La généalogie des de Jouëtte :

Trois prénoms en R pour trois générations de conchyliculteurs, ces parqueurs qui exploitèrent leurs fermes aquacoles dans la petite rade de Toulon : Les de Jouëtte. 

René 1847-1933*

Roger 1884-1954*

Robert 1924-2024*

-Dans l’ascendance des de Jouëtte on peut remonter jusqu’à Nicolas JOUËT ou JOUETTE, écuyer, conseiller du Roi, contrôleur général des deniers de police (décès en 1746). 

-Son fils Pierre-Jacques dit Philippe est lui aussi« contrôleur général des trésoriers-payeurs des deniers de police de Paris (et fauxbourgs) », écuyer et conseiller du Roi.

-Le fils  de Pierre-Jacques (décédé lui en 1775), Hilaire, est le premier officier de l’armée coloniale. Il sera recensé en 1828-34 comme ancien propriétaire colon de Saint-Domingue, ex exploitant d’une cafèterie (bien avant 1789 donc). Décès en 1797. Hilaire, région d’origine Paris, exploite une Cafétérie, Officier, Franc Maçon.

-Louis Mathias de Jouette le fils d’Hilaire né en 1769 est lui aussi militaire de l’armée coloniale à Saint-Domingue. Il épousera à la Jamaïque Jeanne Renée Françoise Gabrielle de Ponthieu sa cousine (car Hilaire et Louis de P. Le père de Jeanne, lui aussi officier colonial, ont épousé deux soeurs), elle même issue d’une famille du Poitou « de noblesse immémoriale ». 

Les de Ponthieu

Croix de l’ordre Royal Militaire de St-Louis (23 mai 1796)

Lettre de Chevalier de l’ordre de St-Louis (4 juin 1816)

Nomination au commandement du 23e régiment de la Manche (17 novembre 1820)

Louis-Charles comte de Ponthieu, originaire de Bordeaux,(Famille noble originaire de Saint-Jean-d’Angély (Charente-inférieure), seigneur de Breuil de Chives) est lui aussi recensé en 1828-34 comme ayant exploité une cafèterie à Saint-Domingue.

Jeanne Renée et Louis Mathias ont un seul fils Louis Paul Jules né à Kingston. Jeanne Renée décède en 1806 et Louis Mathias épouse en 1808 sa soeur Pauline Elisabeth de Ponthieu veuve de William Augustin de Guiran.


Contrat de mariage de Louis Mathias de Jouette et de Pauline Elisabeth de Guiran (1808)

Les familles de Jouëtte et de Ponthieu rentrent en France en juin 1815. 

Rappel sur la traite des noirs et l’esclavage :

L’esclavage fut aboli en 1794 par la Convention, une des assemblées de la Révolution Française, abolition suivie d’effets à St Domingue, la Guadeloupe et, plus ou moins, la Guyane. 

Dès 1799, l’arrivée au pouvoir de Napoléon, du fait des troubles dans les Antilles, la non-application de l’abolition, et après un intense lobbying, le camp esclavagiste obtient le rétablissement de l’esclavage par Napoléon par l’abrogation progressive du décret du 16 pluviôse an II (4 février 1794). 

Celui-ci rétablit l’esclavage par la loi du 20 mai 1802 pour des raisons géopolitiques (la canne à sucre) et d’ordre public afin de redonner le pouvoir aux administrateurs blancs de la métropole. 

Toussaint-Louverture, général noir de la Révolution, d’abord allié, fait sécession et enclenche le processus qui va mener, malgré sa capitulation, à l’indépendance d’Haiti.

De retour au pouvoir pendant les Cent Jours, Napoléon Ier abolit la traite des noirs mais pas l’esclavage avec un décret du 29 mars 1815. 

Il monte alors une expédition maritime, reprend Saint-Domingue, la Guadeloupe et la Martinique et laisse ses généraux rétablir l’esclavage dans les colonies, selon la loi de 1802, esclavage qui se maintiendra même lorsque ces colonies seront reprises par les occupants Anglais, puis même pendant la première Restauration et la seconde, et aussi pendant la monarchie de juillet de Louis Philippe 1er.

L’esclavage sera aboli sous la Monarchie de Juillet, le 27 avril 1848 (Victor Schoelcher).     

(Source : « Napoléon Bonaparte, la traite des noirs et l’esclavage, 20 mai 1802 et 29 mars 1815 » par Thierry Lentz historien, directeur de la Fondation Napoléon)                                                

Nomination au grade de colonel (19 juin 1816) de Louis Mathias de Jouette

Louis Mathias y continuera sa carrière militaire jusqu’en 1821.

Il décèdera en 1830 à Corbeil-Essonnes. Elisabeth Pauline de Ponthieu décèdera, elle, le 24 mars 1848.

-Son fils Louis Paul bachelier ès-lettres en 1821 deviendra percepteur à la Marche dans les Vosges, nommé au grade de sergent-major à la garde nationale. Il épousera Bathilde Laprévotte en 1835 avec laquelle il aura trois enfants dont Henri Louis « René » né le 20 août 1847 à Lamarche dans les Vosges, le seul qui aura une descendance. Décès en 1873.

-René et son frère Paul Nicolas, les de J étant installés à Marseille, partent en Corse monter des parcs à huîtres et à moules, à Ajaccio et à Bastia.

En 1881 René se marie avec Claire Lavie dont la famille paternelle (cinq générations de coloniaux) vivait aussi à Saint-Domingue à la même époque que les de J. et les de P.

Résumé de la généalogie Jouëtte / Lavie

1700 L’arbre généalogique remonte jusqu’à Nicolas JOUËT ou JOUETTE, écuyer, conseiller du Roi, contrôleur général des deniers de police.

Au XVIIIe  les officiers coloniaux Hilaire le petit-fils  et son fils Louis Mathias sont à Saint-Domingue. Les deux ont épousé 2 soeurs (!) de Ponthieu, filles d’un officier colonial aussi.

Louis Mathias et Jeanne de P. ont un fils Louis Paul Jules né à Kingston. Jeanne décède, LM épouse une autre soeur de Jeanne, Elisabeth Pauline, veuve elle aussi.

1791 1804 : La révolution haïtienne Victoire des rebelles haïtiens, Abolition de l’esclavage en Haïti, Indépendance d’Haïti, Massacre de la population blanche…

1802 Tentative de rétablissement de l’esclavage à Saint-Domingue, à la Guadeloupe et à la Martinique.

1815 Tout ce beau monde rentre en France.

Louis Paul leur fils, percepteur dans les Vosges, aura 3 enfants dont René 1847, le seul qui aura une descendance, et Paul Nicolas. Installés d’abord à Marseille ils partent en Corse pour monter des parcs à huitres et moules.

1881 : René se marie avec Claire Lavie (cinq générations de coloniaux de Saint-Domingue) dont le grand-père, Marc François, qui avait été ruiné par l’invasion prussienne de 1792, s’installe à Constantine en 1837, l’Algérie devenant une colonie de peuplement, achète des moulins arabes situés aux Chutes du Rhumel et fonde une minoterie devenue par la suite une des plus importantes de l’Algérie . Ses enfants y développent l’entreprise : minoterie, huilerie, semoulerie et créent tout le secteur hydro-electrique de Constantine. Une interconnexion avec la Compagnie du Gaz et de l’Electricité pour la France et l’Algérie va permettre des échanges de courant entre la région de Philippeville et celle de Constantine. Seul son fils Léon Lavie, le père de Claire, ingénieur, part se fixer à Marseille, achète des moulins, y développe la ressource hydraulique et obtient une concession pour la fourniture de l’eau ( un siphon passe sous la voie et ressurgit dans le jardin zoologique pour rejoindre le Palais Longchamp). Le pavillon du partage des eaux « Le Torre », avenue des Chutes-Lavie, figure aujourd’hui à l’inventaire général du patrimoine culturel.

Histoire de l’aquaculture locale* : René de Jouëtte

Histoire de l’aquaculture locale* : le volet scientifique

Source

www.domingino.de/stdomin/colons

3 comments

  1. Passionnante exposition qui a fait découvrir à une partie de la famille de Jouëtte de Toulon beaucoup d’aspects mal connus de la famille de Jouëtte. Merci à M. Da Prato l’organisateur de cette exposition

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