L’église Notre-Dame-du-Bon-Voyage de La Seyne-sur-Mer a été construite de 1674 à 1682 selon les plans du curé de la paroisse, Rossoli. Elle est l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 2 décembre 1988.
« Vers la fin du seizième siècle, quelques familles dont la pêche était la profession habituelle , quittèrent les hauteurs de Six-fours et construisirent des habitations sur le bord et à l’extrémité ouest de la rade de Toulon; leurs pénibles travaux y étaient plus fructueux, leurs frêles embarcations y trouvaient un abri plus sûr contre la violence des vents, et les descentes des pirates y étaient moins à craindre. Ces familles eurent des imitateurs et leur réunion forma une colonie qui , pour ne pas manquer trop souvent aux devoirs du chrétien, se détermina à élever une chapelle pour la célébration de l’office divin. Cette chapelle, sous le vocable de Notre Dame de bon Voyage , fut bâtie en 1603 sur l’emplacement qu’occupe actuellement l’église paroissiale, en vertu de l’autorisation qu’accorda Robert de Frangipani, Abbé de Saint-Victor, seigneur temporel et spirituel de Six-fours. Avec l’agrément et de l’autorité du même seigneur Abbé, cette chapelle fut érigée en paroisse en 1614, des fonds baptismaux y furent placés et l’on fit dans le même temps l’acquisition d’un terrain pour le convertir en cimetière* ».
Bulletin de l’Académie du Var. Académie du Var. Auteur du texte. Bulletin trimestriel de la Société des sciences, belles-lettres et arts du département du Var, séant à Toulon. 1841
Dès 1591 un sanctuaire est édifié sur le site actuel, puis une chapelle construite en 1603 « sous le vocable de Notre Dame de Bon Voyage, en vertu de l’autorisation qu’accorda Robert de Frangipani, Abbé de Saint-Victor, seigneur temporel et spirituel de Sixfours« .
Voir la génèse de la cité : laseyneen1900.fr/2020/09/15/la-seyne-la-genese/*
« Avec l’autorité et l’agrément du même seigneur Abbé« , elle devint église succursale en 1614 puis église paroissiale en 1657. Mais peu de temps après le détachement de La Seyne de la paroisse mère de Six-Fours qui eut lieu en 1657, il fut manifeste que cette modeste chapelle ne répondait plus aux besoins de la population qui était en constante augmentation.
1er février 1658 :
Le Roi Louis XIV, par acte royal accorde son indépendance à la Seyne*.
Lors de l’inventaire des biens de la Fabrique le 26 janvier 1906 par la direction générale des domaines, « biens de l’état , des départements ou des communes dont la Fabrique n’a que la jouissance« , M. Eyriès vicaire représentant M. le curé de La Seyne a déclaré que « l’église paroissiale a été bâtie au moyen du don des fidèles sur une propriété privée en 1660, que la commune ayant été érigée en 1659 n’a pas du en fournir l’emplacement, que cette église mise à la disposition de la nation pendant la Révolution a été remise à la disposition des évêques ainsi que l’emplacement du presbytère et le jardin du dit presbytère qui était alors un cimetière. » (archives.var.fr)
Les armoiries officielles furent accordées à la ville le 16 juillet 1700 par Louis XIV.
Par délibération du 23 mai 1673, le conseil communal décidait la construction d’une nouvelle église à l’emplacement de la chapelle qui fut rasée. La construction est confiée à Pierre et Jean Delvaux, maîtres maçons à Aix-en-Provence. La pose de la première pierre a eu lieu le 8 ou le 9 juin 1674 et les travaux sont terminés en 1682.
C’est en 1674 que Louis de Forbin d’Oppède illustre évêque de Toulon sous Louis XIV roi très chrétien des Français, et sous le pontificat de Clément X, alors âgé de 52 ans, pose la première pierre de la construction de l’église paroissiale de La Seyne Notre Dame du bon voyage, à l’endroit où se trouvait le maître-autel en présence de Messire Sylvestre Portanier, docteur en théologie et vicaire de la paroisse, des consuls et d’un grand nombre d’habitants.
L’autel et le rétable de la grande nef, ouvrages fort remarquables exécutés par François Etienne de la Seyne, tailleur de pierre, d’après le dessin du sieur Gray sculpteur de Toulon, ont été faits aux dépens du curé Jean-Pierre Daniel, le successeur de Silvestre Portanier en faveur de qui Honoré Cristin s’était démis de ses fonctions parochiales en 1659, lui même ayant succédé à Barthélémi Grigou le premier vicaire.
Sur la dite pierre, qui provenait des carrière de La Couronne, aux environs de Marseille, avait été gravée une inscription disant qu’elle avait été placée sous la basilique à construire en l’honneur de la Bienheureuse Marie, reine de Bon-Voyage, l’an de la Réparation du Salut 1674, sous le pontificat du pape Clément X, le règne du roi Très-Chrétien Louis XIV et l’épiscopat de l’illustrissime Louis de Forbin d’Oppède, évêque de Toulon.
« On a peine à l’imaginer, et pourtant au XVIIe siècle, l’église se trouvait sur le rivage qui suivait à peu près une ligne reliant les rues Berny, Carvin, République et Denfert-Rochereau. De vieux Seynois disaient d’ailleurs : « Nos pauvres grand-mères venaient chercher le varech devant l’église… »
http://jcautran.free.fr/oeuvres/martini/preliminaires_martini.html
1861 dans « Le Propagateur de la Méditerranée et du Var: revue mensuelle » :
« Les vrais amateurs ne verront pas sans admiration sa belle paroisse, ses piliers, la hardiesse de sa voute principale ( La longueur de ce temple est de quarante mètres dans œuvre sur vingt-quatre de largeur, la voûte de la nef principale est à la hauteur de dix-neuf mètres; les voûtes des collatéraux sont élevées de onze mètres. Le grand autel et le retable ont été exécutés par Fr. Etienne, de la Seyne, d’après le dessin de Gray, sculpteur de Toulon, et faits aux dépens du curé Jean-Pierre Daniel) et ses deux nefs; le maître-autel se fait remarquer par six colonnes; deux sont accouplées aux deux angles et servent d’encadrement au tableau : toutes en pierres calcaires polies en stuc rouge et blanc, imitant parfaitement la couleur du marbre de Languedoc; elles sont de l’ordre corinthien, les bases sont deux niches en pierre froide polie imitant le marbre noir et brun, toutes les deux contenant deux statues colossales, l’une à droite représentant saint Paul, l’autre à gauche représentant saint Pierre. Elles sont dues au ciseau de M. Hubac, sculpteur toulonnais. Sous le maître-autel se trouve une pierre où l’on lit une inscription latine dont je donne ici la traduction : L’an de la réparation du salut, 1674, le 4 des ides de juin (9 juin), sous le pontificat du pape Clément X et sous le règne du très-chrétien roi de France Louis XIV, le très-illustre évêque Louis de Forbin d’Oppède, gouvernant l’Eglise de Toulon, cette première pierre a été placée sous la basilique à construire dessus en l’honneur de la bienheureuse Marie-de-Bon- Voyage.
Les autels des nefs latérales restaurés depuis peu sont en marbre; la chaire, d’un goût moderne, a été exécutée par un sculpteur né à la Seyne, Taballon, qui, peu apprécié par ses concitoyens, a été contraint de s’éloigner du lieu qui l’avait vu naître ».
Vers 1888, de grosses réparations s’avérant nécessaires, Marius Michel, dit Michel Pacha, nouveau propriétaire du quartier de Tamaris, propose à la Mairie de prendre à sa charge les travaux de réfection et d’amélioration de l’église. (adjudication du 15 juin 1892, réception des travaux le 3 mars 1893). Les travaux seront exécutés suivant les plans et sous la direction de Paul Page, architecte à Toulon. La façade est totalement refaite avec son porche central orné de personnages sculptés et surmonté d’une grande rosace.
sources Wikipedia, Gérard Delattre et Pierre Saliceti (2002)
En 1892, l’édifice fait l’objet d’une restauration par la construction de la façade au pignon décoré de modillons qui présente avec un grand arceau encadrant une belle rosace. Son portail roman est couvert d’une sorte de fronton triangulaire servant de niches à de petites statues. Sa porte est surmontée d’un tympan que soutient un pilier central faisant corps avec une statue. Antérieurement la façade comportait trois oculi et était couronnée d’un fronton triangulaire. Les armoiries se trouvaient au-dessus de la porte principale.
Notre-Dame-du-Bon-Voyage : Les grilles.
C’est en 1980 que les grilles du parvis de l’église ont été enlevées. Fabriquées aux chantiers navals, elles avaient été offertes à la ville en 1899 par un médecin seynois, le Dr Paul Sauze, par ailleurs auteur d’un petit guide « pour le malade et le touriste » sur la station hivernale de Tamaris conçue par Michel Pacha.
Elles ornent actuellement l’école des Beaux-Arts dans le centre ancien, rue Messine, ainsi que l’école maternelle Anatole France rue Jacques Laurent.
Avril et mai 1899 : Pose de la grille devant l’église offerte par le Dr Sauze*. (Manuscrit Besson et remerciements du C.M du 11 juin 1899)
- Un autre Sauze est recensé à La Seyne, Joseph Jean Baptiste Sauze, boucher, marié en 1863 à Marie Laurence Anne Abran , une des filles de André Vincent Abran* le maitre cordier bien connu, mais ici il s’agit du Dr Paul Sauze exerçant à La Seyne, recensé en tant que tel en 1889… ayant publié un opuscule « De la station hivernale de Tamaris – La Seyne sur Mer – tourisme* » en 1888…
« Les services des bâtiments communaux ont judicieusement réutilisé les grilles ouvragées qui clôturaient le parvis de l’église Notre-Dame de Bon Voyage, ôtées au moment du réaménagement de la placette, en 1980, et qui avaient été fabriquées au début du XXe siècle aux chantiers »
(Marie Mondet, archiviste, Annick Rohault de Fleury, bibliothécaire, et Stéphanie Thomas, d’après les recherches effectuées aux Archives Municipales de La Seyne/Mer (AMLS) pour les Journées Européennes du Patrimoine 2009) cité par Henri Ribot).
Ces grilles auraient été dans cet intervalle de temps entreposées au fort de l’Eguillette.
Elles encadrent fièrement l’école des Beaux-Arts dans le centre ancien rue Messine. Une autre partie de ces grilles subsiste devant l’école maternelle Anatole France rue Jacques Laurent.
Intérieur église
Les statues en bois doré de Saint Paul et Saint Pierre et le buste reliquaire de Saint Eloi sont eux aussi classés monument historique. La statue de St Paul a été réalisée en 1819 par André Joseph Allar*, natif de Toulon et grand prix de Rome en 1869.
*André Joseph Allar et son frère Gaudensi architecte sont les auteurs de la Fontaine de la Fédération sur la place de la Liberté à Toulon.
L’autel, construit par la grande marbrerie artistique de Bourg-Saint-Andéol, fut offert par Amable Lagane, directeur des chantiers de La Seyne, à l’occasion du mariage de sa fille en 1892. Il disparut ainsi que le retable en bois sculpté, la chaire et les boiseries, selon les nouvelles règles de la liturgie entre 1961 et 1967, « pour rendre à l’édifice sa sobriété d’origine »…
Deux autres portes plus étroites, de même style, s’ouvrent dans les deux bas-côtés. L’édifice est composé de trois nefs recouvertes par une voûte à croisée d’ogives.
Le premier orgue est installé en 1811 par Jean-François-Marie Borme et Charles-Ferdinand Gazeau, facteurs d’orgues à Marseille. L’orgue actuel, œuvre du maître François Mader, facteur renommé de Marseille, est installé en 1891-1892, Michel Pacha en étant le mécène, et inauguré le 9 octobre 1892 en présence de Mgr Mignot, évêque de Fréjus et de Toulon. C’est actuellement un chef d’oeuvre en péril une association s’est créée pour sa restauration…
Sur le côté sud de l’église, se situe la chapelle Notre-Dame-de-Stora, où se trouve la statue d’une vierge rescapée d’une tempête en Méditerranée le 25 janvier 1841, durant laquelle trente et un navires au mouillage dans le golfe de Stora dans l’est algérien (province de Constantine) ont coulé sauf La Marne, une corvette de charge dont le capitaine avait fait le voeu de la déposer au premier port atteint, en l’occurence Stora . Notre-Dame-de-Stora fut ensuite rapatriée à La Seyne en 1964…
À l’emplacement de l’ancien cimetière accolé à l’église, déménagé sur une hauteur et au Nord de la ville, pour raison de salubrité (exhalaison surtout pendant l’été de « vapeurs méphitiques et de miasmes putrides »), on peut voir aujourd’hui un puits avec, incorporé dans sa maçonnerie, un anneau récupéré de alentours, anneau servant à amarrer un bateau. L’eau de ce puits mise au soleil dans une coupelle servait de témoin de salinité aux paysans du coin pour l’irrigation de leurs cultures.
Souvenirs de communions
Autour de la loi de séparation des églises et de l’état…
Ici décembre 1906.
Bien avant le débat sur le séparatisme, il y eut la « Séparation » (des Eglises et de l’Etat).
25 années d’affrontement violent opposant deux conceptions radicalement différentes, qui aboutirent à cette fameuse loi de décembre 1905 qui ne mit d’ailleurs pas immédiatement fin aux polémiques puisque de 1905 à 1906 pas un seul jour sans que la question ne fasse la une de nos quotidiens !
Un an après la promulgation de cette loi d’apaisement (« L’Etat laïque n’est pas antireligieux mais areligieux » selon Clemenceau), on connut même cette situation ubuesque où le prêtre devait souscrire une déclaration préalable avant chaque cérémonie, comme ici à La Seyne en décembre 1906 où un PV fut dressé au curé contrevenant à 6h du matin pour une sortie de deuil, l’anticléricalisme militant y étant alors très vivace.
Au niveau national le délit de messe ne fut quand même pas institué mais ce n’est qu’en mars 1907 que cette obligation de déclaration préalable fut abolie.
Par contre sur le terrain de l’instruction publique, il fallut attendre 1914 pour que l’Union Sacrée permette d’atténuer les tensions sur le sujet de l’ école laïque et de l’école libre…
ARTICLES APPARENTÉS
Voir Le campanile de l’église*
Voir Le retable St Pie V à la bataille de Lépante*
Au départ de l’une des deux rues qui bordent l’église on peut voir cette plaque ancienne, dite plaque de cocher…
…dont l’explication est donnée ici
Sources
Bulletin trimestriel de la Société des sciences, belles-lettres et arts du département du Var, séant à Toulon. 1841. Bulletin de l’Académie du Var Source gallica.bnf.fr / BnF
Histoire générale de La Seyne sur mer par Louis Baudoin 1965.
Wikipedia
Gérard Delattre et Pierre Saliceti (Les monuments religieux de l’Ouest Toulonnais)
jcautran.free.fr/oeuvres/martini/preliminaires_martini.
Marie Mondet, archiviste, Annick Rohault de Fleury, bibliothécaire, et Stéphanie Thomas, d’après les recherches effectuées aux Archives Municipales de La Seyne/Mer (AMLS) pour les Journées Européennes du Patrimoine 2009, cité par Henri Ribot.
la-seyne.fr/decouvrir-la-ville/patrimoine/culte/notre-dame-de-bon-voyage/
archives.la-seyne.fr/documents-numerises/registres-de-deliberation
« Le Propagateur de la Méditerranée et du Var: revue mensuelle » (1861 )
Chemin de la mémoire / Centre historique
Bonjour, est il possible d’avoir des informations sur les missions des Pères Maristes en Océanie, notamment en Nlle Calédonie où j’ai séjourné entre 1984 1990 et plus précisément à l’lIe des Pins Vao et une Île du Nord à laquelle le Père Belep a donné son nom et où je me rendais pour y travailler tous les mardis entre 1984-1986
Par ailleurs avez vous les contacts des anciens élèves comme moi 1962-1969.
Merci pour votre travail sur le Maristes, la ville de La Seyne sur mer avec son Eglise Notre Dame de la mer, son pont transbordeur…
Cordialement
Richard Mage
L’association des anciens élèves est en train de renaitre…
Avril et mai 1899 : Pose de la grille devant l’église offerte par le Dr Sauze*. (Manuscrit Besson et remerciements du C.M du 11 juin 1899) – Il y avait bien un Docteur Paul Sauze intéressé par La Seyne-sur-Mer, puisque j’ai lu son fascicule 22pp. « De la station hivernale de Tamaris 1886 « …bien à vous J.Roisin