(André Vincent Abraham / Abran (1797-1875)

La corderie Abran

« …un vaste espace rempli de terrains vagues où, autrefois s’échelonnaient des chantiers de constructions maritimes, des hangars et une importante usine, la corderie Abran, (pour être au plus près des petits chantiers de construction navale) dont les clients les plus notables étaient l’arsenal de Toulon et la f1otte marchande. Antérieurement, cette corderie avait appartenu aux sieurs Daniel et Cruvellier ; elle est mentionnée dans un acte du 16 Septembre 1777 ( M° Pothonnier, notaire à La Seyne ). Cette fabrique occupait l’emplacement de l’îlôt Verlaque* rasé après la guerre de 1939-1945, les bombardements ayant détruit les immeubles de cet Îlot ». (LB)

« Au XVIIIe les corderies sont actives mais elles entravent la circulation dans les rues car elles étirent leur cordes depuis les Capucins (Maristes) vers le port…D’où procès… Mais les registres de la Communauté ne rendent pas compte vraiment de l’activité de construction navale, encore artisanale, nécessaire d’abord au commerce du vin. Par contre elle impose des taxes sur les bâtiments de mer et le commerce du vin ». (Catherine Gervois)

La Corderie

Sont répertoriées à la fin de l’ancien régime « les fabriques de cordages, filins, agrès pour la Marine royale, les armateurs de la région et les constructeurs de bateaux. Cette industrie, également active, comprenait des ateliers d’importance variable, depuis la grande usine, dont la plus considérable à La Seyne, fut la Corderie Abran*, à la Lune, jusqu’aux humbles ouvriers installés en divers lieux de la ville (dont le chemin Aimé Genoud). D’ailleurs, les besoins étaient grands, tant pour les vaisseaux du roi que pour les navires marchands, et encore davantage en temps de guerre. »(LB)

*Le conseil municipal sous la présidence de M. Barry Antoine Léonard, sur délibération du 1er mai 1853, décide d’aliéner ( de vendre à 2,15 fr le m2 ) au sieur Abran André fabricant de cordes un terrain communal de 1421,20 m2 au quartier de la lune, à la fois pour exonérer la commune d’une partie de ses dettes, en fait pour financer pour partie l’achat d’une maison d’école, mais aussi pour favoriser l’industrie de la fabrication des cordes à laquelle se rattache l’existence d’un grand nombre d’ouvriers cordiers. (p303).

Le conseil vote aussi dans la même session la vente d’un autre terrain communal (1710 m2 à raison de 1,50 fr le m2) quartier de la lune au bout de l’esplanade de la corderie aux frères Gautier (André Marius et Antoine Alexis), toujours pour pour « exonérer la commune d’une partie de ses dettes, (financer pour partie l’achat d’une maison d’école aliénée par le sieur Aycard) et aussi pour favoriser l’industrie de la fabrication des cordes à laquelle se rattache l’existence d’un grand nombre d’ouvriers cordiers ».

Une importante fabrique de cordages, propriété de M. Abran toujours, avait été édifiée sur d’importants terrains jouxtant l’ancienne route de la Colle d’Artaud (Donicarde), qui fut utilisée lors de sa cessation d’activité comme entrepôts de marchandises, plus tard acquise par les Coopérateurs du Midi, , puis par le Centre Hermès (Direction des Impôts).

La place Benoît Frachon actuelle s’appelait d’ailleurs à l’époque place de la Corderie. (anciennement place Saint-Lambert, puis place de La Lune et place Noël Verlaque avant la dénomination actuelle).

Par similitude avec Marseille, elle aurait pu s’appeler « la Canebière« …(nom venant du provençal « Canebe », chanvre, qui perpétue le souvenir des cordiers installés sur le site)

« À la grande époque de la marine à voile, chaque navire réclame une grande quantité de cordage, de toutes natures.

Au XVIIIe siècle, Un vaisseau de 74 canons va ainsi emporter près de 84 tonnes de cordages, devant être très résistants pour maintenir la mâture, manœuvrer les voiles, attacher les canons, retenir les ancres… Les cordages sont fabriqués par torsion de centaines de fils de chanvre, résistants car ancre et canon de gros calibre pèsent jusqu’à 4 tonnes. Ils sont goudronnées le plus souvent pour résister à l’eau de mer.

Un vaisseau de 50 canons nécessite 200 kms de cordages.

En Europe, le chanvre va devenir la principale fibre utilisée pour confectionner les cordages, de par sa facilité de culture et, surtout, son prix modique. Les fibres de chanvre atteignent une longueur de 60 à 80 centimètres et se prêtent bien à la fabrication de fil.

Façade d’un immeuble à Toulon

La longueur « normale » d’un cordage est de 200 mètres environ. C’est ce que l’on appelle une encablure. Cela va entrainer le recours à des bâtiments d’une longueur correspondante ». (wikipedia)

Annuaire 1862

Corderie

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À cette époque, la place était très marécageuse. Avant d’être assainie, elle abritait, dans des immeubles souvent insalubres de la rue Nicolas Chapuis*, une population d’ouvriers immigrés principalement italiens. En 1865, le dernier choléra* s’y déclenche fera plus de 500 morts en trois mois !

La Donicarde et le centre Hermès de l’avenue Charles Gide (ex Bd de la Corderie) portent encore le souvenir de ces « grands bâtiments de l’importante filature et corderie Abran. avec le bar de la Corderie au bas du chemin des eaux.

 A noter que le prolongement du boulevard de la Corderie (actuelle avenue Charles Gide) vers le nord fut baptisé boulevard Henri Pétin*, industriel, l’un des propriétaires de la corderie Abran (on trouve d’ailleurs un cordier Scarzello à la Donicarde travaillant chez Pétin), maire de La Seyne (1904-1908) et député du Var. »(MA)

La succession Abran

Le 4 mars 1875 eut lieu, par devant Adolphe Vivion notaire à la résidence de Six-Fours, canton de La Seyne, arrondissement de Toulon, dans la maison de campagne des frères Abran au quartier Donicarde le partage des biens des père et mère Abran entre les 10 héritiers*, biens estimés à 102 000 francs (immobiliers plus les 40 000 francs de la vente par le sieur Abran André Vincent maître cordier récemment décédé (1797-1875) de son immeuble du quai de la Lune le 15 janvier 1863 à la Compagnie des Forges et Chantiers qui est en pleine expansion.

*Les 10 héritiers :

François Xavier Roch ABRAN (1831-X), Laurent Camille ABRAN (1829-1898), Isaac Vincent ABRAN (1823-1891), André Benoit ABRAN, Marie Thérèse Rosalie ABRAN (1821-1903), Marie-Madeleine ABRAN (1826-1884), Constance Aglaë ABRAN (1833-1904), Victoire Marie Désirée ABRAN (soeur Victorine) (1835-X), Thérèse Marie ABRAN (1837-X) et Laurence Anne Marie ABRAN*.

André Vincent Abraham / Abran (1797-1875) et Marie Thérèse Suzanne Berny (1803-1862, se sont mariés en 1820. Deux de leurs enfants seront cordiers comme leur père, Vincent Isaac maître cordier (1823-1891), et Camille Laurent (1829-1898) fabricant de cordages. Les deux autres garçons seront maîtres mécaniciens civils.

Vincent Abran conseiller municipal en 1820

Les parents de Mme Abran née Berny sont Félix Marie Berny et Marie Rosalie Thérèse Tortel (1777-1820) qui est la sœur de Jean Joseph Tortel* (1772-1842), un constructeur de navires seynois ayant brusquement émigré lors des évènements de 1793, après le saccage du couvent des Capucins et qui deviendra le premier corsaire chilien, commandant intérimaire de la marine, commandant de la première force navale chilienne, commandant des Arsenaux de Marine au Chili qui s’éteignit à Valparaiso à l’âge de 70 ans.

(Le père de Jean Joseph et de Marie Rosalie Thérèse s’appelait…Jean Joseph Tortel, navigant, Capitaine de bâtiment, né en 1722, l’un des cinq enfants de Jean Tortel et Marguerite Prat).

Ses biens (vendus aux enchères publiques et plusieurs fois revendus) à La Seyne entrèrent dans la succession Abran.

Le sieur Abran qui avait dirigé maints ateliers de cordes et de corderie, dont sur la place « de la lune », de Donicarde au centre Hermès actuel, dans la montée Aimé Genoud (en lieu et place de l’ actuelle AMIQ  « Jean Baptiste Coste »), possédait une immense propriété allait du chemin des eaux au chemin rural 132 (Aimé Genoud aujourd’hui) décrite sur l’acte :

*à savoir une propriété de terre sise au terroir de La Seyne, quartier de Tortel, implantée de vignes, oliviers, d’arbres fruitiers, avec un bâtiment de maître, à midi d’icelle, plus un droit de servitude sur une aire à fouler les grains*, le tout situé au terroir de la Seyne.

*Cette aire de battage « à fouler le grain » dont je m’estime copropriétaire en indivision, fait l’objet d’un litige, un procès démarré il y a plus de 10 ans, (sur lequel tous les différents projets immobiliers ont été condamnés par jugement, la ville ayant été déboutée) qui connaitra peut-être enfin son épilogue bientôt, toutes les procédures dilatoires de la partie adverse ayant été épuisées, l’affaire devant donc enfin être jugée sur le fond en janvier 2023…(PdP)… toujours pas en octobre…

À droite sur la photo Charles Abran(d) de Tortel classe 1918

laseyneen1900.fr/2022/11/03/a-propos-du-patronyme-abran-a-la-seyne/*

Sources

Archives familles seynoises

dossiersinventaire.maregionsud.fr

Wikipedia

jcautran.free.fr/archives_familiales (MA)

Histoire générale de La Seyne sur mer 1965 Louis Baudouin (LB)

Catherine Gervois

seynoise.free.fr/seyne_ancienne_et_moderne/chapitres_baudoin

 seynoise.free.fr/seyne_ancienne_et_moderne/filet_du_pecheur/1982

Les anciennes salles de spectacle de La Seyne sur mer Rencontre-débat à la Maison du Patrimoine 2013 (Jean-Claude Autran et Marc Quiviger)

Né-Pla », un hommage, une création de La 7e Vague (la-seyne.fr)

Iconographies Christian Calabrèse

Généanet

Delcampe

www.musee-marine.fr

archives.la-seyne.fr/documents-numerises/registres-de-deliberation

6 comments

  1. Bonjour
    je suis justement à la recherche de renseignements sur la famille Abran car Eugène Abran (1879 1965) avait épousé ma grand mère Madeleine Méléro au Maroc autour de 1943 44. Ils ont fini leur vie à Toulon au « chateau du mourillon » une demeure bourgeoise qui se trouvait à quelques pas du fort Lamalgue, ou vivait la fille de Eugène Abran qui avait épousé le Dr Risterucci aussi conseiller municipal à Toulon. Y a t il des descendants? c’est ma quête

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