Dramatique accident de charrette hier matin vers 10h au coin des rues du Prieur et d’Enfer (angle Jean Louis Mabily / Denfert Rochereau), un endroit souvent verglacé en hiver…Un chargement de trois tonnes d’huile provenant probablement du moulin à huile de M. Paulin Gros*, avec la pente, le verglas et la malchance…

La maison du Prieur, rue du Prieur (aujourd’hui rue Jean-Louis Mabily) 

PÉNIBLE ACCIDENT A LA SEYNE

Une Femme broyée par une charrette

La Seyne, le 8 janvier 1895

Hier matin, vers 10 heures, au coin des rues du Prieur et d’Enfer, un bien pénible accident s’est produit, jetant dans le quartier voisin et bientôt dans toute notre localité, une vive émotion.

Mme Grimaud, une bonne femme âgée de 67 ans, dont la profession ambulante consistait à vendre de la recuite, « à la bouano brousse », comme elle criait depuis plus de 30 ans, avec son large panier appuyé sur la hanche, s’est laissé prendre accidentellement la jambe gauche entre la bordure en pierre du trottoir contournant ces rues et la roue d’une lourde charrette chargée de barriques d’huile d’un poids approximatif de 3.000 kilos.

La charrette était conduite par le nommé P. garçon au service de M. G…* négociant, qui n’en peuvent mais, et qui tout naturellement déplorent sincèrement ce nouveau coup de l’aveugle fatalité.

Les ouvriers du moulin à huile de M. Paulin Gros. Ce jour-là une importante cargaison de barriques d’huile d’olive devait être embarquée sur un navire à quai au port de La Seyne.

Le conducteur avait donné les avertissements d’usage; Mme Grimaud avait également aperçu Ie véhicule : c’est même en voulant se garer sur le trottoir, enduit d’une légère couche de verglas, qu’elle a malheureusement glissé et que sa jambe s’est trouvée compressée entre le redoutable étau, comme nous l’avons décrit plus haut.

Au même moment des cris de douleur et d’angoisse retentissaient poussés par l’infortunée victime et les témoins du terrible accident. On se porta aussitôt au secours de la blessée qui, relevée la jambe broyée au-dessous du genou, les chairs hachées, sanguinolentes, fut transportée dans une habitation à proximité des lieux chez Mme M., où un premier pansement fut appliqué sur la blessure par M. le docteur Loro*.

Une voiture requise aussitôt après, conduisit la blessée chez elle au quartier Brégaillon, dans sa campagne.

Le Dr Daniel*, médecin de famille de l’infortunée Madeleine.

M. le docteur Daniel*, médecin de la famille, appelé, auprès de la blessée a vainement tenté d’opérer la suture de la plaie; l’émiettement du tibia dans la partie brisée, rend cette opération difficultueuse. Espérons cependant que l’amputation du membre pourra être évitée, nous le désirons de tout cœur pour l’intéressante et laborieuse femme Grimaud et pour son excellente famille très estimable, que ce malheur a jetée dans une mortelle inquiétude; Mme Grimaud demeure avec sa fille, mariée à un employé au poste-tyer (l’aiguillage) de la gare de la Seyne.

LE PETIT VAR

TRISTE ÉPILOGUE

On n’entendra plus Madeleine,

l’infortunée vendeuse ambulante du marché de La Seyne, crier à la cantonade

« à la bouano brousse! »

 

« Triste épilogue d’un accident : Mme Grimaud, l’infortunée victime de l’accident de charrette que nous avons relaté en détail, a succombé l’avant-dernière nuit des suites de ses blessures. Les obsèques de Mme Grimaud ont eu lieu hier soir à La Seyne au milieu d’une nombreuse suite de parents et d’amis; beaucoup de monde formaient haie sur le passage du cortège commentant tristement les détails de cette malheureuse affaire. » (source: Le Petit var)

Le Petit Var chronique régionale 1895

En dehors des faits divers comme celui-ci, dans cette période de 1895 les informations locales en pages intérieures tournent toutes autour des mouvements des navires et de leurs équipages vers nos colonies extérieures. On meurt du croup, on organise des souscriptions pour se procurer quelques fioles de sérum antidiphtérique que l’on confie aux Dr Roux et Daniel* de l’Hôpital, on annonce les nouveaux spectacles à l’Eden théâtre* , et on déplore quelques faits divers souvent dus à l’alcool ou aux adultères, ou bien aux accidents de charreton comme celui qui a touché l’infortunée vendeuse ambulante du marché de La Seyne…

Sources

Le Petit Var

GénéProvence

Archives du Var

Photos personnelles

Mise en forme PdP pour La Seyne en 1900

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