1-Le personnage


Portrait de George à 57 ans par Charles Marchal, validé par elle-même comme ressemblant :
«Le mien, de portrait, est un chef-d’œuvre »

De son nom de plume Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, par mariage baronne Dudevant, George Sand est une romancière, dramaturge, épistolière, critique littéraire et journaliste française, née à Paris le 1ᵉʳ juillet 1804 et morte au château de Nohant-Vic le 8 juin 1876. (Wikipédia)

1861

Elle séjourne à tamaris du 19 février au 29 mai 1861, en compagnie de son amant Alexandre Manceau, de son fils Maurice, de sa dame de compagnie Marie Caillaud et du Jeune Lucien Villot. 

Elle a 56 ans. Malgré son état toujours maladif, (elle relève d’une fièvre typhoïde) George Sand visitera les environs et se passionnera, en tant que botaniste qu’elle est, pour la nature méditerranéenne et sa flore… 

Elle en écrira d’ailleurs un roman, « Tamaris » en 1862.

2-La ville

La ville de La Seyne (qui s’est séparée de Six-Fours en 1657 alors qu’y vivaient déjà dans les hameaux 1000 habitants environ) est décrite ainsi en 1845 par Charles Poncy le poète maçon, ami de George Sand, celui qui lui proposa ce lieu de villégiature pour sa convalescence… 

« …Peu d’entre vous, lecteurs, savez ce qu’est la Seyne.

Excusez-nous de vous apprendre que c’est une fraîche petite ville, bâtie au bord de la rade de Toulon, entre la verdure qui descend du versant septentrional du cap Sicié et l’écume de la mer, La moitié de sa population se compose de charpentiers, calfats, voiliers attachés au port de Toulon ou au chantier de construction de la Seyne; un troisième quart de pêcheurs, et le dernier de cultivateurs… Le premier dimanche de juillet, auquel est renvoyée la fête qui échoit le 2, ouvriers de toutes professions, pécheurs, marins, cultivateurs, endimanchés de leurs costumes pittoresques, se réunissent sur le port. Ils viennent y recevoir les populations voisines qui accourent à la fête, et les âmes qui, après avoir été promenées dans tous les environs, reviennent sur les pyroscaphes dont un service est organisé toute l’année entre Toulon et la Seyne. Dès que la nuit est close, la ville s’illumine comme par enchantement, et sur les bords du golfe, au milieu des pins embaumés qui mêlent leurs parfums irritants aux fraîches senteurs des brises marines, l’orchestre appelle les jeunes gens à la danse, dans la salle verte, clôturée par les guirlandes d’or des genêts sauvages. 

Et Dieu sait combien de doux baisers se dérobent ou se donnent, combien d’intrigues amoureuses se nouent au son des quadrilles infatigables qui retentissent jusqu’au lever du soleil, pendant que les vieux marins se racontent leurs voyages, pendant que les pêcheurs parlent de leurs pêches miraculeuses aux graves paysans et qu’il s’établit ainsi, sur une petite échelle, il est vrai, une communion fraternelle entre l’agriculture et la navigation. »… 

Texte de Charles Poncy. (L’Illustration 1845)

3-La population

La société des Forges et Chantiers de la Méditerranée (FCM)*, créée en 1853 par Armand Behic, possède déjà une renommée internationale en matière d’architecture navale. Une cinquantaine de navires sont déjà sortis de ces chantiers dont Le Quirinal* premier navire entièrement construit par les F.C.M (pour les Messageries Maritimes) lancé en 1857, (Le n°1 a posteriori étant le Languedoc racheté avec les chantiers Taylor), Le Grand duc Constantin* pour la Compagnie Russe de Navigation la même année, etc…

1857

À partir de 1860 la surface des chantiers passe de 4 à 13 hectares. Les quais sont développés, le port et la darse d’armement approfondis. Un atelier de blindage est développé ainsi qu’un atelier de 227 mètres de long en bordure de la place de la Lune. En 1863, les chantiers sont dotés d’un ponton mâture de 50 tonnes. Les cales en bois d’origine sont remplacées dix ans plus tard par des cales en maçonnerie, dont l’une longue de 200 mètres, dite grande forme, nécessaire pour les grands paquebots.

GUIOL Jean-Pierre , La construction navale à La Seyne au 19 e siècle.

Le 14 mai 1861 le conseil municipal présidé par son maire Louis Paul Marius Estienne décide de formuler la demande d’établissement d’un bureau télégraphique dans la commune.

La chapelle de l’Institution Ste Marie* sera construite, elle, entre 1862 et 1863.

Pour mémoire ses contemporains seynois connus (qui s’illustreront pendant l’épidémie de choléra de 1865) sont, entre autres : 

Clément Daniel *(1810 1891), Nicolas Chapuy* (1826 1865), Etienne Prat* (1822 1897), Cyrus Hugues* (1823 1896)…

1861 : La Seyne entre donc dans la modernité industrielle avec la construction des navires en acier et à vapeur.

Le Toulonnais du 9 juillet 1861, rendant compte des régates* de la fête patronale* de La Seyne, écrit : 
« Il faut espérer que la commune de La Seyne qui entre journellement dans la voie du progrès offrira des prix plus positifs que les écharpes, qu’on ne trouve plus que dans les villages  les plus reculés des Basses-Alpes. » 

« Cette phrase marque, modestement, la rupture entre les Jeux d’exercice traditionnels repérables lors des fêtes patronales et les sports dits modernes … Cette entrée dans la modernité sportive se fait aussi à la même période à Saint Tropez et à Toulon avec les sociétés de régates et à Hyères avec la société et les courses hippiques. Les premiers promoteurs et acteurs de ces loisirs d’un type nouveau ont été les gens de la mer (Marine impériale et capitaines marchands tropéziens) et les aristocrates hyérois ». 

Jean-Claude Gaugain : Les origines du sport à La Seyne de 1860 à 1914, des jeux traditionnels aux sports dits modernes dans Regards sur l’Histoire de La Seyne sur mer n°2

Louis Baudoin, à propos de l’épidémie de choléra de 1865* (aujourd’hui le terme pandémie est plus utilisé) dans cette ville « industrieuse et prospère » selon son expression, met en opposition les chantiers navals, l’établissement renommé des pères maristes, l’activité florissante maritime, les élégantes villas qui poussent ça et là, ET le quartier de la Lune avec son gros-vallat, les terrains marécageux proches des rivages, la basse ville, la mauvaise qualité de l’eau des puits, etc…

1861 : 11722 habitants sont recensés dont 9070 pour la population agglomérée et 2452 pour la population éparse (St Mandrier et la campagne) / 6800 h de sexe masculin et 4600 h féminin.

1865 :(avant l’épidémie qui fit 500 morts environ) la ville compte 13 000 habitants dont 4 000 ouvriers qui travaillent aux chantiers.

1866 : 8000 h en ville et 3000 h épars = 11192 h en tout.

1872 : 7200 h la population agglomérée et 2700 h épars (9900 h en tout)

4-Le quartier

Tamaris à l’époque

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Dans l’ordre Vincent Courdouan, Eugène Dauphin, Auguste Aiguier et Henri Malfroy

Dans un cadre féérique, au bord de mer, à flanc de côteau, entouré d’une végétation de palmiers, de lauriers-roses, de pins et de mimosas, Tamaris hospitalisa George Sand, l’illustre écrivain qui …composa son roman Tamaris, qui contient d’admirables descriptions de ce coin de terre ravissant (Anonyme)

« C’est une colline couverte de pins parasols d’une beauté et d’une verdeur incomparables. Le golfe du Lazaret séparé d’un côté de la grande mer par une plage sablonneuse, vient mourir tout doucement au pied de notre escalier rustique. Au-delà de la plage, la vraie mer brise avec plus d’embarras et nous en avons, de nos lits, le spectacle. La tête sur l’oreiller, quand, au matin, on ouvre un œil, on voit au loin le temps qu’il fait par la grosseur des lignes blanches que marquent les lames. A droite le golfe s’ouvre sur la rade de Toulon, encadrées de ses hautes montagnes pelées, d’un gris rosé par le soleil couchant. Tout cela est d’un pittoresque, d’un déchiré, d’un doux, d’un brusque, d’un suave, d’un vaste et d’un contrasté que ton imagination peut se représenter avec ses plus heureuses couleurs »… 

(George Sand Correspondance À M. CHARLES DUVERNET, À NEVERS Tamaris, 24 février 1861.)

« On dit que c’est plus beau que le fameux Bosphore, et je le crois de confiance; car je n’avais rien rêvé de pareil, et notre pauvre France, que l’on quitte toujours pour chercher mieux, est ce qu’il y a de mieux. »

(George Sand Correspondance À M. CHARLES DUVERNET, À NEVERS Tamaris, 24 février 1861.)

« C’est un endroit sublime…de tous les côtés nous dominons des vues immenses…mer, forêts, montagnes…le vrai pays de la lumière »

« La vue…était si bien composée…que je restai un instant comme en extase »

Autour de la bastide Trucy, de la Rouve au Lazaret on relève en majorité des cultivateurs et des pêcheurs. Quelques autres professions sont à noter :

À la Rouve (p281) : au couvent de la Présentation 11 religieuses autour de la mère supérieure dont 5 professeurs.

Au quartier des Mouissèques (p282) : Ravel Joseph fabriquant de briques 36 ans, Marie Coupini sa femme 32 ans et Rose, Etienne et Louis leurs enfants,

À l’éguillette (p283) : un Vincent Carle fabriquant de briques et sa famille, un Cappeau Bonaventure gardien de batterie au fort (en 1866 Aimé Mayol p 332),

L’ éguillette en 1860 (!)

un La Loy gardien du fort de Balaguier et sa famille (un Toussaint Mathieu et un Charles Denaissance en 1866), un aubergiste Christin Joseph et sa famille, Ambroise Estienne cabaretier propriétaire et sa famille, un Fouques Joseph brigadier des douanes, 4 préposés des douanes en famille (p286).

Au Manteau (p287) : un fabriquant tuilier André Delanneau.

1874

Aux Sablettes : À l’époque…où George Sand vint séjourner à Tamaris (1861), le poète Charles Poncy, son ami, possédait sur le rivage même des Sablettes une petite bastide, très rustique, bien provençale, de la terrasse de laquelle il pouvait contempler sans aucune construction voisine gênante, un immense horizon marin.

Vue postérieure à 1880

L’habitation la plus rapprochée de Poncy, aux Sablettes, était celle d’un beau vieillard, originaire de La Seyne, qui s’appelait M. Pellegrin, lequel fut l’aïeul de M. Lange Pellegrin* qui, de son vivant, fut propriétaire du premier établissement de bains de mer et du Grand Hôtel de Tamaris.

(Déjà, le quartier était infesté de fourmis et, au dire de Poncy, le père Pellegrin leur faisait une guerre sans pitié en même temps qu’il s’obstinait à reconstruire une petite digue que les houles de l’hiver démolissaient constamment).

Par la suite, Charles Poncy vendit sa bastidette que son acquéreur transforma en four à cuire le pain et en boulangerie.

Au quartier St Elme : un lieutenant des douanes , un brigadier des douanes , 3 préposés, le gardien du fort. Saint-Elme en 1861 est un modeste hameau de pêcheurs, pas de villas ni de restaurants, pas encore de  petit port-abri, pas de jetée protectrice des tempêtes de la Méditerranée.

Au quartier du « Lazareth » : un médecin de marine en retraite.

« La côte occidentale, entre Balaguier et les Sablettes n’offrait que des marécages inextricables au point que les premiers habitants de La Seyne fixés dans les hameaux de Tortel, Beaussier ou Cavaillon ne pouvaient pas y accéder, aucune voie ne les reliant aux rivages du Lazaret. Toutes ces raisons expliquent la rareté des présences humaines aux XVe et XVIe siècles ».

« Jusqu’aux environs de 1880, les maisons furent peu nombreuses sur ce littoral »…

Louis Baudoin Histoire De La Seyne

Après 1860

À propos du fort Caire :

« Comme je discutais l’excellence de son climat, sur lequel il (M. Pasquali).se faisait, au reste, peu d’illusions, nous passâmes au pied du fort Napoléon, l’ancien fort Caire, dont la prise assura celle de Toulon et fut le premier exploit militaire et stratégique du jeune Bonaparte en 93. Je ne pus résister au désir de gravir le talus rocheux qui nous séparait du fort à travers les chênes-liéges, les pins et les innombrables touffes de bruyère arborescente qui commençaient à ouvrir leurs panaches blancs. Nous atteignîmes le sommet de la colline, et je contemplai une autre vue moins gracieuse, mais plus immense que celle de Tamaris, toute la chaîne calcaire des montagnes de la Sainte-Baume, la petite rade de Toulon et la ville en face de moi, à l’ouest une échappée sur les côtes pittoresques de la Ciotat ». (Tamaris G.S)

À propos du Mai :

« Au pied de la chapelle le précipice est vertigineux. On plonge à pic et parfois en encorbellement sur la mer. La paroi est très belle…C’est un spectacle désordonné, une fantaisie grandiose… »

« Le bleu de la mer qui commence sous nos pieds se confond avec celui du zénith. C’est fantastique, c’est beau comme dans un rêve »

Quant à la liaison maritime entre La Seyne et Toulon, « Après quelques péripéties générées par la concurrence entre deux bateaux, sous l’impulsion de M. Nouvel le fonctionnement de deux navettes dont le Fasche-d’Ore entre La Seyne et Toulon devient régulier et des plus satisfaisant au dire des usagers ».

C’est d’ailleurs ce qu’en dira George Sand lors de son séjour :

« Dans vingt minutes on effectue la plus délicieuse des traversées ».

5-La bastide « Les tamarins »

« Bonne nuit à l’hôtel de la Croix-d’or à Toulon, hôtel très propre. Crampes d’estomac en me levant. Ça se passe. On emporte nos malles et nous partons vers midi par un joli temps frais, dans une barque qui nous mène à la voile avec un peu de houle et un joli soleil, à notre nouvelle résidence. Une demi-heure de route à peu près. Nous débarquons au pied d’un escalier rustique et nous grimpons en quelques minutes à notre nouveau castuc (château) dont on n’aperçoit que le toit au milieu des pins. L’endroit est ravissant. A demain la description. La maison est jolie, bourgeoise et petite, mais tout-à-fait propre et des hôtes charmants, M. et Mme Trucy, le mari avoué, très bien, excellent homme et pas trop vulgaire, la femme qui a été très jolie et très aimable. Désirée et Solange qui sont venues avec nous, nous aident à nous installer, avec l’aide d’André, le beau-frère de Poncy qui a apporté nos malles par terre avec une charrette. On déballe, on range, on choisit ses chambres. Il y a de la place tout juste, mais c’est si propre et la vue est si belle ! Poncy vient nous voir avec sa nièce Anaïs qui est jolie et gracieuse. Désirée nous fait à diner. Ils partent tous à 5 h. Nous les reconduisons un bout de chemin. Le pays est adorable et me rappelle Majorque. La flore est toute nouvelle pour moi. Je mets sous presse un arum et un ophrysmouche inconnus. Les amandiers énormes sont en pleines fleurs ».

Vue tardive postérieure à 1880

« La maison… badigeonnée en jaune rosé à la mode du pays, couverte en tuiles courbes, six fenêtres en façade, contrevents verts… »

Une vue de la maison après 1891

« une terrasse pavée en briques (les belles briques vernissées en rouge de la localité), un berceau en fer ».

Le rez de-chaussée est occupé par

« un salon grand pour la maison, assez grand pour nous, affligé d’un piano titine dont le son fait grincer des dents, mais qui sert de table pour mettre les livres »

et dans le fond

« un divan espèce de lit… couvert en toile grise Le coffre sert de cave. Le papier est fort laid ».

La maison après 1891 :

« Les Freirets » à l’horizon
Ici après les modifications apportées par le propriétaire suivant

Récupération du médaillon de la façade de la villa George Sand en 1975

« Photos prises lors de la démolition de la villa en 1975, qui nous ont été aimablement communiquées par M. Florian Ferraris, petit fils de M. Aimé Ferraris, maçon à la Seyne de 1939 à 1990 » (Site Marius Autran)

1975 La démolition

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Ce médaillon en terre cuite fut posé sur la bastide en 1891 et placé au musée de Balaguier lorsque la bastide fut démolie en 1975.

« La reconstruction des Sablettes » (Carine Calafato-Calba)

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Extraits du diaporama sur « La reconstruction des Sablettes » réalisé par Carine Calafato-Calba conseillère pédagogique arts visuels Var (publié par Irène Lebeau)

6-Localisation de la bastide Trucy

Recherches de Jean-Claude Autran : http://jcautran.free.fr/forum/george_sand.html#9

7-L’après George Sand

Elle retrouvera la villa Trucy; et pour quelques heures seulement, ainsi que les grès de Sainte-Anne et Montrieux, en 1868, au retour de vacances passées auprès de la future Mme Juliette Adam dans les Alpes-Maritimes :

 » Monter à Tamaris, c’était toujours une fatigante corvée, soit qu’on y vint de La Seyne par l’abominable chemin de l’Abattoir où l’on pataugeait jusqu’aux chevilles, soit qu’on y vint des Sablettes en longeant les sentiers marécageux du rivage. «  

 » Comme tout est changé, bon Dieu, depuis lors ! « . 

George Sand

« … M. Noël Verlaque, ancien ingénieur en chef des Chantiers et chasseur passionné, habitant son domaine du Crotton, faisait, accompagné de ses chiens d’arrêt si nous en croyons Poncy, des hécatombes de gibier d’eau aux abords des terres marécageuses des Sablettes, qui étaient peuplées de macreuses, de sarcelles, de canards, foulques et autres échassiers de diverses espèces.

Noël Verlaque prit sa retraite le 1er janvier 1872, après avoir été à la tête des chantiers pendant 17 ans, et fit construire cette belle villa des Sablettes que nous avons bien connue, à quelques mètres de l’actuelle école primaire Léo Lagrange, où il espérait vivre une retraite paisible dans ce quartier à peine peuplé de rares habitations de campagnes et de quelques cabanes de pêcheurs. Cette villa fit cependant bien des jaloux – qui l’appelaient pompeusement le Château Verlaque. il fut même alors accusé de malversations ! Sans doute s’en consola-t-il en exploitant de son mieux, les richesses extraordinaires des immenses espaces marécageux qui entouraient sa demeure et où croissaient les joncs et les siagno protecteurs d’une riche faune aquatique de bécassines, foulques, canards, sarcelles et autres variétés d’échassiers et de palmipèdes – sans parler des anguilles qui en sortaient pour prendre leur bain dans les eaux du Lazaret. Tout cela faisait le bonheur de M. Verlaque grand amateur du gibier d’eau qu’il tirait de ses postes de chasse bien dissimulés. Un beau chien d’arrêt remarquablement dressé se chargeait de rapporter les victimes. Comme les chasses étaient très fructueuses en ce temps-là, M. Verlaque invitait ses amis à de joyeux festins gastronomiques ».

Louis Baudoin

1877-1881 construction de la digue de la rade

« Située, en effet, au fond de la baie qui porte son nom, cette station paisible et ravissante est limitée à l’est par la pointe de Balaguier et à l’ouest par la villa qui a abrité pendant quelque temps l’illustre romancier. Protégé contre la violence des vents du nord par un vaste rideau de collines couvertes de pins et de beaux chênes lièges qui l’entourent d’une ceinture de verdure, Tamaris est baigné sur toute sa longueur par les flots de la Méditerranée ; et, grâce à la digue qui ferme la rade de Toulon, cette baie a été transformée en un lac doux et tranquille, que les ouragans ne peuvent agiter et dont les eaux reflètent continuellement l’éclat du ciel. C’est à peine si le souffle tiède et moelleux de la brise fait frissonner cette onde paisible en la caressant. A droite se déroule la belle plage des Sablettes, tandis qu’à gauche s’étale la grande rade de Toulon avec sa longue jetée derrière laquelle se profilent en pénombre les hauteurs de Giens et des îles d’Hyères. Enfin, les collines et la presqu’île de Saint-Mandrier forment le fond du tableau. » 

Tamaris, Sablettes-les-Bains, près la Seyne-sur-Mer Var et les environs, par le Dr Paul Sauze,… Guide pour le malade et le touriste – 1888

 » Un beau chemin carrossable qui domine le flot relie maintenant les Sablettes à Tamaris. Là où il n’existait que des cabanes de pêcheurs et de sordides bastides, presque le désert, des villas splendides ont poussé comme par enchantement et les bateaux à vapeur y débarquent directement de Toulon, des visiteurs par centaines toutes les heures « .

Charles Poncy vers 1889

 » Capricieux souverain dans ses vastes domaines, ce pacha archi millionnaire ne peut admettre que l’on s’occupe, en dehors de lui, de ce merveilleux coin de terre dont il a d’abord, il est vrai, assaini les marécages, mais qu’il a gâté depuis lors journellement au double point de vue de la nature et de l’art. 

Les pittoresques et gracieuses collines de Tamaris immortalisées dans leurs beautés naturelles par George Sand ont été sillonnées par lui d’incompréhensibles tranchées, de chemins irréguliers et sans issue, et par suite découronnées de leurs magnifiques ombrages « . 

Echos de Tamaris, journal provincial hebdomadaire paru dans les années 1890 et dirigé par M. Paul Coffinières.

« L’établissement balnéaire des Sablettes avec ses annexes, son Grand Hôtel, qui devint plus tard le « Golf Hôtel », ne furent construits qu’après l’achèvement du domaine et de la station de Tamaris par Michel-Pacha qui, d’après Charles Poncy, eut à vaincre passablement d’obstacles et de difficultés pour réaliser toutes ses créations…« 

Louis Baudoin

L’écrivain français George Sand (Aurore Dupin 1804-1876) 1864, photo de Nadar, document colorisé · Nadar / bridgemanimages.com
Auguste Charpentier (1813-1880). Portrait de George Sand (1804-1876), vers l’âge de 33 ans, écrivain français. Huile sur toile, vers 1837. Paris, musée de la Vie romantique.

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