Il fut un temps où parler français à La Seyne paraissait suspect…
« Es enca un escapa de de galèro », une seynoiserie de plus !
Le bagne de Toulon pouvait loger plus de 4 000 forçats.
Il fut le bagne le plus grand, et aussi le plus longtemps ouvert, de 1748 jusqu’à 1873, cessant d’exister avec la création des bagnes de Cayenne et de Nouvelle-Calédonie).
Mme de Chateaubriand, lors d’un séjour dans la région en 1826, en fit cette évocation :
« Ce pays ci est beaucoup plus joli que celui d’Hyères. La ville est environnée de petits coteaux bien dessinés, et plantés de vignes, de cyprès et d’oliviers. Du village, on a la vue de Toulon et de la rade ; et si l’on monte un peu, celle de la pleine mer, couverte de vaisseaux qui se croisent, et d’une quantité de petits bâtiments et de bateaux-pêcheurs, montés les uns par d’honnêtes matelots, les autres par d’honnêtes forçats dont les habits rouges sont d’un effet agréable tout au travers des voiles ».
À Toulon, on logeait les forçats sur les anciennes galères démâtées, les bagnes flottants et on les employait aux travaux les plus pénibles : sur le port, dans l’arsenal, dans la corderie ou dans les carrières de pierres.
(Le mot « bagne » vient de l’italien bagno, qui était le nom d’une ancienne prison à Livourne, construite à l’emplacement d’anciens bains publics romains)
A noter qu’à l’époque, les bagnards étaient les seuls à parler français, car c’était la langue véhiculaire la mieux adaptée pour ces gens venant de tous les coins du pays.
Et, en conséquence, quand les Seynois entendaient parler français dans la ville, ils disaient :
» Es enca un escapa de galèro »
(C’est encore un échappé de galère, c.à.d un mauvais sujet )
La loi de Transportation en 1854 organise la peine des Travaux forcés à accomplir hors du territoire métropolitain pour les prisonniers de droit commun. La Guyane est choisie tant pour extraire du corps social sa frange « contaminée et contaminante » que pour offrir une voie de réhabilitation par le travail au grand air.(Wikipédia)
À voir Antoine Philippe Pelloquin* le bagnard seynois
À voir aussi un-bagnard-seynois-emile-jusseau*
La fermeture du bagne de Toulon eut pour conséquences directes l’arrivée des immigrés italiens, venus remplacer cette main d’œuvre gratuite…
Mais ceci est une autre histoire…voir Les cons à la voile*.
Sources
Wikipédia
CNRTL
Gustave PERONET
Le Filet du Pêcheur (Société des Amis de La Seyne Ancienne et Moderne)
Musée de Balaguier