HISTORIQUE

L’origine du bâtiment, c’est à dire la pose de la première pierre, remonte à 1891 (le second bâtiment date de 1966). Les constructions sont bâties sur des pieux.

En 1887 Raphaël Dubois* (1849-1929) titulaire d’un doctorat en pharmacie, en médecine et en sciences, est nommé directeur de la chaire de physiologie de la faculté de Lyon créée en 1884. 

C’est son interêt pour la bioluminescence des animaux marins dans la baie du Lazaret, au Sud de la rade de Toulon et en face du quartier des Tamaris qui sera à l’origine de sa rencontre avec Michel Pacha* qui fera don à la faculté des Sciences des Lyon d’un terrain 2700 mètres carrés et des matériaux pour la construction de l’institut Michel Pacha annexe du laboratoire de physiologie de la faculté des Sciences de Lyon, puis de l’Université Lyon 1, proposant également le recours à son architecte préféré et ami, Paul Page, et demandant en échange que l’établissement porte son nom.

La première station marine française historique avait été créée en 1859 à Concarneau en Bretagne par Victor Coste*, professeur au Collège de France. L’actuelle fut construite à côté en 1894.

La salle des collections comporte des vitrines sur trois côtés offerts par les frères Lumière. Fin des travaux en 1899. Annexes : bassins à terre, bassins viviers en mer, volières ( Les goélands trop fantasques se sont avérés de très décevants pigeons voyageurs) et hangar à bateaux.

À noter que dans les 61 850 Fr de financement, la commune de La Seyne avait versé 15 000 Fr et le conseil général du Var 8 000 Fr. 

Dans cet intervalle Dubois logeait derrière, à la villa Val Mer.

 L’institut de biologie marine a été inauguré en 1900 sur cette corniche reliant les Tamaris aux Sablettes, actuellement 1337 corniche Georges Pompidou.

l’Institut Maritime de Biologie fut inauguré en 1901

Depuis son origine l’institut n’est utilisé que deux à trois mois par an. Un gardien en assure la permanence à l’année. Dubois partage ses activités entre son laboratoire lyonnais et ses séjours à Tamaris. 

Il en devient officiellement le directeur en 1911 et le conservateur de 1922 à sa mort en 1929. 

Pendant trente ans il consacre ses recherches à la bioluminescence des animaux, des bactéries et de certains organismes unicellulaires du plancton.

12 rubriques, 300 communications témoignent de son éclectisme (philosophie, psychophysiologie) 

Pendant la guerre la station est occupée par les italiens puis les allemands. Les appareils scientifiques sont dispersés, volés, détruits et de nombreux documents sont perdus. 

Au moment du sabordage de la flotte le souffle des explosions brise les vitres et une partie de l’institut est endommagée. Daniel Cordier directeur de 1948 à 1960 maintient la station et la remet en état. Les activités de recherche reprennent de manière sporadique vers 1948 / 1950. 

Gabriel Pérès prendra la direction en 1960. En 1968, un nouveau bâtiment est construit.

Gérard Brichon directeur de l’Institut pendant 21 ans (1968-1989) en sera le dernier. Malgré tous ses efforts, la station de physiologie marine a été officiellement fermée le 1er mai 2008.

« La bioluminescence appartient au patrimoine seynois » (Gérard Brichon)

Dès 2006, le CNRS y avait développé un programme scientifique de télescope à neutrinos immergé, Antarès qui s’est arrêté en 2022, après 16 ans de bons et loyaux services.

La poignée de pionniers de l’IN2P3 et du CEA, qui a porté à bout de bras ce projet hors du commun, se félicite d’avoir réussi au-delà des espérances car ce projet a ouvert la voie aux nouveaux télescopes sous-marins de grande envergure KM3NeT ORCA et ARCA*. 

Les recherches en physiologie marine n’y avant plus cours, les descendants et ayants droit ont entrepris une longue action en justice, mais la cour d’appel de Grenoble a finalement donné raison à l’université Claude-Bernard de Lyon I en 2016. 

Un nouveau projet de centre de séminaire scientifique est désormais envisagé (voir infra). 

Des travaux importants sont nécessaires pour réhabiliter cet étonnant témoin du style orientaliste, rappelant les palais de Constantinople….

Le Palais de Dolmabahçe Istanbul Vs l’Institut de Biologie Marine des Tamaris

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Les archives de l’Institut biologique de Lyon Michel Pacha actuellement conservées aux Archives départementales du Var représentaient plus de trente-cinq mètres linéaires, sans compter les collections documentaires évaluées à quatre-vingt-deux mètres linéaires.

Dans la bibliothèque se trouvaient les archives scientifiques de Raphaël Dubois, qui avaient été précieusement mises en boîtes ainsi que ses cours (neuf mètres linéaires).

Dispersés dans plusieurs pièces du premier étage, il y avait quarante mètres linéaires de thèses et mémoires réalisés sous le patronage de l’Institut.

Dans le bâtiment annexe, étaient restés les dossiers et les revues scientifiques de l’époque de Gabriel Pérès : vingt-cinq mètres linéaires…

Mars 2023 : L’institut Maritime de Biologie Michel Pacha vient d’être retenu comme lauréat régional de la Mission Bern de la Fondation du patrimoine.

Septembre 2023 : la Mission du Patrimoine a remis à la ville un chèque de 400 000 euros pour sa rénovation.

Architecte Paul Page (Exposition Patrimoine 2022)

Maintes fois dessiné, peint et photographié…Ici une toile de Constant, un peintre local, amateur, autodidacte, très doué et très prolifique, qui, selon sa fille Christiane Broussard « n’a jamais vendu une oeuvre à sa juste valeur il les offrait ou faisait juste payer la valeur de la toile vierge et du cadre »…(décédé en 2021).

Façade maritime

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Pierre Arata (1910-2004) 
Tableau de Constant

Dessin d’Alex Peiré

Qui était Raphaël Dubois ? Raphaël Dubois et l’Institut de Biologie Marine*

Raphaël Dubois en médaillon (sculpture de Georges Lemaire) (nettoyage virtuel)
Raphaël Dubois dans la salle des collections
Photo extraite de Regards sur l’histoire de La Seyne-sur-Mer N° 9
« L’institut Michel Pacha Une station maritime à La Seyne-sur-Mer » par Gérard Brichon Directeur de l’Institut Michel Pacha
Raphaël Horace Dubois (1849-1929) le savant

Qui était Gérard Brichon ?

« A La Seyne, le dernier directeur de l’Institut Pacha Gérard Brichon n’est plus.  

Le décès de Gérard Brichon, à l’âge de 81 ans, jette un voile de deuil dans la baie de Tamaris dont le chercheur, enseignant et dirigeant émérite, assura le rayonnement à l’international.

Pas très loin de Tamaris où il s’était installé en 1968, subjugué par la beauté de ses paysages marins, c’est à l’hôpital Sainte-Anne de Toulon, entouré de l’affection des siens, que Gérard Brichon est décédé dans la nuit de lundi à mardi, vaincu par la maladie. Il avait 81 ans.

Seynois de cœur et d’adoption, il était connu pour être le dernier directeur du laboratoire de l’institut de biologie marine Michel-Pacha, que l’enseignant-chercheur, natif de Lyon, dirigea de 1989 à 2009 et auprès duquel, jusqu’au bout passionné par le monde marin, il coula une active retraite scientifique.

Enseignant à Harvard

Diplômé en physiologie marine de l’université Claude-Bernard – Lyon 1, Gérard Brichon a fait toute sa carrière à l’Institut Pacha, dont le docteur ès Sciences, maître de conférences, puis directeur, assura le rayonnement à l’international.

Le scientifique, auréolé des palmes académiques, était aussi l’un des plus grands spécialistes mondiaux des phospholipides.

Sous sa direction, le site fut l’un des premiers à développer des accords de recherche avec l’université d’Harvard aux États-Unis, où Gérard Brichon enseigna et participa à des programmes de recherches pour la Nasa; les universités de Colombie Britannique au Canada, de Lodz en Pologne, avec lesquelles il développa des programmes d’échanges et noua également des relations privilégiées.

Toujours intéressé par le destin de l’Institut Pacha, dans un état de quasi-abandon depuis quinze ans, il a été récemment soulagé d’apprendre que l’établissement, au cœur d’une longue bataille juridique entre les héritiers de Michel Pacha et l’université de Lyon, resterait propriété de cette dernière et qu’il allait être réhabilité en un centre de séminaires scientifiques prestigieux. « Ça lui a fait plaisir, il en parlait », confie l’un de ses fils, Arnaud.

Du contrat de baie à la pisciculture…

Retraité, Gérard Brichon a longtemps siégé au conseil d’administration de l’institut océanographique Paul-Ricard. Impliqué dans la vie locale, à La Seyne, il contribua notamment à l’élaboration du contrat de baie et au développement de la pisciculture dans la baie de Tamaris.

Il n’a jamais rompu le lien avec ses anciens élèves devenus chercheurs et a continué jusqu’au bout à échanger avec eux et à multiplier les contributions scientifiques en gardant le lien avec le monde de la mer.

Il laisse le souvenir d’une personnalité généreuse, faisant preuve d’une grande gentillesse; d’un chercheur passionné toujours prompt à partager sa passion. Et en même temps il était reconnu pour sa droiture et son intégrité.

Les obsèques de Gérard Brichon seront célébrées dans l’intimité de la famille, samedi 31 août, à 11h45, au crématorium de La Seyne.

À son épouse Marie-Hélène, ses fils Denis, Philippe et Arnaud, leur épouse, ses petits-enfants Enora et Charlie, Var-matin présente ses condoléances émues ».

(nice-matin 21/08/2024)

Gérard Brichon, seynois de cœur et d’adoption, vient de décéder à 81 ans. il a été le dernier directeur du laboratoire de l’institut de biologie marine Michel-Pacha, poste qu’il a occupé pendant 21 ans (1968-1989). Vous lirez sur var-matin son incroyable parcours scientifique et le combat qu’il a mené pour défendre l’institut. Il était venu assister à l’une de mes visites commentées de l’exposition sur l’aquaculture seynoise en début d’année. Modestement il avait écouté mes explications basiques sur la bioluminescence sans oser m’interrompre. Il ne s’était d’ailleurs pas présenté en arrivant mais je l’avais démasqué à son apparence, sachant qu’il allait venir. Il m’avait gentiment résumé ses démêlés avec l’université de Lyon, pour cette cause qu’il estimait juste, la préservation d’un site de recherche à Tamaris. Je garde le souvenir d’un homme humble et respectable. J’espère que son nom ira à l’une des salles du futur bâtiment annexe à l’institut, lui qui l’avait dirigé autant de temps que Raphaël Dubois…

21 août 2024 sur Fb : « La bioluminescence appartient au patrimoine seynois »

Qui était Michel Pacha ? Blaise Marius Michel dit Michel Pacha (1819-1907)*

Michel Pacha (1819-1907) le bâtisseur, propriétaire aux Tamaris

« Son extraordinaire destin s’est forgé sur le pont des paquebots-poste, dans les salons feutrés des grands bourgeois parisiens, sur les quais de Constantinople et dans les soirées mondaines d’un château mauresque à La Seyne sur mer… Marius Michel (1819-1907), qui embarqua comme mousse à quinze ans sous les ordres de son père , fut élu au rang d’amiral et pacha de l’empire ottoman, dont il fut le grand bâtisseur de phares, avant de régner sur Les tamaris, un petit empire balnéaire créé de toutes pièces dans le Var… »

Nathalie Couilloud « Michel Pacha, Les feux du Levant »

Panneau mural représentant une guirlande de fruits de mer
Intérieur institut (Restauration virtuelle)

PROJETS

Institut Michel Pacha : un futur centre international de séminaires

Article de Maggy Mauve dans Le Métropolitan.fr (20 octobre 2022)

(repris le 18 mars 2023 dans Le Petit Varois.fr)

« L’Université Claude Bernard Lyon 1 travaille en partenariat avec la Ville de La Seyne-sur-Mer, la Métropole Toulon Provence Méditerranée, le Département du Var, la Région SUD et l’Université de Toulon, à la création d’un projet d’envergure pour le territoire : un Centre international de séminaires Institut Michel Pacha. A l’occasion du colloque « La Méditerranée demain », le projet a été présenté à la villa Tamaris, le 8 octobre dernier.

Elle surplombe la Méditerranée depuis le tout début du XXe siècle. Oeuvre maîtresse de l’architecte suisse Paul Page, ami de Michel Pacha, la bâtisse est reconnaissable entre toutes grâce à son style mauresque. Des arcs outrepassés, des chapiteaux d’inspiration Byzantine et Ottomane, des frises de merlons en escalier qui dissimulent la toiture en tuiles, tout est référence à l’Orient. Construite sur un terrain donné par Michel Pacha à l’Université de Lyon, la bâtisse a été conçue pour être un institut de biologie marine. Si l’Université a cessé ses activités de recherches en présentiel en 2008, l’Institut a continué de fonctionner avec le CNRS qui y avait installé le projet Antarés. Dans les années 2000, les héritiers de Michel Pacha cherchent à récupérer ce dernier devant les tribunaux. Ils sont définitivement déboutés en 2018. Le 8 octobre dernier avait lieu à la villa Tamaris une conférence de presse sur le devenir de l’Institut.

Connecter des scientifiques de l’Europe entière au reste du monde via la corniche de Tamaris

Tous les partenaires étant réunis pour se tourner vers l’avenir. Frédéric Fleury, président de l’Université Claude Bernard Lyon 1, a annoncé la mise en œuvre d’un “grand projet à vocation scientifique et pédagogique”. En partenariat avec la Ville de la Seyne, la Métropole TPM, le Département du Var, la Région et l’Université de Toulon, le président a expliqué qu’un centre international de séminaires va se créer, prochainement, sur la corniche de Tamaris. “Ce sera un amphithéâtre de très grande qualité numérique qui permettra à des centaines de scientifiques de toute l’Europe de se connecter à des congrès réunissant plusieurs milliers de personnes partout dans le monde. Le site hébergera également des start-up travaillant sur des projets innovants. Le centre sera également ouvert sur la ville et son territoire.”

Des travaux qui prendront fin d’ici 2026.

Si le projet devrait voir le jour début 2026 ou au mieux fin 2025, ce n’est pas sans une phase de travaux d’envergure. Le propriétaire a ainsi annoncé que cinq candidats avaient déjà été retenus durant un concours de maîtrise d’ouvrage. David Tine, directeur du patrimoine de l’Université de Lyon poursuit : “Nous espérons voir de l’originalité dans les prochaines propositions qui nous parviendront. Ce que nous savons d’ores et déjà, c’est que le bâtiment principal accueillera des salles de réunion, des bureaux et des espaces de convivialité. Le bâtiment Perez, à côté, sera détruit puis reconstruit pour y aménager un lieu de restauration et d’hébergement ainsi que l’amphithéâtre.”

Quelle place pour les Seynois ? 

Afin de réaliser l’intégralité des travaux, 6 millions d’euros devront être déboursés. La moitié sera financée par l’Université de Lyon 1 tandis que l’autre partie sera apportée par les collectivités. Accompagnée de François de Canson, conseiller régional Sud PACA en charge du développement économique, Nathalie Bicais, maire de La Seyne-sur Mer, a souhaité que le bâtiment soit “ouvert le plus possible à la population locale via l’organisation d’activités et de manifestations avec des scientifiques.

Planning des études et des travaux. (2023)

Mai 2023 : Notification du contrat au lauréat et démarrage des études / Mai 2023 à Avril 2024 : Etudes Mai à Septembre 2024 : Consultation des entreprises / Septembre 2024 à décembre 2025 : Travaux Montage budgétaire Budget prévisionnel : Travaux + Etudes : 6 026 400 €TTC / Financement prévisionnel : Fonds propres Université Claude Bernard Lyon 1 : 3 000 000 € / Actualisation 2023 : 3,5 M Région Sud : 1 200 000 € / Actualisation 2023 : 1,6 M pour le Conseil Régional / Métropole Toulon Provence Méditerranée : 900 000 € / Département du Var : 900 000 € »

Septembre 2023 : la Mission du Patrimoine a remis à la ville un chèque de 400 000 euros.

Actualisation 2024 : Financement du projet 7M€ dont 1,2M pour la Région Sud, 900 000 pour la Métropole, 450 000 le Département du Var, 400 000 la fondation du Patrimoine et la mission Bern, le rest financé par l’Université de Lyon. « Début des travaux été 2025 »

Pas de laboratoire de recherche mais des salles de réunion et une grande bibliothèque pour des séminaires internationaux, réhabilitation du bâtiment Dubois et construction d’un bâtiment neuf de 600 m2 avec auditorium, logements et restaurant, baptisé bâtiment Pérès.

Var-Matin 08 / 07 /24

Var-Matin 08 / 07 /24

Sources

Regards sur l’histoire de La Seyne-sur-Mer N° 9 : « L’institut Michel Pacha Une station maritime à La Seyne-sur-Mer » par Gérard Brichon

« Michel Pacha, Les feux du Levant » par Nathalie Couilloud

in2p3.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-telescope-antares-prend-sa-retraite

Le Métropolitan.fr (20 octobre 2022) repris le 18 mars 2023 dans Le Petit Varois.fr Maggy Mauve

Var-Matin 08 / 07 /24 Gautier Guigon

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