Le Kairouan fut mis sur cale le 23 Juin 1940 sous le n° 1247 aux Forges & Chantiers de la Méditerranée. (1444 mises à l’eau en 138 ans).
Le lancement de ce paquebot, destiné aux lignes de l’Afrique du Nord, s’est effectué le samedi 17 janvier 1942 pour le compte de la Compagnie de navigation mixte. (« L’Illustration » n°5160 31 janvier 1942)
Une énigme en 7 indices
En 7 indices…
LA SOLUTION
Indice n°1
Issu d’une nombreuse et haute lignée,
ma descendance est aujourd’hui éteinte…
Le Kairouan fut mis sur cale le 23 Juin 1940 sous le n°1247 aux Forges & Chantiers de la Méditerranée. (1444 mises à l’eau en 138 ans)
Indice n°2
Sur mon berceau, c’est une fée seynoise qui s’est penchée
Mais bien d’autres sont intervenues
pour m’aider à devenir un performeur…
Alsthom, Mayer, Marcellin, les chantiers de La Ciotat, toutes ces entreprises qui ont concouru à sa construction,
à ses réparations et à son renflouage lui ont valu cette réputation de paquebot de tous les coups durs…
Mais aussi de tous les records ! (Bernard Bernadac)
Indice n°3
Il faut vous dire que né en temps de guerre
Cela m’a vraiment beaucoup miné…
Retrouvé dérivant en pleine mer à Carqueiranne (!) après avoir cassé ses amarres (voir indice 4), une mine magnétique éclate près de sa coque, coulant un de ses remorqueurs ! (Mars 43)
Plus tard le Kairouan est volontairement miné (ainsi que le Virgilio) par les allemands pour être coulé afin de bloquer l’entrée de la passe ! (Août 44)
En Mars 43, la guerre ayant pour effet de bloquer l’avancement du navire, il est relégué amarré à une bouée devant les chantiers, sans gardien à bord.
Un coup de Mistral et il casse ses amarres et par miracle ne vient pas se drosser contre la grande jetée, il s’arrête dans la passe, bloqué par les filets de protection anti torpilles !
Indice n°4
Pour autant, dans toute cette période
Je ne peux pas dire que j’ai traversé une mauvaise passe…
Indice n°5
Longtemps la tête sous l’eau, j’ai cru pouvoir m’en sortir,
Mais c’était pour y replonger de plus belle,
Car là, dans cette période, j’avais vraiment touché le fond…
Après moultes péripéties il n’est enfin renfloué grâce à l’entreprise Auguste Marcellin que le…9 Novembre 1947 !
Indice n°6
Une fois relancé dans ma carrière, j’ai fait mordre la poussière à tous mes concurrents
Parfois même je leur jetais des balais pour bien marquer ma supériorité
Leur défaite avait un goût amer, je dirais même plutôt salé…
La CNM, son commanditaire, prend en mains (grâce à une contribution de la Marine Marchande) la réparation totale du navire , qui entre au bassin des FCM le 10 Novembre 47. Après d’autres aléas techniques sévères le Kairouan reprend du service 28 Février 1951 à destination d’Alger. Il est alors le navire le plus rapide de la Méditerranée. Il humilie tous les paquebots qu’il dépasse dont le « Ville d’Alger » de la Transat autour duquel il effectue un cercle complet, sirène bloquée, ainsi que d’autres dont le Lyautey de la Compagnie Paquet qu’il « enrhume » en le doublant ! C’est à cette occasion que selon une tradition maritime vexatoire rarement utilisée, les vieux balais du Kairouan sont jetés en direction du navire vaincu…
Indice n °7
Je fus un trait d’union entre deux continents.
Sur la Méditerranée j’étais le plus rapide.
On me surnommait …le paquebot d’une nuit
Affecté aux voyages transméditerranéens, le Kairouan était surnommé le paquebot d’une nuit.
L’histoire du Kairouan revêt une valeur hautement symbolique, tant en ce qui concerne les liens entre la Compagnie de Navigation Mixte et les Forges et Chantiers de la Méditerranée , qu’en ce qui concerne ma propre histoire d’amour avec La Seyne comme le montre ce diaporama.
La Compagnie de navigation mixte (C.N.M) est une compagnie maritime française active de 1850 à 1981, dont l’histoire est liée aux colonies françaises en Afrique du nord.Sa première commande, le « du Tremblay », elle le fit au bassin Taylor à La Seyne sur mer, qui deviendra les Forges et Chantiers de la Méditerranée (F.C.M)…La C.N.M restera l’un des plus fidèles clients des F.C.M jusqu’à la création de la Compagnie Générale transméditerranéenne en 1969. Les Forges et Chantiers de la Méditerranée seront mises en cessation d’activité à partir du 1er juillet 1966. La reprise de la société fut effectuée par les CNIM… »Les chantiers prennent alors le nom de Constructions Navales et Industrielles de la Méditerranée (CNIM), dirigées par le groupe Herlicq, un groupe franco-belge aux multiples ramifications, qui entreprend des efforts de reconversion dans diverses activités «terrestres».. En 1973, les chantiers de La Seyne-sur-Mer employaient plus de 5 000 personnes, mais à partir de 1975, la situation se dégrade, conséquence des deux chocs pétroliers et de la montée de la concurrence japonaise et américaine
En décembre 1982, le site de La Seyne est réuni avec celui de Dunkerque et de La Ciotat dans la NORMED (chantiers du Nord et de la Méditerranée.). Cependant les nouvelles directives européennes, les surcapacités de production et la décision du gouvernement français de couper les aides en 1986 conduisent la NORMED à déposer le bilan et les chantiers cessent toute activité en 1987. Une importante crise sociale touche alors les villes de La Seyne et de La Ciotat. La dernière commande de la C.N.M aux F.C.M de La Seyne fut le car-ferry « l’Avenir » lancé le 21 Juin 1966.
Il fit naufrage en 1985…Tout un symbole…
Sources
Bernard Bernadac – Le paquebot Kairouan
Association Sillages : Les pionniers-Les conquérants
Claude Bonnefoy : Revue des Supélec (Flux mars-avril 2005)
maitres-du-vent.blogspot.com
paras.forumsactifs.net
marine-marchande.net
delamarejean.free.fr
babelouedstory.com
fr.wikipedia.org
delcampe.net
cparama.com
exode1962.fr
la-croix.com
alger-roi.fr
D.I hebdomadaire du 19/01/1942 « Une étape de notre redressement : Le lancement du Kairouan »
« L’Illustration » du 31 janvier 1942 n°5160
In memoriam Claude Achard (cf la vierge de Matemore de la cathédrale Notre-Dame-de-la-Seds de Toulon rapatriée en France sur le Kairouan)
Mise en forme PdP pour La Seyne en 1900.