C’est Joseph Pons de Ferry, né à La Roquebrussane, qui fut le premier noble verrier de La Seyne sur Mer , « près des ci-devant Capucins », c’est à dire sur l’actuelle place Germain Loro, faisant face à l’entrée de l’Institution Ste Marie

En 1783

La Verrerie Ferry (1760-1830 env.)

 Deux familles de verriers en Provence, deux dynasties pourrait-on dire, se sont illustrées, au XIVe siècle, les Tartarin (d’abord à Saint-Maximin, puis à Goult dans le Luberon) et les Ferry pour le XV siècle, des verriers italiens qui introduisirent en France « certains secrets et l’esthétique des maîtres de Murano à Venise ».

La maison de Ferry est une des plus anciennes de Provence.

Elle est originaire d’Italie.

Le plus ancien membre connu est Jean de Ferry, né en 1333, écuyer, verrier à Lantea (Royaume de Naples) ou venant de Altare dans la région de Gênes  (diocèse de Noli)

Son fils, Nicolas de Ferry, lui aussi écuyer, vivait en 1400. Il eut deux enfants : Perrin de Ferry qui résidait en Italie, et Benoit de Ferry, qui vint se fixer en Provence.

Benoît Ferry et les siens, distingués dès 1447 par le roi René, bénéficieront d’immunités et de privilèges. 

A l’instar des Tartarin, ils quitteront le Var en 1458 pour le Vaucluse, Avignon d’abord, puis de là à Goult où, dès 1470, le roi René, grand amateur de verre peints, vint les voir travailler. 

A la suite d’une commande de verres « moult bariolés » (que René offrira à son neveu Louis XI début mai 1476), par lettres patentes du 13 juillet 1476, Nicolas de Ferry (Nicolas de Ferres), le fils aîné de Benoît, est nommé verrier du roi et officier de sa maison. C’est la consécration.

Cette très grande famille de maîtres-verriers multipliera ses verreries artisanales tant en Basse-Provence qu’en Haute-Provence et ce, jusqu’au milieu du XIXe siècle :

Lorsque René d’Anjou, roi de Naples et de Sicile, comte de Provence, fut chassé de ses états d’Italie par Alphonse, roi d’Aragon, Benoit de Ferry s’attacha à la destinée de ce prince et le suivit en Provence.

« Le Roy René voulant reconnaître par des bienfaits l’affection et l’attachement que Benoit de Ferry luy avait témoigné en le suivant dans sa comté de Provence, luy accorda la franchise des tailles des biens dont il avait déjà fait acquisition ou qu’il pourrait acquérir jusques à la concurrence d’un demy feu, comme aussy la franchise de tous dons, subcides, impost, gabelles et autres droits, tant à raison de ses fonds qu’il avait acquis dans la communauté d’Agoult, que du commerce de ses verres, tant dès le présent que pour l’avenir, privilèges et immunités qui devaient se transporter à ses enfans, et d’yceux à leur postérité. Pour toutes ces franchises et immunités accordées par ce prince au dit Benoit de Ferre et à postérité, on ne scaurait douter du rang et de la noblesse du dit Benoit de Ferre, puisqu’on sçait que les souverains n’ont jamais accordé des privilèges de franchises, de tailles des biens fonds qu’à des familles de noble de race, ou qu’ils ont eu noble avant et lors même qui leur ont accordé des immunités et franchises. »

C’est donc près du village de Goult et de l’abbaye de Valsainte que Benoit de Ferry (Benedetto Ferro) établit des verreries et donna la plus grande étendue à cette industrie naissante dans cette contrée.

Dès ce moment, la famille de Ferry se voua à la fabrication du verre, et presque tous les établissements de ce genre qui ont existé en Provence ont été créés et possédés par elle.

Les deux autres frères de Benoit, Jean et Galiot, exerçaient aussi la profession de verrier. Les faveurs royales furent constituées à cette famille : Charles VIII, François Ier, Charles IX, Louis XIII confirmèrent et leur accordèrent des privilèges.

Les descendants de Nicolas, de Jean et de Galiot, forts dynamiques, donnèrent naissance, au fil du temps, à environ une trentaine de sous branches qui iront essaimer un peu partout en France et à l’étranger.

Les trois enfants de Benoit de Ferry formèrent trois branches, dont deux en Provence et une en Dauphiné, laquelle vint ensuite se réunir aux deux premières.

De la branche de Nicolas « sont sortis plusieurs grands hommes, dont la France a tiré de grands services, soit dans la guerre que pour l’église et dans le génie. »

Deux des fils de Galiot s’allèrent à la puissante maison de Simiane, à laquelle Pauline de Grignan, petite fille de Madame de Sévigné, appartenait par son mari Louis de Simiane, lieutenant-général en Provence. L’ainé, François de Ferry, épousa Catherine de Simiane ; et Jean de Ferry, Antoinette de Simiane, soeur de la précédente….

Un troisième fils né à Goult, dans le Vaucluse, est Raphael de Ferry (1490-1552), verrier à Citeaux, dont l’un des enfants Barthélémy eut, entre autre descendance, Joseph de Ferre lui même père de François de La Roquebrussane dont un fils Jacques Joseph (né en 1659) eut trois enfants dont Jean Baptiste (né en 1692) qui, lui, eut cinq enfants dont Joseph Pons en 1737. (Sources Généanet)

C’est ce Joseph Pons de Ferry*, né à La Roquebrussane, qui fut le premier noble verrier de La Seyne sur Mer , « près des ci-devant Capucins », sur l’actuelle place Germain Loro, face à l’entrée du collège des Maristes.

L’îlot (« Quadrilatère Germain Loro ») en 1827

Lui et sa femme Marie Madeleine Touron (Thouron,Thollon,Toulon) auront 10 enfants dont huit naitront à La Seyne. La verrerie de Ferry fut exploitée sans interruption jusqu’en 1789 (fabrication du verre blanc au moyen d’un four à deux places, correspondant aux «pots» dans lesquels la matière vitrifiée est obtenue)

« Au XVIIIe siècle…nous trouvons…
Avenue du Port (Saturnin-Fabre) et quai du Regonfle (Gabriel-Péri) habitaient une famille de Ferry (des maîtres verriers), des Denans (officiers de marine), des Daniel, des Beaussier, des Pourquier (armateurs), des Lauzet (chirurgiens), des Curet (constructeurs navals), etc. »

                                                                      Louis Baudoin

Au fil des recensements (Mariages, baptêmes, etc) on comprend bien que ces gentilshommes verriers évoluent dans la classe sociale des procureurs, avocats, chirurgiens et autres officiers supérieurs…

On peut faire remonter l’activité de la verrerie Ferry à 1760 environ (l’ainé de la fratrie issue de Joseph Pons et Marie Magdeleine est né à La Seyne en 1763).

Elle en occupait tout l’angle Sud-Est avec une entrée sur la place séminaire face aux capucins et une autre dans la rue séminaire future rue Etienne Prat.

Sur le cadastre de 1783, on voit la verrerie, les chais à l’Est, et au confront Nord-Ouest La Chapelle du saint-Esprit.

En 1793 Jean François Ferry 29 ans habite rue des cy-devant capucins.

La Révolution abolit les corporations et tous les privilèges, y compris ceux des gentilshommes verriers.

De plus, l’augmentation du prix du bois condamnait à terme l’artisanat verrier.

L’autorisation de rétablir dans la commune la verrerie dont l’activité fut suspendue à la révolution fut demandée par les deux ainés de Joseph Pons, Les sieurs Jean-Joseph et Jean-Baptiste Léon Ferry, et obtenue de Napoléon le 23 Octobre 1811 (leur père étant probablement décédé).

Plus question d’utiliser du bois de la région pour alimenter le four dont la consommation nécessaire à son fonctionnement était considérable…

Sous la Restauration, l’administration intervient dans le domaine industriel et réglemente étroitement cette activité.




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L’îlot en 1827

Sur les archives du Var ( Eléments pour servir à l’histoire et à la géographie industrielles de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur du début du XIXe siècle à nos jours par ©2015 Frédéric Ogé PRODIG CNRS Paris ) des Verreries, sans plus de précisions, sont référencées en 1811 à La Seyne.

Pas de précision pour La Seyne mais on sait que « la dernière verrerie construite au lieu-dit Catalan en 1830 à Simiane, fonctionna avec seulement 5 ouvriers pour la production de bouteilles soufflées et de dames-jeannes.

Sa production ne devait pas dépasser les 15 à 20 tonnes. La perte quasi-totale du vignoble, dès 1877, a certainement porté le coup de grâce à l’entreprise.

Après le décès de Paul-Émile de Ferry de Fontnouvelle, gentilhomme verrier, dernier maître artisan, Catalan fermera ses portes en 1889, tout juste avant l’apparition d’ateliers de fabrication semi-automatique d’objets courants, fonctionnant à la houille.

Les fabrications semi-automatiques, relayées au XXe siècle par le tout-automatique, même pour le flaconnage de luxe, reléguaient l’habileté manuelle et le soufflage du verre dans quelques niches, celles de l’artisanat d’art et de ses productions coûteuses et donc confidentielles »…

 …Cette situation signera probablement aussi l’arrêt définitif de la verrerie seynoise.

1845 : Aucune verrerie n’est plus recensée aux archives départementales (« Renseignements statistiques sur l’industrie » 01/08/1845)

-1846 : Joseph Ferry 36 ans, fils de Jean-Joseph (delle Ferry, Ferre ou Deferre) verrier seynois, est ouvrier verrier « en voyage » d’après le recensement (2 place séminaire) où vivent Augustine Héraud 32 ans, trois enfants d’un premier lit, et sa mère Joséphine Belin veuve Pothonier…

1851 : On retrouve Joséphine, Léon Héraud son gendre maitre calfat de 49 ans, sa femme Augustine et leur fille Joséphine de 15 ans. 

1856 : Plus de verrerie et pas encore de boulangerie.

« Le four de verrier de la place des Capucins devint plus tard un four de boulanger qui fut exploité par un sieur Héraud, parent des de Ferry ».(Louis Baudoin)

L’un des cinq enfants de Jean Joseph (Ferry,Ferre,Deferre ou delle Ferry), Joseph François Désiré Ferry né en 1810  est recensé comme ancien verrier propriétaire et boulanger.

Au n°3 de la place séminaire vivent Léon Héraud maître calfat retraité 55 ans, sa femme Augustine 43 ans, Joséphine et Louis leurs enfants de 18 et 4 ans, et la belle-mère de Léon Joséphine Belin veuve (L)Ami. (p101)

1872 : Au n°4 place séminaire vit Léon Héraud 72 ans maitre boulanger avec sa femme Augustine Ami 58 ans, Louis Héraud 21 ans leur fils boulanger, Augustine Chauvet 40 ans nièce de Léon, et Joseph Ferry 62 ans, sans profession, cousin de Léon le chef de ménage. (p72).

Au 12 on trouve Ange Coupini tuilier 64 ans, Louise Bérraud sa femme 56 ans, et leur fils Marcelin tuilier de 26 ans.

1876 : Place séminaire Au n°2 les Héraud avec la nièce Augustine Chauvet aveugle et Joseph Duferry 66 ans.

1881 : Place séminaire au n°4 vivent Louis Héraud 30 ans boulanger, fils de Léon H. 82 ans retraité et de Ami Augustine 68 ans, sa femme Rose Valentin et leur fils Léon de 8 ans.

Au n°10 on recense Germain Loro et sa famille et au n°12 Louise Coupiny veuve et son fils Lazare tuilier. (p228)

1886 : Léon H. 86 ans, Louis 34 ans boulanger avec sa femme Rosa Valentin, leur fils Léon de 13 ans et Fery Joseph 76 ans un « parent » sont place séminaire. (p257)

1886 : Au n°9 du Bd du 4 Septembre est recensée Virginie Éloise Baudoin 28 ans et ses trois filles Augustine Infernet 12 ans, Jeanne Adélaïde 9 ans et Marguerite 10 mois.

Le mari Marius Infernet* mécanicien principal de la Marine est alors en Afrique, le mariage ayant eu lieu en 1873 lui étant second maître mécanicien.

http://www.laseyneen1900.fr/2020/07/28/marius-francois-auguste-infernet/*

1891 : Place séminaire n°4 on retrouve Louis Héraud le boulanger de 39 ans, Rose sa femme du même âge et leurs deux enfants Léon (18) et Marie.

Au 10 Jacques Sicard 48 ans retraité avec sa femme Victorine Arnaud 33 ans partagent la maison avec les Loro (Germain 45 ans, sa femme et leurs quatre enfants).

Le n°12 est  occupé par des italiens (les Vottero, Bruno, Marcello et un cordier français Verdagne Auguste).

1896 :  Louis et Rose Héraud boulangers vivent au n°4.

Les Gros sont au n°12, Marie Alexandrine 39 ans, encore chez Papa et Maman, se mariera dans l’année.

1901 : Au n°4 place Séminaire on retrouve Louis Héraud, sa femme Rose, leur fils Léon, 28 Ans, boulanger et pâtissier épicier, avec sa femme Augustine née Infernet, une des filles de Marius le bel inconnu dont il sera question infra…  

Les Loro sont toujours au n°10 et les Valentin au n°12 avec beau-papa Gros et belle-maman.

1906 : Louis Héraud 1852 et Rose 1854 sont au 58 cours Louis Blanc. (p78)

1906 : Léon Héraud 1873 boulanger épicier vit au 4 place séminaire avec Augustine sa femme 1874. (p126)

1906

1919 : Marguerite Infernet (1885) épouse Hubert Joseph Mayeur (divorcé).

Qui était Joseph Pons de Ferry ?

http://www.laseyneen1900.fr/2020/08/29/joseph-pons-de-ferry/*

Sources :

« Les de Ferry, famille de verriers provençaux ».

(d’après l’ouvrage de Robert Reboul publié à la librairie Leon Techener à Paris en 1873).

« Les de Ferry, gentilshommes et maîtres-verriers face à l’évolution de l’artisanat et de la demande de verre » de Michel Wanneroy.

« L’artisanat du verre creux en Provence médiévale » de Danièle Foy.

« Les verriers en Provence au  XIVe siècle et du temps du Roi René » de Michel Wanneroy.

« Lettre sur la verrerie à la façon de Venise » de  H. Schuermans (1885)

De Corine Maitte (Revue historique 2001/1 (n° 617)

« Corporation et politique au village : Altare entre migrations et différenciation sociale, XVIe-XIXe siècle »

http://saintmaximin2008.fr/PAGESWEB/HISTOIRE/AUTRESCOMMUNES/pourrieres/archeologie/verreries/FamilleDeFerry.html.

« Histoire de La Seyne » de Louis Baudoin.

http://seynoise.free.fr/seyne_ancienne_et_moderne/chapitres_baudoin/annexe_1_rues.pdf.

Pierre Caminade : L’industrie à La Seyne sur Mer en 1845 (Étraves 1977)

Archives du Var.

Collaboration Ludivine Rembobine.

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