Reconstruction de l’histoire de Ste Thérèse, cette ancienne école de la rue d’Alsace, d’après différentes sources (plus ou moins) concordantes…

D’un Tortel aux Tortel :

Résumé

Jean Tortel en 1682 fait don au vicaire de l’église paroissiale voisine (1) d’une maison et d’une place de maison contigüe au bas de cette rue de l’évêché pour y établir une congrégation de filles (2). L’immeuble est racheté par cette congrégation en 1876 (9). Le centenaire de cette école a été fêté en 1976.

Les soeurs trinitaires* au service des Maristes y logeaient depuis la laïcisation de l’hôpital qu’elles durent quitter en 1870.(6)

Cette congrégation était présente à La Seyne depuis 1842 date à laquelle, ayant reçu une indemnité de 400 francs pour l’année votée par le conseil municipal du 18 mai 1841, elles sont autorisées à ouvrir une école rue de l’hôpital (actuelle rue Clément Daniel) « pour élever les jeunes demoiselles », et à soigner les indigents à l’hôpital. Leur dévouement sera exemplaire lors de lépidémie de choléra de 1865*.

Asunción Asarta 1922

En 1878 les frères Maristes* chassés de leur école communale voisine attenante à l’église (4), s’y installent, y pratiquent l’enseignement scolaire jusqu’en 1882 (3) puis ils cédèrent la place aux soeurs de la congrégation.

Les soeurs trinitaires* furent chassées de la ville en 1903 (8). L’école fonctionna ensuite en tant qu’institution de jeunes filles, puis elle devint mixte jusqu’à sa fermeture (9) pour déménagement en 2009 chemin Aimé Genoud à … Tortel ! (« aux Tortel » devrait-on dire).

1-D’après « L’enseignement à La Seyne », Cahiers du Patrimoine Ouest varois n°14 2011 :

Sous l’ancien régime il y eut quelques tentatives vite vouées à l’échec pour installer une ou plusieurs écoles.

Jean-Pierre Daniel (1656-1709) ancien curé de La Seyne fondait une école de jeunes filles qui se situait rue de l’evêché au n°12 de l’actuelle rue d’Alsace, (on peut toujours voir la belle demeure de plus de 150 ans qui abrita jusqu’en 2008 l’école Ste Thérèse). 

2-D’après « Congrégation de filles rue de l’église »,  manuscrit de Maître Jean Denans : L’Histoire de La Seyne  (1708-1713) :

Messire Jean-Pierre Daniel, vicaire perpétuel de l’église paroissiale de la Seine, (le quatrième après Barthélémi Guigou, Honoré Christin puis Silvestre Portanier), ayant fait dessein d’établir audit la Seine une congrégation de filles, pour y parvenir, à sa sollicitation, par acte reçu par Me du Val, notaire, le 27 avril 1702, Jean Tortel (à feu Laurent, marchand dudit lieu, aurait donné de sa libre volonté une place de maison ou jardin dans l’enclos dudit lieu, et à la rue de l’église (rue d’Alsace actuelle), tirant au couvent des pères capucins, avec tous ses droits et appartenances dûment désignés par ledit acte, pour, sur icelle, y bâtir et édifier une maison, soit par le sieur vicaire ou autre, pour l’établissement de ladite congrégation, à laquelle toutes les filles agrégées en icelle, tous les jours des fêtes et dimanches, et autres, (de ce) qui sera trouvé nécessaire, elles pourront s’y assembler à perpétuité, et pour toutes les oeuvres pieuses qui seront trouvées nécessaires pour la plus grande gloire de Dieu, (et ce) qui sera trouvé convenable par le sieur vicaire et ses successeurs, le tout pour le bon plaisir de monseigneur l’évêque de Toulon, sans que ledit sieur Tortel puisse prétendre aucun paiement du prix d’icelle. Et, parce que la place de maison, que (possèdent) Isabeau Danielle et Françoise Turrelle, contiguë de la susdite du côté du levant, avait été vendue (précédemment) par ledit Tortel à feue Suzanne Bonardelle, par acte reçu par Me Denans, notaire, le 27 avril 1682, au prix de 150 livres et sur laquelle ladite feue Bonardelle y avait fait bâtir une maison, ledit Tortel a quitté et déchargé lesdites Danielle et Turelle du prixde la susdite place, tant en principal qu’en intérêt, en considération de quoi, ladite Danielle, présente audit acte, assistée de Pierre Daniel, son père, tant à son propre (nom) que pour et au nom de ladite Turelle, a consenti et permis, à perpétuité, que les soeurs du tiers ordre de Saint Dominique s’assemblent tous les jours de fêtes et dimanches dans ladite maison pour y tenir leur congrégation de la même manière que lesdites soeurs avaient accoutumé de faire du vivant de ladite feue Bonardelle, et tout ainsi qu’elles ont fait jusqu’à présent, sans que lesdites Danielle et Bonardelle puissent prétendre aucune indemnité desdites sœurs, ni d’aucun autre.

 Suivant les termes duquel acte la congrégation des filles est entièrement indépendante de celle des soeurs du tiers ordre de Saint Dominique, n’y ayant rien de commun entre elles puisque les lieux de leurs assemblées sont séparés et très bien spécifiés par le susmentionné acte. 

(Vu acte de mariage 28 juillet 1711 de Jean Tortel 60 ans, bourgeois, fils de feu Laurens et de Magdalène Sabatier et veuf de Catherine Imbert avec Mlle Elisabeth Bonnegrace 30 ans fille de François et de Marie Claire Fournier et veuve de Jean Gautier) 

…….

22 décembre 1845 : Ouverture de la première école maternelle à La Seyne dite « salle d’asile » rue de la miséricorde (suite à l’ordonnance royale du 22 décembre 1837 accordant aux asiles le statut de maisons d’éducations au lieu de simples refuges de la petite enfance).

En 1850, la loi Falloux impose aux communes de plus de 800 habitants d’ouvrir des écoles primaires pour filles. Payant et non obligatoire, l’enseignement ne concerne que les jeunes filles bourgeoises, et est surtout pris en charge par des religieuses. Elle complète la loi Guizot de 1833, qui rendait obligatoire une école de garçons dans toute commune de 500 habitants. Parallèlement, suite à cette loi, la première école d’enseignement public de La Seyne fonctionnait depuis 1833 : sous La municipalité présidée alors par Louis Balthazar Berny, un boulanger (La Mairie, était installée au 1er étage d’une maison de la rue Carvin, future boulangerie Erutti), avait ouvert dans cette ancienne chapelle alors abandonnée de la congrégation des filles de la Miséricorde, au bas de l’actuelle rue d’Alsace. Cette école, « École publique de garçons » fut transférée en 1836 à l’Hôtel de la Dîme future école Martini, du nom du premier directeur.

3-Selon Louis Baudoin, « Les établissements Maristes à La Seyne-sur-Mer (Var) » 1963 : 

En novembre 1852, quatre frères Maristes* furent envoyés à La Seyne et une école s’ouvrit, attenante à l’église paroissiale, suite à la requête faite au supérieur général des petits frères de Marie, appuyée par le maire de la ville, Antoine Léonard Barry, et par le R.P. Eymard supérieur du nouveau collège des Maristes.S’en suivirent des périodes de soutien indéfectible ou d’antagonisme féroce de la part des municipalités successives. (Voir Les frères Maristes*)  L’établissement des frères Maristes de la rue de la Miséricorde fermera ses portes en 1882.

En 1876 La Seyne comptait 9600 h dont un millier d’enfants scolarisés dans 8 classes confessionnelles et 5 laïques.

4-D’après les cahiers du Patrimoine Ouest varois n°14 :

Le 1er juin 1878 les frères Maristes se virent contraints d’abandonner cette école communale pour se réinstaller (en septembre 1878) dans l’établissement libre dans la rue de la Miséricorde qu’ils modernisent et qu’ils cédèrent vers 1890 suite à  des difficultés financières aux soeurs de la congrégation Ste Thérèse qu’elles transformèrent en école libre de jeunes filles. (en fait probablement les soeurs trinitaires car la congrégation Ste Thérèse n’est pas enseignante.) 

5-Selon Marius Autran, « L’enseignement privé » :

Le bâtiment du 12 rue d’Alsace où l’école a très longtemps fonctionné était une propriété appartenant à Bernard Pierre Lacroix, Maire de La Seyne de 1866 à 1869 . Il fut acheté en août 1876 (?) par trois sœurs trinitaires pour y faire fonctionner une école de jeunes filles avec un pensionnat qui pouvait recevoir une cinquantaine d’élèves. 

6-Selon Louis Baudoin en 1965 :

L’école libre (les immeubles) Ste Thérèse a succédé à l’établissement des soeurs trinitaires qui fut dirigé après 1870 par les soeurs de cette congrégation enseignante qui avaient dû quitter l’hôpital de la ville laïcisé.

7-D’après les archives de Ste Marie :

1902 : 14 soeurs trinitaires* sont logées au 10 et au 12 de la rue d’Alsace depuis la laïcisation de l’hôpital de la ville en 1870. Elles sont employées à l’ Institution Ste Marie depuis 1851. Elles étaient employées à l’ Institution Ste Marie* depuis un demi siècle (1851 précisément ) aux services de la cuisine, de l’infirmerie, de la lingerie et de l’ouvroir.

Bien que faisant pourtant partie d’une congrégation autorisée, elles eurent quand même droit à un « régime de faveur » : 

8-Aux archives.la-seyne.fr/documents-numerises/registres-de-deliberation :

Le 4 janvier 1902 : le conseil municipal, à l’unanimité moins une voix (celle du maire Julien Belfort qui lui, déplorait seulement les pertes financières qui s’en suivraient pour la commune), prend la délibération suivante :

« Considérant que les congrégations dans leur ensemble sont immorales, qu’elles représentent l’exploitation du faible par le fort, qu’elles cachent des objectifs coupables, qu’elles constituent un dissolvant dans le pays, qu’elles reçoivent des ordres de l’étranger, le conseil municipal de La Seyne demande que le gouvernement leur refuse, non seulement les démarches qu’elles exposent, mais encore qu’il fasse procéder à leur expulsion dans la limite du possible » (Archives municipales de La Seyne)

Lors de cette même session, cette congrégation est jugée tellement dangereuse que, nonobstant les tâches qu’elles remplissaient en faveur de la population et le rôle qu’elles avaient joué en 1865 lors de l’épidémie de choléra, on se mit d’accord sur le fait qu’« il y a lieu de sacrifier les intérêts de la ville en faveur de ceux du pays »

Leur expulsion de La Seyne fut effective le 31 juillet 1903. 

Tandis qu’au n°6 :

1904
Cours gratuits pour adultes

Alors qu’au n°12 :

Plus tard l’école « Grimaud », institution de jeunes filles, du nom de la directrice, 12 rue d’ Alsace, puis Mlle Bolliet,…

Cet établissement deviendra l’école libre de jeunes filles Ste Thérèse puis l’École primaire privée mixte Sainte-Thérèse qui fonctionnera jusqu’en 2008.

Au recensement de 1921 on trouve au 10 rue d’Alsace Rose Grimaud (1871) la directrice, sa mère Valérie née en 1843, sa soeur Marie (1869) sous-directrice, et Quincy Claudine (1874) institutrice privée (qui était passée par le couvent de la Présentation*, voir la carte postale)

Plus tard l’école « Grimaud »du nom de la directrice, 12 rue d’ Alsace, puis Mlle Bolliet. Plus tard l’établissement fonctionna alors avec sept classes obtenues par la transformation des anciens dortoirs, jusqu’à plus de 200 élèves dans les années 80. (5)

9-Sur Var Matin 29 mars 2024 :

Mme Isabelle Renier y était institutrice de 1974 à 1991, la direction étant confiée à M. Robin, puis à M. Philippe Renier de 1984 à 1990, puis à Mme Barbier puis à Mlle Hatzakorkian. La petite école accueillait beaucoup d’enfants de commerçants et de militaires.

Ste Thérèse

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Un projet d’acquisition-rénovation est lancé…

La ville racheta 650 000 euros les locaux en 2009 à l’Association Immobilière Provençale (l’institution Ste Marie).

Sources

L’enseignement à La Seyne, Cahiers du Patrimoine Ouest varois n°14 2011 

Congrégation de filles rue de l’église, manuscrit de Maître Jean Denans : L’Histoire de La Seyne  (1708-1713) 

Louis Baudoin, Les établissements Maristes à La Seyne-sur-Mer (Var) 1963  

Marius Autran, L’enseignement privé

Louis Baudoin en 1965, Histoire générale de La Seyne sur Mer

Archives de Ste Marie 

archives.la-seyne.fr/documents-numerises/registres-de-deliberation 

Var Matin mars 2024 

Geneanet

Précisions Isabelle Renier

Wikipedia

PdP pour 3aism.fr et laseyneen1900.fr

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