Robert de Jouëtte (Toulon 1924)

Robert le dernier des conchyliculteurs de Jouëtte, fils de Roger*, petit-fils de René* qui fut le premier à réussir à élever l’huître méditerranéenne, dut faire face à la suspension de l’élevage des coquillages dans la rade pour insalubrité en 1949, jusqu’à la création de l’émissaire et la construction de la marinière du Pin Rolland en 1952, puis il dut lutter, étant président du syndicat des mytiliculteurs, pour la vente libre des coquillages. Dès 1974 Robert le premier pisciculteur dans la rade, y élevait des loups, des daurades et des truites de mer  !

Robert de J. (01/11/1945 date anniversaire de ses 21 ans)

Au XXe siècle


1949-1951

Le 31/12/49 l’insalubrité est déclarée, l ’élevage des coquillages en rade de Toulon est suspendu.

Les épaves des navires de guerre obstruent la rade, les évacuations à la mer sont défectueuses, les équipages des navires y déversent leurs détritus, de même que l’arsenal. 

Dans les années 50, Balaguier comptait quatre parcs à moules qui appartenaient à Robert De Jouette, Jules Accardo et Roger Estienne.

La famille Estienne est  recensée à Balaguier depuis les années 1770. L ’ancêtre, Thomas, né à Cuges en 1744, cultivateur, lui-même fils d’un cultivateur et sa femme née à Gémenos, s’installent à Balaguier vers les années 1770, Thomas Estienne achète une parcelle en bordure de mer où la vigne pousse sur les coteaux orientés vers l’Est…. (voir l’histoire du père Louis*, cette modeste guinguette fondée en 1790 qui deviendra un restaurant réputé)

 

La surveillance sanitaire était très sévère car à plusieurs reprises la vente des moules a été interdite en raison de l’insalubrité des eaux de la rade et ce jusqu’à la construction d’un émissaire commun d’évacuation des eaux polluées mis en service le 11 novembre 1951. Il faudra attendre 1952, la création de I’émissaire et la construction de la Marinière pour que l’administration autorise l’exploitation de 60 parcs.. 

1957

« En 1957, le 6 février, les concessions de parcs à moules sont délivrées sous réserve du passage des coquillages dans un bassin d’épuration, dénommé «  La Marinière » qui a fonctionné du 01 septembre 1959 à 1993 à Pin Rolland. » À partir du 27 août 1959 les moules élevées dans les parcs de Tamaris et du Lazaret seront désormais en vente libre sur le marché national après un traitement adéquat dans la station d’épuration du Pin Rolland. (La moule dite « de Toulon » de qualité reconnue dans toute l’Europe, ne pouvait prétendre, en toute sécurité, à sa commercialisation depuis 1951).

1966

20 05 1966 La presse régionale (Nice matin) se fait l’écho de l’inquiétude des parqueurs sur l’avenir de leurs exploitations dans les eaux du parc toujours déclarées insalubres depuis le 31/12/49.

Toujours dans cette même année Monsieur Vallauris l’ ancien champion de boxe dont la terrasse du bar-tabac s’étend à deux pas de la mer, de l’ancien casino de Tamaris et de la villa de George Sand, ne peut même pas proposer à sa clientèle la dégustation dans son établissement des moules de tamaris.

Engagé pour la défense de l’aquaculture seynoise

Robert de Jouëtte le très dynamique président du syndicat des mytiliculteurs mène alors le combat de la levée du classement en insalubrité de La rade, ainsi que pour la vente libre, arguments à l’appui ( le départ d’une partie de la flotte de guerre et surtout la mise en service de l’émissaire commun rejetant les égouts de Toulon et de La Seyne au large du Sicié).

Robert fait un réquisitoire contre le bassin d’épuration de Saint-Mandrier « moyen de prestige et de propagande » devenu passage obligé pour les parqueurs, coûteux (« la moule fiscale » selon son expression ) monopolistique et inutile d’après eux. (République 17 juin 1966)

« L’équité viendrait qu’on contrôle la salubrité des produits chez les revendeurs concomitamment aux moules venant d’autres régions », les concessions ayant été attribuées dans l’intervalle notamment à Cette (Sète actuelle) où il n’y a pas d’épuration et ou même les professionnels peuvent temporairement protester contre la pollution de leurs eaux. 

République : La même année, la presse relate une table ronde à La Frégate autour de Robert où siégèrent les représentants, directeurs et/ou propriétaires des 60 entreprises qui connaissent une terrible agonie dans la baie du lazaret toujours jugée zone insalubre… (17/06/66 P. Carvalan))

1970

« La confiance doit revenir »

(Le Provençal 28/01/70)

Robert de Jouëtte et le syndicat des mytiliculteurs sont reçus à la DDS à Draguignan (on y évoque les brebis galeuses, ces huit parqueurs suspectés de ne pas faire stabuler leurs moules dans le parc de la Marinière  (la stabulisation équivaut à la pasteurisation des produits laitiers). Cette fois-ci Robert fait un plaidoyer en faveur de la Marinière ! Dans ces années 60, la production annuelle des coquillages atteignait les 1400 tonnes (aujourd’hui 100 tonnes…)

1973

 « Mangez des coquillages !  »

(11/09/73 République)

La salubrité des produits issus des parcs français est confirmée dont ceux de Balaguier, Tamaris et le Lazaret car passant par la station d’épuration de la Marinière du Pin Rolland (qui fonctionnera jusqu’en 1993).

« Les fruits de mer font santé de fer »

1979

16/02/79 République : l’article montre Robert qui élève fièrement depuis le 15/05/74 des loups, des daurades et des truites de mer dans la rade, une reproduction artificielle grâce à l’institut Michel-Pacha.

Pour les daurades, les petits poissons sont livrés par la société d’alimentation et de recherche biologique à Lyon ainsi que la nourriture adéquate sous forme de granulés spéciaux. Pour les loups pas de problème en deux ans et demi on obtient des loups de 400 g. Par contre les truites (d’abord les alevins puis les truitelles) subiront une acclimatation progressive à la salinité. 

Aujourd’hui 

La baie du Lazaret située entre La Seyne-sur-Mer et Saint-Mandrier-sur-Mer accueille des activités d’aquaculture durable et raisonnée (cinq fermes aquacoles qui élèvent loups et daurades dont la plus importante, la ferme Cachalot), de qualité, avec la garantie du respect de l’environnement selon un contrat de baie de la rade de toulon et propose la vente en circuit-court pour valoriser les produits de la pêche. (Les perles de Tamaris, la maison Giol, Pierre et le loup, L’huîtrière de Tamaris, etc), le Var étant l’un des seuls départements français à expérimenter une Unité d’Exploitation et de Gestion Concertée.

Sources :

Victor Coste et la révolution aquatique du XIXe siècle (Olivier Levasseur)

persee.fr

Voyage d’exploration sur le littoral de la France et de l’Italie (Victor Coste, 1855)

La revue maritime et coloniale vol.123 :

Bulletin des pêches maritimes de la revue maritime et coloniale (M. Vinson sous-commissaire de la marine septembre 1894)

Rapports du Jury international, vol. 8 à 9 de Paris (France). Exposition universelle de 1889

Les procédés actuels de la mytiliculture en France (H.F.A. Marchand 1915)

Archives familiales, les archives à la Jamaïque et le CAOM à Aix en Provence.

geneanet.org (Alain Anquetin)

Généalogie et Histoire de la Caraïbe numéro 190 Mars 2006, numéro 238 Juillet-Août 2010 

archives-nationales.culture.gouv.fr

domingino.de/stdomin/colons

gallica.bnf.fr

Le Brégaillon des « Sans Culottes » (Jo Dechiffre journaliste local)

petitsproducteurslocaux.com

Jean Bouvet journaliste local

Histoire de la famille Estienne à Balaguier 

(Monique Estienne, Geneviève Bauquin dans histpat-laseyne.net 2014 : De la mer à la table) 

metropoletpm.fr

ifremer.fr

tourisme-ouest var

memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr

Notice historique sur les forts de l’ éguillette et de Balaguier (Marius Autran)

« Les mytiliculteurs de Toulon connaitront-ils un renouveau ? » (Nice matin 20 05 1966) 

« La grande misère de la mytiliculture » (République P. Carlavan 17/06/66)

« La confiance doit revenir » (Le Provençal 28/01/70)

« Mangez des coquillages » (République 11/09/73)

« Un mytiliculteur élève des loups et des truites de mer dans la rade de Toulon » (République François Kibler 16/02/79 )

Remerciements

Robert de jouëtte

2023

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