« …Peu d’entre vous, lecteurs, savez ce qu’est la Seyne.

Excusez-nous de vous apprendre que c’est une fraîche petite ville, bâtie au bord de la rade de Toulon, entre la verdure qui descend du versant septentrional du cap Sicié et l’écume de la mer, La moitié de sa population se compose de charpentiers, calfats, voiliers attachés au port de Toulon ou au chantier de construction de la Seyne; un troisième quart de pêcheurs, et le dernier de cultivateurs…

Le premier dimanche de juillet, auquel est renvoyée la fête qui échoit le 2, ouvriers de toutes professions, pécheurs, marins, cultivateurs, endimanchés de leurs costume.– pittoresques, se réunissent sur le port.

Ils viennent y recevoir les populations voisines qui accourent à la fête, et les âmes qui, après avoir été promenées dans tous les environs, reviennent sur les pyroscaphes dont un service est organisé toute l’année entre Toulon et la Seyne.

Dès que la nuit est close, la ville s’illumine comme par enchantement, et sur les bords du golfe, au milieu des pins embaumés qui mêlent leurs parfums irritants aux fraîches senteurs des brises marines, l’orchestre appelle les jeunes gens à la danse, dans la salle verte, clôturée par les guirlandes d’or des genêts sauvages.

Et Dieu sait combien de doux baisers se dérobent ou se donnent, combien d’intrigues amoureuses se nouent au son des quadrilles infatigables qui retentissent jusqu’au lever du soleil, pendant que les vieux marins se racontent leurs voyages, pendant que les pêcheurs parlent de leurs pêches miraculeuses aux graves paysans et qu’il s’établit ainsi, sur une petite échelle, il est vrai, une communion fraternelle entre l’agriculture et la navigation. »…

Texte de Charles Poncy.

Dessins de Pierre Letuaire. (L’Illustration 1845)

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