Histoire des Forges et Chantiers de la Méditerranée Le paquebot SALTA

Lancé le 3 mars 1911, le Salta est un paquebot « Vapeur Goélette » en acier à deux hélices, trois ponts, deux mâts et deux cheminées.

Le 13 mars 1911 à 11h 30, après que sa marraine (Mme Babeau) eut cassé la traditionnelle bouteille de champagne, le Salta est mis à l’eau aux chantiers de La Seyne sur Mer.

Le Commandant Magnier est en charge des essais et le 13 juillet 1911. Le navire est admis au service à Marseille avec le brevet de francisation n° 44560. Sa carrière civile est marquée par le sauvetage le 6 Octobre 1911 de 16 hommes d’équipage sur 36 du Diolabah après que celui-ci eut été heurté par sa remorque, le Liberia.

Le 11 décembre 1912, il s’échoue sans encombre au cours d’une tempête sur l’ English Bank alors qu’il se rend au port de Rio de la Plata. Ses passagers transférés sur le Formosa de la S.G.T.M., le Salta est renfloué le 12 par six remorqueurs.

La malchance continue puisqu’il est heurté le 20 janvier 1912 par le vapeur anglais Palawan au milieu de son étrave alors qu’il attendait au mouillage pour rentrer dans le port de Marseille.

Créée en mai 1865 par Paulin Talabot, la Société Générale de Transport Maritime à vapeur est un des nombreux armements marseillais ayant vu le jour grâce aux relations entre la métropole et les colonies françaises notamment l’Algérie.Spécialisée dans le transport de minerai de fer notamment avec les mines de Mokta-el-Habib près de Bône dont Talabot est directeur, il diversifie l’activité de transport en achetant 3 cargos sur le marché de l’occasion.

Néanmoins, son fondateur a d’autres ambitions et prévoit d’étendre les dessertes de la S.G.T.M. à d’autres continents : l’Amérique du Sud et surtout le Brésil grâce à l’achat de 4 paquebots d’occasion en septembre 1867. La prospérité aidant, les lignes maritimes touchent maintenant Buenos-Aires.

Rompant avec sa tradition de rachat de navires d’occasion, Talabot lance un programme de construction à partir de 1871.

Au déclenchement de la Première Guerre Mondiale, la S.G.T.M. est le 1er armement marseillais avec 25 navires en propre jaugeant 100.000 tonneaux.

LA S.G.T.M. – SOCIETE GENERALE DE TRANSPORT MARITIME

fut une compagnie de transports maritimes créée par la SAGET en 1865 et disparue en 1974.

Elle exploita des lignes au départ du port du Havre avec ses deux derniers paquebots Bretagne et Provence de 1951.

Après s’être fait racheter par Fraissinet en 1960, elle fusionna avec la compagnie Fabre et Cie, lorsque la compagnie de navigation les Chargeurs réunis prit le contrôle de Fraissinet en 1964.

Le 23 février 1910, la compagnie passa commande aux Forges et Chantiers de la Méditerranée à la Seyne sur Mer d’un paquebot devant être livré dans les douze mois et demi suivant la commande. Ce navire d’un montant de 2.704.000 francs de l’époque était destiné à la ligne de l’Amérique du Sud où la S.G.T.M.assurait le transport postal. Le Salta était inspiré des « Plata » bien qu’il fut un peu plus long et disposant d’un pont et d’une cheminée en plus qui nuisaient à sa silhouette. La S.G.T.M. passa commande en même temps d’un sister-ship le Valdivia mais cette fois aux Chantiers Ateliers de Provence à Port de Bouc.

LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

Le déclenchement de la Première Guerre Mondiale voit les grandes puissances européennes s’affronter sur les champs batailles. Triple Entente (FranceGrande-Bretagne et Russie) contre Triple Alliance (AllemagneAutriche-Hongrie et Turquie). Mais bientôt le front s’enlise et chaque offensive de part et d’autre ne fait que générer de plus en plus de morts et de blessés de chaque côté. Il faut alors évacuer ceux-ci pour les soigner.

Si les blessés français peuvent être dirigés directement sur les arrières du front, le Corps Expéditionnaire Britannique doit mettre en place un système de navette par navires hôpitaux entre le continent et l’Angleterre.

Baptisé «Hospital Ferry Service», il nécessite la réquisition de navires pour faire face aux flux croissants de blessés venant du front français.

En effet, la disponibilité en navires est facilité par la baisse du trafic commercial conséquence de la guerre. Tant les lignes d’Algérie que d’Amérique du Sud sont affectés ce qui oblige la S.G.T.M. à désarmer la majorité de ces paquebots. La compagnie de Talabot accueille donc favorablement la demande anglaise d’affrètement du Salta et du Valdivia à la fin 1914.

Le Salta est donc affrété par l’Amirauté anglaise  en février 1915 et reconverti en navire hôpital (H.M.H.S. selon la nomenclature en vigueur dans la Royal Navy – Her Majesty’s Hospital Ship). Conformément à la Convention de La Haye de 1894, le paquebot de la S.G.T.M. est repeint en blanc avec de larges bandes vertes et des insignes de la croix rouge. Cette peinture devant le mettre (théoriquement) à l’abri de toute attaque. Néanmoins, la nouvelle arme que représente le sous-marin va totalement bouleverser la donne.

Dans la nuit du 9 au 10 avril 1917, le Salta accompagné du Lanfranc Western Australia et escorte de destroyers se présente devant la base navale du Havre en provenance de Southampton. Néanmoins, dans la matinée, un patrouilleur français trouve des mines dérivantes sur rade et aussitôt décision est prise de consigner toute entrée dans le port.

A 11h 20, le Salta se présente sur la zone d’atterrage et stoppe les machines. Un patrouilleur de garde lui donne instructions de le suivre et le conduit vers le drifter anglais Diamond qui doit vérifier l’identité de chaque navire avant toute ouverture du barrage protégeant l’entrée du port. Satisfait, le drifter donne alors son feu vert et le Salta est alors autorisé à continuer sa route. Alors qu’il engaine le chenal d’accès, le commandant Eastaway ordonne au second capitaine de stopper la manœuvre et d’abattre vers le nord malgré les avertissements frénétiques du commandant du Diamond qui lui signale qu’il se précipite vers la zone où ont été vue des mines le matin même.

On su plus tard par un des officiers survivants qu’Eastaway craignait de rentrer sans pilote du fait du mauvais temps et avait voulu laisser passer les autres navires hôpitaux et les destroyers. Se sachant en danger, Eastaway prend peur et décide de battre arrière toute mais le temps est trop mauvais et le Salta dérivant, traverse la zone piégée et vient heurter une mine à 11 h 43 à un mille au nord de l’entrée du barrage. Une énorme déflagration vient de percer la coque sur l’arrière au niveau de la salle des machines et de la cale numéro trois. L’eau s’engouffre dans le navire désemparé qui prend de la gîte sur tribord et met moins de 10 minutes à couler.

Malgré la célérité des secours, l’état de la mer et les forts vents gênent les opérations de sauvetage. Le bilan humain est effroyable : sur 205 passagers et membres d’équipage, 9 infirmières, 42 blessés et 79 hommes d’équipage périssent noyés. 13 corps seulement seront retrouvés malgré les recherches.

Le naufrage du Salta fit une autre victime : le patrouilleur anglais P-26 qui sera coupé en deux par une mine lors des opérations de sauvetage.

Sources

http://www.archeosousmarine.net/hopitaux.php

Groupe de Recherche et d’Identification d’Epaves de Manche-Est

CPA Delcampe / Marius Bar

4 comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *