millier d’habitants dont un tiers vivant du commerce maritime ».

1er février 1658 : Le Roi Louis XIV, par acte royal accorde son indépendance à La Seyne.

Voir « L’Histoire de La Seyne : Quelques repères chronologiques »*.

Selon le chroniqueur des Pères capucins en 1675 sur La Seyne : « Les habitants (environ 6000 h) sont fort dévots et fort dociles, laborieux, bons matelots et bons soldats. Chacun travaille utilement, même les femmes, qui aident leurs maris au travail de leur terroir, qui est très abondant, en vins excellents et fruits de toutes sortes, et dont le climat est si admirable qu’il permet aux orangers, citronniers et grenadiers, et aux figuiers aussi de grossir prodigieusement ».

Les Tortel

Les Tortel étaient de riches propriétaires à qui l’abbaye de Saint-Victor avaient vendu d’immenses étendues de terres maritimes comprises entre les Mouissèques et Brégaillon. Ils exerçaient de nombreux métiers liés à la mer, officiers du roi, capitaines marchands, constructeurs navals, charpentiers de marine.

Ils facilitèrent le comblage des marécages où s’édifièrent peu à peu les constructions d’habitations où prit naissance La Seyne au pied des premiers hameaux de Beaussier et de Tortel, en accord avec le seigneur-abbé de Saint-Victor, Robert de Frangipani.

Dès 1615Michel Tortel*, fils d’André, « sieur de Ramatuelle », est capitaine des vaisseaux du roi. Il fait campagne dans le Bosphore, guérit miraculeusement des « fièvres » (la peste contractée à Constantinople en 1618) et à son retour, il fait édifier en signe de reconnaissance sur la propriété familiale une chapelle et un monastère en l’honneur de St François d’Assise, un des patrons de sa famille, couvent destiné aux religieux capucins d’Aix-en-Provence, en faisant un don de trois mille piastres à l’abbaye. Il rachète plusieurs parcelles en haut du Cours appartenant à divers membres de la famille Beaussier.

Michel Tortel épousera Christine Vicard, la soeur d’Espérit Vicard le mari de Honorée B(e)aussier et le père d’André le capucin connu sous le nom d’ « Henri de La Seyne » (voir infra).


Il faut évoquer la fin tragique du fondateur du couvent : le 18 avril 1646, Michel Tortel se trouvait avec son navire au large de la côte génoise devant Finale Ligure, entre Albenga et Savone. Cette place appartenait au roi d’Espagne, contre qui la France était en guerre (guerre de 30 ans). Son navire, chargé de riz et autres marchandises, manœuvrant lourdement, fut rattrapé par deux frégates espagnoles ; luttant courageusement pour défendre sa liberté et ses biens, Tortel fut frappé de + de 25 coups d’épée et de dague. Transporté à terre encore vivant, il demanda des Capucins pour le préparer à la mort. Les religieux du couvent de Finale accoururent aussitôt, lui administrèrent les sacrements et l’assistèrent jusqu’à la fin qui n’eut lieu que six heures après. Il fut enterré devant la Chapelle des Capucins de Finale. (Annales d’Aix Les Capucins de l’ancienne province de Lyon (1575-1660) T1.)

Le couvent des Capucins

Le Couvent des Capucins fut fondé officiellement le mardi de Pâques 13 avril 1621 (et non le 6 avril) en terre de Tortel, au coeur même de la propriété actuelle des Maristes, en présence du fondateur et de son parent Honoré Tortel, second consul en exercice, portant son chaperon, ce que ne manqueront pas de lui reprocher les consuls de Six-Fours dès le lendemain, « la cérémonie relevant de la sphère privée »… La première pierre du couvent fut posée par le R.P Baptistin provincial des Capucins d’Aix.

Le 25 avril 1621 il y eut une belle procession, cette fois-ci pour la pose de la première pierre de l’église. Une fois le couvent et son église terminés, le 8 décembre 1621, quarante Franciscains ayant à leur tête le R. P. Bernardin d’Apt prirent possession de cette demeure qu’ils allaient, eux et leurs successeurs, occuper pendant près de deux siècles. Elle comportait des logements pour 40 religieux, des salles de réunion, des annexes, des dépendances, une chapelle* en bordure de la rue, entourés de vastes terrains plantés d’arbres magnifiques.

L’église fut achevée en 1630, bénite le 16 juin sous le vocable de Ste Anne.

Les ressources des capucins étaient toujours très limitées. Outre les fruits de leur jardin, et le produit de la quête quotidienne, ses religieux, vivaient de leur ministère et des aumônes, qu’on leur donnait. En outre, la règle de Saint-François, dont ils faisaient profession stricte, leur interdisait de détenir eux-mêmes, l’argent qu’on leur donnait.

Les aumônes en numéraire étaient confiées à des personnes étrangères à leur ordre d’ordinaire, appelées, syndics, quelquefois, Pères spirituels, ou Pères temporels, ou enfin fabriciers ; ils étaient connus à La Seyne, sous le nom suggestif de « Pitanciers des Capucins ». (Parmi eux, un Jean Vicard, Martinenq père et fils).

Pendant deux siècles, le couvent permit aux Capucins d’exercer leur religion et de nombreuses oeuvres de charité. Une description en est parvenue jusqu’à nous : 

« L’édifice n’ était pas somptueux, d’un goût douteux, avec des corridors sans style (mais dont les murs étaient semés de graves sentences) et de pauvres cellules où d’étroites croisées mesuraient avec parcimonie l’air et le soleil. »

Les deux étages du couvent comportaient chacun dix chambres, carrelées de briques.

« La principale beauté de cette maison était certainement les jardins. Ils étaient au nombre de trois, séparés les uns des autres par des murs, mais des portes permettent de passer facilement de l’un à l’autre »…Dans le jardin situé le plus au Midi, (acquis en 1724 encore d’un Tortel « fils d’Arnaud »)…un enfoncement…où il y avait un vieux puits que les Consuls de la ville offrirent aux Capucins qui y installèrent un moulin à vent, une éolienne pour en actionner la noria, dont l’eau se déversait dans un grand réservoir. 

« Ce jardin était planté d’arbres fruitiers : orangers, marronniers, poiriers. pruniers, et autres essences, bien rangées en allées. Sa superficie totale était de 300 cannes².

Le grand jardin communiquait avec la rue Beaussier par une porte cochère; il était planté outre les arbres fruitiers et la vigne, en herbes potagères, et se trouvait compartimenté en carrés par des allées à angle droit, bordées de haies de laurettiers entre autres arbustes. On longeait les murailles par des chemins, bordés d’arbres formant berceau : des lauriers au Levant et au midi; des lauriers et des cyprès au Couchant, et au Nord des orangers et des citronniers, avec une « salle verte », au Midi, à l’extrémité de la grande allée du milieu, dont le tracé est le seul souvenir visible de l’ancien couvent dans l’actuel Collège des Pères Maristes, où elle relie les deux bâtiments principaux. A l’extrémité Nord de cette même allée, un peu sur la droite toutefois, se trouvait un pavillon, avec un grand bassin pour l’arrosage du jardin, où aboutissait l’eau de la source de Donicarde. La surface totale de ce deuxième jardin était de 1134 cannes².

Le jardin du Nord, séparé du précédent par une haute muraille, était le jardin potager proprement dit; il était divisé en « tables » d’herbes potagères, avec des arbres fruitiers. Le long de la muraille du Nord étaient plantés des orangers; ce jardin de plus, était coupé en deux par une allée bordée de poiriers, le long de laquelle courait la conduite d’eau venant du réservoir du grand jardin; sa superficie était de 450 cannes².

En somme, si l’on tient compte de la surface des bâtiments, la totalité de l’enclos des Capucins devait couvrir approximativement un demi-hectare ». (1134 cannes²  = 5703.11 m²)

Pierre Dubois

Copie certifiée conforme audit original par M. Barry maire de La Seyne établie en 1852/53 par un géomètre du port de Toulon.

LA VIE D’UN MONASTERE

(Annales de Marseille citées par Pierre Dubois dans « Les Capucins varois à La Seyne sur Mer »)

Dans les « petits couvents » dont était celui de La Seyne, il y avait habituellement de dix à douze Religieux : 6 ou 7 Prêtres, 2 ou 3 Frères Lais, et parfois 2 ou 3 Clercs, jeunes Religieux, qui, ayant terminé leur Noviciat, continuaient pendant trois ans au moins, leur formation spirituelle sous la Direction du Supérieur local, avant d’être admis à entreprendre les études de Philosophie et de Théologie, en vue de la Prêtrise.

Les Prêtres se divisaient en deux catégories : les Prédicateurs et les simples Prêtres. Les premiers étaient souvent absents, prêchant Avents, Carêmes, Octaves du Saint-Sacrement ou des Morts, Missions volantes. Les simples prêtres s’adonnaient à un ministère moins voyant, particulièrement à celui de la Confession et surtout à la direction spirituelle des Fidèles, ministère important et efficace, et pourtant si peu apprécié de nos jours, du jeune clergé surtout, qui se veut actif et réaliste, et qui n’est souvent que remuant. Les simples prêtres pourtant participaient aussi aux Missions, où le service des Confessions, en ces siècles de pratique générale, était proprement exténuant. Les Étudiants en Théologie, voire les Frères Lais coopérèrent parfois aussi avec les Prédicateurs Missionnaires, faisant notamment le catéchisme aux Enfants ; et même, une fois au moins, le propre domestique du couvent de Marseille accompagna les Prédicateurs en Mission.

Au dix-septième siècle plus particulièrement, tous les Religieux néanmoins, prêtres ou non, remplissaient dans le couvent les offices matériels, notamment celui de la quête quotidienne ; c’est ainsi que le célèbre P. Honoré de Cannes, étant de famille au couvent de Draguignan fut chargé, avec un compagnon, de la quête de la laine, dans le Haut-Var et les Basses-Alpes. On peut d’ailleurs fort bien penser, encore que dans ce cas précis, ce fut un excellent exercice d’humilité pour ledit Religieux, qu’il avait certainement mieux à faire.

La tâche fut d’ailleurs fructueuse, le P. Honoré ayant récolté cinq quintaux de laine et quantité de fromages.

Les Supérieurs de la province de Provence avaient, comme ils le firent d’ailleurs pour tous les Couvents, fixé avec précision le périmètre dans lequel les Capucins de La Seyne pouvaient ainsi quêter, périmètre assez restreint, ne comprenant, outre l’agglomération, que les Territoires de Six-Fours, Sanary et Le Beausset.

Dès la fondation du Couvent de La Seyne, se posa la question de la confession des séculiers dans la Chapelle du Monastère ; car les Constitutions des Capucins leur interdisaient par principe de confesser au Couvent. La question fut portée devant le Chapitre Général de 1625, où le 2 Juin, elle fut réglée par le P. Jean-Marie de Noto, Général, qui rendit un Décret autorisant ce Ministère, que désiraient fort les Fidèles, décret confirmé par les Congrégations Romaines, à la demande personnelle de Michel Tortel.

Pour maintenir les Religieux dans la ferveur et la régularité, les Supérieurs Généraux étaient astreints à visiter toutes les Provinces de l’Ordre, sinon tous les Couvents, et recevoir les Religieux. En 1658, le T.R.P. Simplicien de Milan, des Capucins, fut arrêté à Bordeaux dans sa visite des provinces de France, par un abcès à la cuisse, depuis le 12 avril 1658. Prévoyant que le temps lui manquerait pour visiter le Languedoc et la Provence, il y délégua son « Consulteur ». Ie RP Barthélemi de Camerino, en gualité de Visiteur Général : il lui donna tous pouvoirs, lui remettant même son sceau et comme ce Religieux était sujet à la goutte, et pouvait difficilement se déplacer à pied, il laissa sa mule à sa disposition, pour faciliter ses déplacements. Le P. Barthélemi de Camerino arriva en Provence au mois d’août, et avant de convoquer le Chapitre Provincial au Pont-Saint-Esprit, visita les divers couvents ; dont celui de La Seyne. C’est une des rares fois où ce couvent recevait une personnalité de ce genre ; en semblables circonstances les Capucins de La Seyne se réunissaient aux Religieux du Couvent de Toulon pour entendre les exhortations de leur supérieur.

 En 1664, la peste fut reconnue en septembre au terroir de Toulon, ainsi qu’un peu plus tard, à celui d’Ollioules. L’Évêque de Toulon, Mgr Louis de Forbin d’Oppède, sacré en septembre à Aix, ne put prendre possession de son Siège, l’accès de la ville lui étant interdit par les règlements sanitaires. Il s’installa d’abord à Ollioules, puis, lorsque cette localité fut contaminée à son tour, il se retira à La Seyne, et logea au Couvent des Capucins, à partir du 15 Octobre 1664. Il y exerçait des pouvoirs délégués par le Parlement d’Aix, pour la police unitaire, ce qui explique que l’initiative des « serrades » dans les deux villes pestiférées soit venue de lui. Pendant son séjour cher les capucins les PP. Maurice et Romuald de Toulon débarquèrent à La Seyne, venant de « Gigeri » en Kabylie. Ils terminaient ainsi leur mission d’aumôniers militaires, durant laquelle ils avaient accompagné les troupes toulonnaises parties châtier, dans leurs repaires kabyles, les pirates barbaresques dont l’insolence ne connaissait plus de bornes. Depuis l’installation des Capucins à La Seyne, ces pillards, en effet, avaient débarqué sur les côtes de ce terroir à maintes reprises. En 1623, par exemple, ayant débarqué « sur le rivage de la mer de Six-Fours », ils firent des esclaves dans les villages qu’ils pillèrent, volant des barques et d’autres bâtiments de mer ; en 1638 encore, devant leurs incursions, on fut obligé de placer des gardes à Balaguier et à Fabrégas. Ces incursions incessantes provoquèrent enfin une réaction énergique, et l’expédition des troupes toulonnaises, sous les ordres du Duc de Vendôme eut un plein succès. A leur arrivée à La Seyne, on fit faire aux deux Capucins une quarantaine de treize jours, dont les frais furent assumés par Mgr de Forbin ; Après quoi, ils allèrent le 9 Novembre à Toulon, pour servir leur Patrie. Le P. Maurice constata assez rapidement que le nombre des ouvriers, qui se dépensaient au service des pestiférés, était suffisant à Toulon, et au début de l’année 1665, il se dirigea vers Ollioules, où il combattit l’épidémie de peste jusqu’au mois de septembre.

Le P. Maurice n’était pas un inconnu à La Seyne, dont il avait été Gardien, du 13 Août 1655 au 15 septembre 1656. Déjà spécialisé dans cet apostolat difficile : Peste de Solliès en 1640, pestes de Marseille et de La Ciotat en 1649 et 1650, il allait accéder à une réputation internationale, en 57, par son action à Gênes. Dix ans après sa mort, survenue en 1666, le Grand Maître de l’Ordre de Malte réclamait encore son intervention dans cette ile, son nom lui ayant été indiqué par des Chevaliers génois, servant sous ses ordres. Pendant son Gardiennat à La Seyne, les autorités toulonnaises lui firent un don, vraiment exceptionnel, de 80 livres, pour son couvent, payées par un mandat, que, chose rare chez les Capucins, il acquitta en personne.

En 1669, au retour de l’expédition de Candie, où douze Capucins avaient servi sur les vaisseaux comme aumôniers militaires, il y eut un si grand nombre de malades, tant Officiers que soldats, que l’on fut contraint de loger les malades au Lazaret, au quartier de La Seyne, aux « métairies », à la maison de M. Michel Tortel, Sieur de Ramatuelle, appelée « L’Evescat », et en dernier lieu, aux Pénitents Blancs. De nombres Capucins des deux Communautés de Toulon et de La Seyne se dépensèrent à leur chevet, avec un si entier dévouement, que l’un d’entre eux, le P. Zacharie de Valréas, qui était de ce couvent, fut atteint de la fièvre, et transporté à l’infirmerie de Toulon, et y mourut le 19 octobre, fort exemplairement. Peu de jours avant ce décès, s’était tenu le Chapitre Provincial.

Le P. Ambroise de Toulon, Gardien de La Seyne, ne put s’y rendre, ayant été lui aussi admis à l’infirmerie du couvent de sa ville natale ; on peut penser que lui aussi s’était épuisé dans ces hôpitaux militaires. Le P. Ambroise d’ailleurs s’était déjà dévoué à Saint-Mandrier, au retour de la Marine toulonnaise, lors de l’affaire d’Orbitello, en 1646, dans un hôpital provisoire fait de huttes et de baraques, où jusqu’à l’arrivée des Capucins, les malades et les blessés avaient été indignement négligés, sinon exploités. Ce même P. Ambroise sera, quelques années quelques années plus tard un personnage important, puisqu’il devint Provincial de Provence du 3 septembre 1671 au 4 septembre 1674 et qu’il sera même réélu le 28 Avril 1684, demeurant en cette charge jusqu’au 14 septembre 1685, date à laquelle il démissionnera pour raison de santé.

Du 5 Septembre 1670 au 5 Mai 1673, le P. Gardien sera le P. Romuald de Toulon. C’est ce même Religieux, qui avait accompagné le P. Maurice lors de l’expédition de Kabylie en 1664, et qui avait été aussi de l’expédition de Candie. Homme d’action autant qu’homme intérieur, ses Supérieurs devaient quelques années plus tard, le charger de l’importante mission de former les Novices. En 1671, le Chapitre devait se tenir à Aix, le 4 septembre, mais malade lui aussi à cette date le P. Romuald ne put s’y rendre.

Quelques années plus tard, un autre Gardien de La Seyne, le P. Pascal de Sisteron, mourut à Toulon, le 28 Octobre 1679, où on l’avait transporté à l’Infirmerie, pour le soigner plus commodément qu’on ne pouvait le faire à La Seyne.

Ce religieux y avait vécu longtemps, soit comme Gardien, soit comme simple sujet, toujours estimé de ses confrères, dont il fut le représentant élu au Chapitre Provincial de 1676.

En 1681, le P. Bernard de Porto Mauritio, termina sa visite des Provinces de France, par celle de la Province de Provence. Il était arrivé par bateau, descendant le Rhône, venant la province de Lyon. Après un court arrêt à Pont-Saint-Esprit il arriva le 12 Mars 1681 à Avignon, où il convoqua par groupe en « congrégation », les religieux des couvents du Comtat. Le 13 avril 1681 il se rendit à Toulon, peu de jours avant le Chapitre, où il réunit les Religieux de La Seyne, Solliès et La Ciotat, après les avoir reçus tous individuellement, il les assembla, selon son habitude au Réfectoire, après l’office de nuit, pour leur adresser ses exhortations « avec une ferveur, une efficacité et une onction extraordinaires ; il resta à Toulon jusqu’au 17 Avril.

Un religieux assez remarquable, le P. Hiérothée de Correns, plusieurs fois Définiteur, résida longtemps à La Seyne, dont il fut le Gardien du 7 Septembre 1674 au 1° Mai 1676. Il y mourra peu de temps avant le Chapitre de 1684 ; il avait été Définiteur du 5 mai 1673 au 7 septembre 1674, et du Ier mai 1676 à sa mort en 1684, rare exemple de continuité dans la fonction chez les Capucins, qui aimaient volontiers les changements.

La visite que fit, en 1694, un autre Père Général, le P. Bernardin d’Arezzo, nous a été racontée dans le détail par un de ses Secrétaires ; manifestement ce Religieux n’ayant pas les mêmes soucis ou sujets de préoccupation que son Supérieur, fait du tourisme. Son récit est vivant, plein de petits faits pris sur le vif. Le Père Général, après avoir, dans les derniers jours de janvier, visité le Couvent de La Ciotat, s’embarque au port de cette ville pour Sanary. Cette courte traversée lui laissera un mauvais souvenir, car il sacrifiera au mal de mer. Aussi fut-il heureux de débarquer et gagner La Seyne par voie de terre.  A l’entrée de la ville, il y avait un grand concours de monde qui attendait le Père Général ; le P. Secrétaire est heureux de noter la bienveillance de tous ces gens, qui criaient : « Vivat ! Vivat ! » au passage du Très Révérend Père ; les décharges de mortiers et les explosions des « boettes » ajoutaient à l’allégresse générale. Mais le Père Secrétaire savait bien observer, car au-delà de ces manifestations de cordialité, il regarde les aitres, et il ne manque pas de noter que l’industrie de La Seyne est la construction de navires. Il note aussi l’importance de la ville et le déclin de Six-Fours, dont il dit même qu’elle est presque complètement abandonnée. Le 31 Janvier, la visite du couvent terminée, le P. Général partit pour Toulon ; on lui exposa qu’on pouvait s’y rendre par voie de terre, court trajet d’une bonne lieue, mais aussi par voie de mer, à travers la rade. La dernière expérience maritime était encore trop récente ; manifestement cette perspective ne tenta personne.

Que se passa-t-il au couvent de La Seyne, lors du Siège de Toulon en 1707 ?

Le couvent fut-il réquisitionné ? Nous ne savons ; les archives sont muettes à cet égard. De nombreux Seynois apportèrent leur concours aux Armées par la fabrication de fascines mais il ne semble pas que la ville de La Seyne ait autrement pâti des rigueurs de la guerre.

Une indication curieuse nous est donnée en 1738. Le P. Gardien de Pertuis signala un manque d’ honoraires pour les messes à dire dans son couvent; pour parer à cette pénurie, les couvents qui étaient surchargés lui cédèrent les honoraires des Messes en surnombre; et il faut bien croire que la générosité seynoise était plus considérable que celle des Pertuisiens puisqu’à deux reprises, cette année-là, le Père Gardien de La Seyne enverra à son confrère les honoraires pour plusieurs centaines de messes à dire, pour un total de 300 livres, ce qui n’était pas une petite somme.

Le XVIII siècle s’avançant, la mentalité des hautes sphères de l’État devint moins favorable aux Ordres Religieux.

Une Commission des Réguliers, créée en dehors de toutes les règles canoniques, fut instituée pour pourvoir à leur réforme. Le Président en fut le fameux Loménie de Brienne. Tous les couvents du Royaume furent invités à déclarer succinctement leurs origines, leur état actuel, leurs ressources, leurs réclamations.

Ces documents sont instructifs.

Voici ce que dirent d’eux-mêmes les Capucins de La Seyne.

Ayant rappelé l’historique de la fondation, conforme à ce que nous avons dit ci-dessus, le P. Gardien conclut : « J’atteste que la régularité y est observée, et que la célébration de l’Office divin s’y fait canoniquement, conformément à la Règle et à nos institutions. » Cette déclaration est du 18 mars 1771.

En 1781, après les incidents graves qui avaient opposé la Municipalité toulonnaise aux Capucins de leur ville, le P. provincial et ses Définiteurs se réunirent au Couvent de La Seyne pour examiner la situation nouvelle créée par l’irruption violente de la Municipalité dans leur couvent toulonnais. Deux Définiteurs vinrent de La Seyne prendre contact avec les Consuls ; à la suite de quoi, ces Supérieurs écrivirent une lettre à la Municipalité toulonnaise, datée de La Seyne, le 21 mai, par laquelle ils manifestaient leur entière soumission et reconnaissaient explicitement leur défaite. Cette lettre, rédigée en termes humbles et soumis, fut immédiatement communiquée à Mgr Lascaris, Evêque de Toulon, qui se trouvait pour lors, à Belgentier. Ce Prélat, qui aimait peu les capucins, semble-t-il, et qui, de toutes façons, marchait à fond avec la ville contre eux, répondit aux Consuls, le 27 mai, s’exprimant en termes désagréables pour les Supérieurs. De ce monastère, nous ne savons plus rien jusqu’à la révolution, désormais toute proche, où ce couvent sera le dernier refuge des Capucins de Provence, et leur seul couvent, réussissant à se maintenir jusqu’en 1792.


Selon le chroniqueur des Pères capucins en 1675 : « Les habitants (environ 6000 h) sont fort dévots et fort dociles, laborieux, bons matelots et bons soldats. Chacun travaille utilement, même les femmes, qui aident leurs maris au travail de leur terroir, qui est très abondant, en vins excellents et fruits de toutes sortes, et dont le climat est si admirable qu’il permet aux orangers, citronniers et grenadiers, et aux figuiers aussi de grossir prodigieusement ».

Vers 1768, 8 religieux y étaient comptabilisés.

1789 : L’établissement est mis à mal pendant la révolution.

La loi, votée par l’assemblée constituante, qui supprimait tous les ordres religieux, avait disposé que les membres des communautés, ainsi, dissoutes, qui exprimeraient leur volonté de vie en communauté, seraient regroupés, quelque soit leur Ordre d’origine, dans certaines maisons spécialement désignées à cet effet.

C’est finalement le couvent de La Seyne qui fut désigné officiellement comme maison de vie commune pour les Capucins de Provence. Ils s’y retrouvèrent au nombre de 20. En effet le seul des 24 couvents de Provence à ne pas avoir été vendu comme bien national en 1790 fut finalement mis aux enchères (« en licitation ») en 1791 et racheté par 2 acquéreurs (Perrier de Toulon, un ancien perruquier et Baussan, un constructeur de La Seyne) le 28 juillet 1791 pour la somme de 18 100 livres, qui le louèrent (fictivement ou réellement) immédiatement aux Capucins. (le 13 décembre 1790, lors de l’inventaire, huit seulement de ces chambres étaient occupées, dans lesquelles un maximum de mobilier était entassé afin de le soustraire à la vente aux enchères, considéré comme bien propre du Religieux et donc inaliénable, peut-être même sur la suggestion de la municipalité seynoise).

En 1791 la communauté des Capucins se compose de 5 prêtres, 2 frères Lais et un frère « donné », c.à.d qui n’a pas fait sa profession de foi.

Le 12 février 1792 la municipalité change, se retrouve bailleur du couvent que les Capucins louent pour un prix annuel de 905 livres.

La loi, votée par l’assemblée constituante, qui supprimait tous les ordres religieux, avait disposé que les membres des communautés, ainsi, dissoutes, qui exprimeraient leur volonté de vie en communauté, seraient regroupés, quelque soit leur Ordre d’origine, dans certaines maisons spécialement désignées à cet effet.

C’est finalement le couvent de La Seyne qui fut désigné officiellement comme maison de vie commune pour les Capucins de Provence. Ils s’y retrouvèrent au nombre de 20. Les 23 autres couvents furent vendus.

Lors du saccage par les jacobins du couvent en 1792 une centaine de seynois (sur 5000 h) ont fui sur les vaisseaux espagnols ou français vers Oneglia, Gênes, Nice ou l’île d’Elbe. Beaucoup sont revenus 2 ans plus tard, peu ont été condamnés. Plusieurs Tortel figurent sur la liste de émigrés (Louis Baudoin).

Jean Joseph Tortel lui, en tant que Juan José Tortel Maschet*, a eu un autre destin…

…la fin de la vie commune La Seyne

L’existence de cette communauté, plus d’un an après la fermeture de tous les autres couvents d’ hommes, si elle était bien acceptée des habitants de la localité, semblait aux Révolutionnaires Toulonnais et varois les plus avancés, un véritable défi. Ils résolurent donc de la détruire…La sortie du Couvent (21 religieux) eut lieu très certainement le 30 avril 1792 ainsi que l’attestent divers certificats de résidence délivrés en 1793 par la municipalité seynoise…Par délibération 24 novembre 1792, la commune débaptisera la Place des Capucins, qui s’étendait devant le Couvent pour l’appeler désormais— et avec le recul du temps, cela semble d’un humour plutôt féroce — d’un nom bien de circonstance : la place de la Liberté ! (Pierre Dubois dans « Les Capucins varois à La Seyne sur Mer »)

NDLR : Le cynisme étant probablement une tradition locale chez les édiles seynois, le chemin de Beaussier deviendra plus tard la rue Emile Combes !



Nous avons du notaire Daniel le 19 juillet 1792, venu inventorier le couvent, une description de la décoration de l’église : Une douzaine de tableaux ornaient l’église Ste Anne des Couvent des Capucins, représentant surtout des saints Capucins : St Félix de Cantalice, Saint Joseph de Leonessa, Saint Fidèle de Sigmaringen, Saint Laurent de Brindisi. Derrière le Maître Autel, entre autres peintures, un portrait de Michel Tortel le fondateur du Couvent.

1793 : Revendu comme bien national le couvent est racheté par une association de 48 seynois (dont MM. Autran, Beaussan, Barralier, Audibert, Mme Megy Vve Gautier, etc) devant Maitre Cauvin notaire à La Seyne : 12 000 livres pour le couvent et ses dépendances plus l’église, et les 3 jardins, le petit cimetière contigu pour 7 716 livres.

Malgré le départ forcé de plusieurs actionnaires contraints d’émigrer pour échapper aux massacres de la Terreur fin décembre, les propriétaires seynois sont toujours fidèles à leur acquisition dans l’espoir de la remettre aux autorités religieuses après la tourmente. Ils revendront le couvent aux curés de La Seyne, Ollioules et Ste Marie de Toulon qui eux, le donnèrent au diocèse d’Aix (l’évêché de Fréjus n’englobera tout le Var qu’en 1817).

1805 : Pour en faciliter la transmission à un établissement ecclésiastique, l’immeuble est vendu une deuxième fois par licitation le 4 vendémiaire an XIV (26 septembre 1805) à Jean Joseph Lions, capitaine d’infanterie en retraite, qui à son tour le cède pour 7480 fr (Notaire Cauvin 15 avril 1805) à MM. Vigne curé de Ste Marie de Toulon, Tardieu curé d’Olioules, et Sénès prêtre de l’église succursale de La Seyne, ces messieurs déclarant le même jour avoir agi en command au nom et en faveur de Mgr Jérome de Champion de Cicé archevêque d’Aix et d’Arles dans la perspective d’y établir un petit séminaire en septembre 1807.

« Fidèles à leurs traditions et jaloux de continuer la bonne œuvre qu’ils avaient commencée, le plus grand nombre des propriétaires cédèrent leurs actions en pur don et gratuitement… Les dits acquéreurs, signale le récit, déclarèrent le même jour avoir agi au nom et en faveur de Monseigneur Jérôme de Champion de Cicé, archevêque d’Aix et d’Arles, qui y établit un Petit Séminaire« .

1807-1812 : En septembre 1807 se fit l’ouverture du Petit Séminaire, il fonctionna pendant cinq ans ayant réuni « un assez grand nombre d’élèves. » 

Il fut fermé le 1er juillet 1812, en exécution du décret impérial de Napoléon du 15 novembre 1811 ne tolérant qu’un Petit Séminaire par département, (les écoles secondaires ecclésiastiques ne devant pas faire concurrence aux lycées et collèges).

1812-1815 :

Celui de Grasse fut donc maintenu et celui de La Seyne transformé en hôpital militaire pour les blessés des guerres napoléonniennes jusqu’à la fin de l’Empire de 1812 à 1815.

1815-1822 : pas d’affectation spéciale pendant cette période.

1824 : Nomination de Mgr de Richer sur le siège de Fréjus et Toulon qui venait d’être rétabli. Aussitôt les Seynois, qui étaient demeurés attachés au Petit Séminaire comme au vieux couvent, font une pétition au nouvel évêque pour lui demander de continuer l’œuvre de Mgr Jérôme-Marie Champion de Cicé décédé en 1810 et de rétablir une école secondaire. 

Cette demande (pourtant appuyée par le maire de La seyne M. Fauchier) reçut le refus du conseil royal (15 septembre 1826).

1825

1838 : Selon le voeu de l’évêque de Nancy, provençal de race chassé de son diocèse par la Révolution de 1830, Mgr de Forbin-Janson, qui en devint locataire pour 9 ans, (celui-ci, par ailleurs fondateur de l’Oeuvre de la Sainte-Enfance, et ayant établi l’Oeuvre de Saint-Charles qui avait pour but de créer des maisons de retraite en faveur des vétérans, des invalides du Sanctuaire) l’ancien couvent est transformé en maison de retraite pour vieux ecclésiastiques; quelques prêtres en bénéficient dès février 1839, parfois jusqu’à une vingtaine de pensionnaires, de diocèses différents…

1843 : Arrive alors Mgr Guillaume Douarre…

Laissons le père Adrien Bouvet, supérieur du Collège pendant la dernière guerre, résumer ces deux siècles d’existence de la Capucinière :

« Fermons les livres, fermons les yeux et nous verrons dans un tableau rapide toute cette histoire, d’abord un gentilhomme intrépide et loyal à sa parole, de longues files de moines, pieds nus et en bure, qui se succèdent dans un pauvre couvent pendant deux siècles pour mener une vie rude mais souriante. Mais subitement le décor change et une bande de galopins sautillants et rieurs, comme sait en produire le Midi, anime les vieux couloirs du couvent qui s’indignent de voir ainsi violer le silence et la lenteur majestueuse de ses vieux moines.

Aux joyeux éclats succèdent maintenant des théories de brancards sur lesquels sont étendus des grognards. Un moment de silence où le couvent semble se reposer dans la marche du temps, puis quelques vieux prêtres âgés viennent redonner l’illusion que les moines d’antan sont sortis de leurs tombeaux pour reprendre possession de leurs cellules. Mais arrive un évêque de 34 ans…« 

LE VIEUX MANUSCRIT

Le couvent avec ses deux étages, l’église Ste Anne (23 m de longueur avec sa sacristie) et, en avant de la porte d’entrée de l’église, la Chapelle des soeurs du Tiers Ordre « avec une espèce de jardin ».

1843 : le gouvernement a concédé le passage gratuit sur deux de ses navires en partance pour l’Océanie à Mgr Douarre accompagné de quelques missionnaires maristes. 

Guillaume Douarre, ce missionnaire de la Société de Marie et évêque d’Amata-en-Palestine, arrivait à Toulon accompagné de six Pères et quatre Frères coadjuteurs de la même Société pour prendre passage sur une flottille de l’Etat qui devait faire voile pour les Marquises… 

La légende dorée de Sainte Marie dit que 

« Leur séjour se prolongeait dans l’attente de vents favorables et chaque matin pendant neuf jours, selon le père Reboul, un des zélés missionnaires maristes, accompagné d’un frère coadjuteur, montait à pied et à jeun à la  » Bonne Mère dire la messe afin d’obtenir du ciel le prompt départ qu’ils désiraient tous. » 

(En réalité le Capitaine de Vaisseau Bruat, nommé Gouverneur des établissements français d’Océanie attendait pour embarquer que Paris ait ratifié le traité imposé par du Petit-Thouars à la reine Pomaré de Tahiti).

Leur zèle et leur dévouement depuis leur arrivée le 14 mars leur attira une telle sympathie que le 3 mai 1843, lorsque Mgr Douarre et ses compagnons s’embarquèrent à bord de la frégate  » Uranie  » « Une foule immense, évaluée à prés de trois mille personnes, couvrait les quais.

Eux partis, on pouvait penser que le rôle des Maristes à La Seyne et Toulon était terminé. 

Il n’en sera rien comme nous le verrons plus tard…

Vestige d’une porte du XVI rue d’Alsace, possiblement le départ de l’ancien chemin de Beaussier….

1852 : Les Pères Maristes achètent pour 25000 francs l’ancien couvent des capucins.

Le 29 octobre 1862 la première pierre de la chapelle Ste Marie des Maristes de La Seyne est posée…

La bénédiction est donnée le 5 novembre 1863.

Antérieurement la chapelle Ste Anne du couvent des Capucins* se trouvait à environ 25 m à l’est de la chapelle actuelle. Elle avait été bénite le 16 juin 1630. 

Une autre petite chapelle lui était mitoyenne, donnant sur la rue dans l’angle N.O. Elle était réservée aux soeurs du tiers ordre des Capucins (les « Mères des Capucins »). Elle servit d’infirmerie lors de l’épidémie de peste de 1720/21 (les 14 Capucins en étaient morts). 

Les vestiges de la petite chapelle des soeurs


« Plus tard, vers le milieu du XVIII siècle, les Syndics furent secondés par des femmes dévouées aux Capucins, qui s’occupaient plus spécialement des menues dépenses quotidiennes, qu’elles réglaient aux fournisseurs, sur le vu de billets du P. Gardien, les Fabriciers se contentant des affaires importantes, ou extraordinaires, telles que l’entretien des bâtiments par exemple. Ces femmes portaient le nom de « Mères des Capucins » parmi elles, nous connaissons la Demoiselle Marie Audibert, en fonction au milieu du XVIII siècle, dont nous savons qu’elle reçut, en 1746, les Honoraires de 55 Messes, soit 16 livres 12 sols, que la Paroisse fit dire par les Capucins. En outre, les femmes qui les recueillirent à leur expulsion du couvent en 1792, Thérèse Guigou, Veuve Daniel et Marie Fleury étaient certainement, elles aussi, des « Mères » de ces Religieux ». (Pierre Dubois)

Toujours dans cette petite chapelle une apparition mariale : Notre-Dame de La Salette

à suivre

Sources

laseyneen1900

Archives municipales

Histoire générale de La Seyne sur Mer Louis Baudoin 

Archives ISM :

LInstitution SAINTE MARIE La Seyne sur Mer 1849 – 1999 par L’Association de ses Anciens Elèves

Le Collège des RR.PP Maristes à la Seyne 1843 – 1983 rédigée par un groupe d’Anciens et éditée par l’Association Amicale des Anciens Élèves 

« Les Maristes de La Seyne, le collège des pères maristes, histoire d’une maison d’éducation catholique, de 1849 à la seconde guerre mondiale » : L. Roos-Jourdan. Conférence du 1er juin 2015 (le filet du pêcheur n°135)

Le « vieux manuscrit » disparu 

A.D. du var, sé.ie.Q.B.N., district de Toulon cité dans

Les établissements « Maristes » à La Seyne sur Mer par Louis Baudoin 1963

L’histoire d’une maison  d’éducation (Discours prononcé par M. L’abbé PAUL TERRIS Vicaire général de Mgr l’Evêque de Fréjus et Toulon 21 juillet 1882)

Les monuments religieux de L’ouest-toulonnais 2002

Annales d’Aix : Les Capucins de l’ancienne province de Lyon (1575-1660) T1

Les Capucins dans le Midi : La Seyne sur Mer 1621-1792 de Pierre Dubois

Les Seynois qui se firent Capucins


Plusieurs dizaines de seynois se firent Capucins. Leurs noms évoquent les grandes familles historiques de la ville : Tortel, Daniel, Curet, Guigou, Martinenq, Aycard…


…dont le Père Jacques de La Seyne (Henri Daniel), qui ramena de Rome en 1684 les reliques de Ste Colombe, St Clément, Célestin et Placide, « vénérées jusqu’en 1791 dans La Chapelle du Couvent », (Pierre Dubois), dont on a perdu la trace.

Les jeunes Capucins seynois, dont la famille était aisée, faisaient, avant leur Profession, un testament où ils disposaient par avance, sinon de leurs biens, du moins de leur part présumée d’héritage. Le F. Jacques de La Seyne « Henri Daniel » fit, lors de sa Profession au Couvent d’Aix, en 1662, un legs important de 300 livres. Par ordre du P. Provincial, sur ce montant, 200 livres furent affectées au Couvent de La Seyne, toujours extrêmement nécessiteux.

Le Père Henri de La Seyne

Ce neveu de l’épouse de Michel Tortel a laissé une trace de son existence sous son nom en religion : « Père Henri de La Seyne » Capucin, prédicateur.

Le Père Henri de La Seyne 1627-1701 :
« La famille Vicard, à laquelle il appartenait, était une famille importante à La Seyne et amie des Capucins. Dès leur installation, en 1621, un Vicard fut l’un des fabriciers du couvent (membre du conseil de fabrique). C’est chez un notaire Vicard, que seront passés certains actes d’achat, lors de l’agrandissement du jardin en 1662 et 1663, un Jean Vicard sera premier consul de La Seyne, en 1673. Cette même année, le Père temporel des Capucins portait également les mêmes noms et prénoms ». (Pierre Dubois)

André Vicard naquit en 1627 dans le bourg de ce nom qui commençait à peine à se former. Son père Esprit Vicard et Honorée B(e)aussier sa mère furent du nombre des premiers habitants qui vinrent s’y établir. M. Michel Tortel Seigneur de Ramatuelle, qui avait épousé la tante du jeune Vicard, venait de fonder dans ce bourg naissant, un Couvent de Capucins. Témoins de la régularité de ces Religieux et de l’austérité de leur vie, Vicard se proposa d’embrasser cet état; il reçut en effet l’habit en 1643 et entra chez les capucins de la province de Saint-Louis de Provence, où il remplit les fonctions de prédicateur et de lecteur en philosophie et en théologie et il prit le nom de Henri au lieu de celui d’André qu’il portait.

Plusieurs ouvrages du Père Henri sont à citer :un traité du Supérieur Régulier « Praelatus Religiosus » en 1672, 4 volumes in-f° de sermons « Annus Ecclesiasticus Concionatorius », et un traité de la Perfection Chrétienne en 1683.

Les progrès qu’il fit dans ses études, les succès qu’il obtint dans le ministère de la chaire, lui procurèrent les premiers emplois de son ordre. Il s’y distingua toujours, mais particulièrement dans celui de professeur, puisqu’il forma des disciples qui firent honneur à leur maitre…

– Vers la fin de ses jours, ce savant religieux se retira au couvent de Nîmes; Il mourut à Nîmes, le 18 ou 28 Mars  1701, à l’âge de 74 ans. La bibliothèque du couvent de la Seyne a été formée du produit de la vente de ses ouvrages. Elle est assez considérable et bien choisie pour le temps auquel vivait le Père Henri.

Histoire des hommes illustres de la Provence, ancienne et moderne …, Volume 1 De Claude-François Achard  (1787)

Dictionnaire de Spiritualité ascétique et mystique. Doctrine et histoire (Éditions Beauchesne)

Les Capucins dans le Midi : La Seyne sur Mer 1621-1792 de Pierre Dubois

PdP pour 3AISM.fr et laseyneen1900.fr

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