L’étymologie et les expressions provençales…

« Le jour de la bugade (lessive en Provençal ) était un jour pénible et important pour les femmes et leurs enfants. 

Cependant malgré la brouette pesante que l’on poussait à tour de rôle, la longue marche et les grandes côtes pour se rendre de la ville aux sources des Moulières où l’on trouvait de l’eau limpide en abondance, cela reste un souvenir de jour de joie pour Eugénie né le 14 janvier 1905 à la Seyne-sur-Mer. 

Tôt le matin, sa grand-mère et sa mère se rendaient avec d’autres ménagères et leurs enfants de la rue Isnard où elles habitaient jusqu’aux portes de la forêt de Janas au creux du vallon de L’Oïde. 

Il en fallait du courage et de la force pour pousser la brouette chargée à ras bord de linge, plus les battoirs, la lessiveuse, le trépied pour faire bouillir les draps et les serviettes sans oublier le repas du midi et la goûtette mais la bonne humeur, les bavardages et les chansons reprises en chœur faisaient en partie oublier la peine. 

Eugénie savait que la bugade terminée , le linge bouilli au fur et à mesure puis étalé sur l’herbe au soleil pour qu’il soit plus blanc, elle partirait avec sa grand-mère et quelques amis pour faire la  goûtette (le goûter) à la belle pierre . 

Autrefois c’était là au milieu de la forêt que la grand-mère venait faire sa bugade quand l’eau de la source était plus abondante. Elle préférait cet endroit même si c’était encore plus loin car elle y était plus tranquille disait-elle. 

Elle aimait y retourner pour retrouver cette tranquillité au cœur de la forêt de Janas qui lui rappelait un coin de sa Ligurie natale et elle racontait à sa petite fille sa vie d’autrefois encore plus rude que celle de ce début de siècle, d’avant la Grande guerre ». 

Souvenir d’Eugénie Abbona née Perucca recueillis par sa fille Nicole Lanata née Abbona.

Fête du Patrimoine Pernes-les-Fontaines
l’hôtel des bavardes, le moulin à paroles, la chambre des députés, etc… 

« On y blanchit mal le linge mais on y salit bien les gens “

« Uno bouano bugadiero a toujou espouca sa parièro » (une bonne lavandière a toujours éclaboussé sa voisine).

LA GRANDE BUÉE

(https://espritdepays.com/patrimoines-en-perigord/patrimoine-bati-du-perigord/les-lavoirs-du-perigord/lessives-dautrefois-techniques-de-lavage)

Autrefois, faire la lessive se disait « faire la buée » ou « faire la bue », termes à l’origine de l’étymologie de buanderie et de buerie.

Les petites lessives ou « petites buées » avaient lieu une fois par semaine, généralement le lundi, pour des petites quantités de linge, essentiellement des vêtements. Le linge était lavé chez soi puis on venait le rincer au lavoir.

Les familles plus aisées faisaient appel aux lavandières, des laveuses professionnelles, qui allaient au lavoir tous les jours.

Dès le XIIe siècle, la lessive du gros linge s’effectue une fois l’an, après les fêtes de Pâques. Puis, les lessives sont devenues plus fréquentes. Au début du XIXe siècle, on parle des « grandes lessives » ou « grandes buées » qui s’effectuaient au printemps et à l’automne. Après un long et dur travail de préparation et de coulées du linge dans les buanderies, le linge était rincé au lavoir.

Les grandes lessives d’autrefois s’effectuaient généralement aux époques où il y avait peu de travaux aux champs. Au XIXe siècle, les lessives prenaient plusieurs formes :

Les grandes lessives ou « grandes buées » (« bugado » du celte bugat, lessive) étaient des opérations d’envergure, qui avaient lieu une fois à l’automne et une fois au printemps. On comprend pourquoi les trousseaux de l’époque était aussi volumineux. Dans les familles aisées, une grande buée pouvait compter, en moyenne, 70 draps, autant de chemises, et des dizaines de torchons et de mouchoirs. C’était l’occasion de s’entraider entre voisines.

En fonction du volume de linge à laver, les grandes buées duraient plusieurs jours, généralement trois appelés « Purgatoire », « Enfer » et « Paradis ».

Au premier jour, nommé « Purgatoire », avait lieu le triage puis le trempage : dans un cuvier, on disposait le linge en couches. Une fois rempli, le cuvier était rempli d’eau froide. Le linge y trempait toute la nuit pour éliminer un maximum de crasse.

Le deuxième jour, nommé « Enfer », on vidait l’eau de trempage, puis on procédait au « coulage » en arrosant régulièrement le cuvier avec de l’eau de plus en plus chaude, puis bouillante, parfois parfumée avec des plantes aromatiques (lavande, thym, ortie, laurier selon les régions), l’eau s’écoulant par la bonde au fond du cuvier. Ce jour était appelé « l’Enfer » à cause des vapeurs qui se dégageaient du linge bouilli une bonne demi-journée et touillé de temps à autre à l’aide d’un grand pieu solide.

Le troisième jour, nommé « Paradis », le linge refroidi était conduit au lavoir pour y être battu (le battoir permettait d’extraire le maximum d’eau de lessive), rincé et essoré. Quand ce travail était terminé, le linge était alors ramené au foyer pour y être séché. Le linge retrouvait sa pureté originelle, d’où le nom de « Paradis » donné à cette journée.

Ces grandes lessives d’autrefois donnaient lieu à de grandes fêtes, avec repas festifs, souvent préparés par les grands-mères…

Avant l’utilisation du savon, et avant la commercialisation de la lessive, apparue plus tardivement, le lavage s’effectuait avec ce que l’on trouvait dans la nature. Les lessives d’autrefois se faisaient avec des plantes telles que la saponaire. De la famille des Caryophyllaceae, la saponaire doit son nom au fait que ses tiges et ses rhizomes contiennent des saponines, des agents chimiques faisant mousser l’eau et leur permettant d’être utilisées comme substitut du savon, d’où ses autres noms d’herbe à savon, savonnière ou herbe à femme. On en connaît en tout une vingtaine d’espèces, le plus souvent méditerranéennes.

On utilisait également la cendre de bois, et ce, jusqu’au début du XX° . Les sels de potasse contenus dans la cendre constituaient un excellent détachant. Les meilleures cendres étaient celles de fougère ou de certains bois de fruitiers, de charme ou d’orme, mais il fallait éviter celles de chêne et de châtaignier, car leur forte teneur en tanin pouvait tacher le linge. Les cendres provenaient du fourneau de l’habitation. Elles étaient stockées, tamisées et mises dans des sacs de jute destinés à garnir le fond du cuvier.

Les cendres lessivées, un mélange de carbonate de potassium et de chlorure de potassium que l’on appelait « la charrée » (le « jus » de lessive), servaient à nettoyer le sol, ou bien finir au jardin comme engrais. Le bicarbonate de potassium est aussi un bon fongicide.

On pouvait aussi ajouter diverses préparations pour assouplir, parfumer et blanchir le linge : des racines de saponaire pour assouplir, des rhizomes d’iris ou des branches de laurier pour parfumer la lessive, des orties en décoction pour blanchir. Faire la lessive en lune montante contribuait – parait-il – à rendre le linge plus blanc. Des boules de bleu outremer plongées dans la dernière eau de rinçage permettaient également de blanchir le linge. Ce bleu extrait du lapis-lazuli – qui coûtait fort cher, mais qui était particulièrement efficace – fut par la suite synthétisé et commercialisé, dès 1831, sous la marque « Guimet ». On retrouve aujourd’hui son principe azurant dans les particules bleues de nos lessives en poudre.

Et puis vint le savon…

La fabrication du savon dans la région :

http://www.laseyneen1900.fr/2020/08/01/la-fabrique-du-savon/*

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