1er Août 1914 : La guerre éclate.

Mobilisation générale ! 

l’I.S.M est réquisitionnée comme hôpital militaire complémentaire.

 Le Père Delaunay doit sortir un plan B pour accueillir les pensionnaires à la rentrée automnale…

Seul l’ancien couvent de la Présentation, face aux ateliers de construction navale, semble être la solution mais  il est complètement délabré, resté vacant depuis l’expulsion en 1903 des religieuses qui le tenaient depuis 1859. (De plus des soldats du 111e y avaient caserné).

Ce pensionnat, inoccupé depuis dix ou douze ans, contenait d’assez vastes locaux, pouvant recevoir deux cents élèves… 

La persécution religieuse en avait chassé les « Bonnes Sœurs »…

Qui de nous ne se souvient d’avoir passé maintes fois, les jours de promenade, devant son mur de clôture en forme d’arc de cercle, et d’avoir admiré la belle statue de la Vierge qui domine la chapelle, et qui, les mains tendues vers les pauvres mortels, semble leur dire “Venez à moi”.

Tout était donc à organiser dans cet immeuble, situé, comme chacun sait, de l’autre côté de La Seyne, en pleine campagne, près des Chantiers. 

ici encore debout en 1947. Racheté par la municipalité vers 1970 pour y construire le foyer de personnes âgées Jean Bartolini

Le pensionnat de N.D. de la Présentation avant 1903

« Le chanoine Proal, vicaire général du diocèse de Digne, supérieur des religieuses de Notre-Dame-de-la-Présentation, de Manosque, étant venu à La Seyne, avait recherché dans notre commune une terre qui fût favorable à l’établissement d’un couvent destiné à s’occuper de l’éducation des jeunes filles.

*Les Sœurs de la Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie (en latin : Congregationis a Praesentatione B.M.V), également appelées Présentines, forment une congrégation religieuse féminine enseignante, sociale et adoratrice de droit pontifical.

Ce fut finalement l’évêque de Digne Mgr Julien Meirieu (1800-1884), à cette époque supérieur général des sœurs de la Présentation*, qui arrêta son choix sur une campagne du quartier de Mouïssèque, à l’est de La Seyne. Sous le second Empire, il existait peu d’habitations dans cette banlieue de La Seyne ; les chantiers de constructions navales ne s’y étendront que beaucoup plus tard. On n’y rencontrait guère que des jardins, de la verdure, des arbres. L’autorisation fit l’objet du décret de Napoléon III du 6 juillet 1858, daté de Plombières, sous la réserve que cette congrégation se conformerait aux statuts approuvés par ordonnance du 7 mai 1826. L’enquête de « commodo » et « incommodo » donna lieu à un procès-verbal favorable rendu le 28 juin 1857. Les bâtiments qui s’y élevèrent bientôt furent vastes et importants, comprenant chapelle, dortoirs, classes, réfectoires, offices, communs et dépendances ; l’établissement eut un grand jardin d’agrément et potager, pour la promenade des sœurs et les récréations des pensionnaires.

Nombre de demoiselles de la bourgeoisie de la région, dont pas mal de Seynoises, sortirent de cette maison d’éducation qui fut connue assez loin à la ronde avantageusement ; d’ailleurs, l’éducation donnée y était excellente.

Recensement de 1861 : autour de la Supérieure 11 religieuses dont 5 professeurs…

Nous ne possédons pas, malheureusement, beaucoup de renseignements sur l’existence de cette institution libre locale. Cependant, nous savons que, pendant l’année scolaire 1882-1883, l’effectif des pensionnaires atteignit soixante-quinze à quatre-vingts unités et que la centaine fut même largement dépassée à une époque plus proche de nous.

Ce furent les lois de 1901-1902 qui ouvrirent le chemin de l’exil à nos religieuses de la Présentation. Ce fut un dommage moral et matériel pour La Seyne, pour la Provence. Les sœurs se réfugièrent en Italie, à Bordighiera, à Vintimille où, en 1905, elles établirent une maison qui devint assez florissante et où elles jouirent de tous les avantages religieux qu’elles avaient eus en France ».

FONDATION DU COUVENT DE « LA PRÉSENTATION » AU QUARTIER DE MOUISSÈQUE (1858) HISTOIRE DE LA MAISON (1858-1904) Louis Baudoin 1965 chapitre 44

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L’assassin de Mme Michel Pacha avait deux filles que Mme Michel faisait élever à ses frais au couvent de la Présentation
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Nous ne nous doutions pas alors qu’un jour ce “collège de filles” comme nous l’appelions si dédaigneusement, abriterait nos frères, neveux et nos fils.

Le Père Frédéric Graly (42 ans) qui doit partir sous les drapeaux écrit ceci :

” À la Présentation, les travaux avancent rapidement, mais le temps pluvieux ne favorise point l’assèchement du badigeon…On a profité le mieux possible des commodités que pouvait offrir le local. La rentrée reste fixée au 3 novembre, mais il y a des difficultés à vaincre encore, que de travail à faire “…

“Une convocation militaire me mobilise et m’oblige à tout quitter sans retard”

Aux chantiers, la construction navale est arrêtée et la reconversion en arsenal demande du temps. Le directeur des FCM n’est autre que M. Léonce Rimbaud* qui est aussi président de l’Association des Anciens Elèves. Il va mettre à la disposition des Pères les ouvriers et le matériel nécessaires à la restauration du bâtiment. 

La rentrée scolaire

C’est là que, dès le 4 novembre, les élèves des classes de seconde et au-dessous seront scolarisés jusqu’à la rentrée de 1919. 

L’annexe de la Présentation accueille à la date indiquée, sous une pluie battante, plus de 200 élèves du collège. Un ancien élève se souvient :

“Des ouvriers partout : maçons, plâtriers, peintres. Un vent d’épouvante soufflait la pluie. Défoncée par les charrois, la cour était transformée en cloaque. Il fallait, pour y circuler, tendre des planches en guise de passerelles”

Le père Delaunay meurt le 26 septembre; il n’assistera pas à la rentrée le 4 novembre.

La rentrée fut triste, pour diverses causes. On était en guerre; il pleuvait; les locaux n’étaient pas connus; bien des choses y manquaient encore, et surtout, ah ! surtout, le bon Père Supérieur n’était plus là ! La mort, qui régnait en souveraine depuis les premiers jours d’août, l’avait fauché dans l’intervalle, lui, le pilier de l’œuvre, le phare toujours éclairé dans la nuit, le guide sûr, le conseiller modèle”.

C’est le père Graly, sergent Frédéric Graly, qui devient le supérieur. Le Père Boissonet assurera l’intérim au collège, et l’annexe de la Présentation sera confiée au Père Jacob, puis dès octobre 1915 au Père Blondat ). 

Les ordres de mobilisation enlèvent successivement au collège les Pères Mulsant, Watson et Baratin, (ce dernier décède lors du conflit) entraînant, de fait, de sérieux problèmes d’organisation et le vieillissement de l’encadrement, puisque dès 1915 près de la moitié du corps enseignant, religieux et laics, est parti sous les drapeaux.

Malgré la présence de nombreux malades ou blessés des premiers mois de guerre, la rentrée eut bien lieu à la date normale, au “Grand Collège” (qui abrite l’administration générale) pour les élèves des cours de Marine et les classes du baccalauréat.

On trouve dans les bulletins annuels de 1921 :

 “Durant ce temps, quatre-vingts de nos élèves seulement trouvaient place ici, tant la réquisition avait été draconienne. Il avait fallu les introduire avec une subtilité qui déconcerta l’autorité militaire, au point de la faire tolérante d’un état de choses qu’elle supportait mal. Pour avoir une étude on donna des chambres de maitres, qui ne pouvaient pas être réquisitionnées”. D’autres locaux trop rares étaient dans le même cas. C’est pourquoi on dormit à la bibliothèque. Le musée scientifique devint un autre dortoir.

11 novembre 1918 : l’armistice

1919 : La guerre a mis l’Institution dans une situation financière catastrophique…

Le sergent Graly démobilisé le 5 mars 1919, redevenu Père Supérieur Graly, ainsi que le Père Monier arrivé lui le 26 mars, s’employèrent tous deux pour faire cesser aussitôt l’existence de l’hôpital militaire. Ils obtinrent gain de cause et le génie militaire remit vaguement en état la maison. Dès lors, on pouvait entreprendre le déménagement de la Présentation et aménager l’Institution. 

Le plus gros du travail se fit évidemment pendant les grandes vacances et en octobre 1919, les cours complets fonctionnèrent au collège : 

la Présentation n’était plus qu’un souvenir.

La suite ici :

1914 : l’I.S.M est réquisitionnée comme hôpital militaire complémentaire*

Voir aussi : Les soeurs trinitaires de l’Institution Ste Marie :

laseyneen1900.fr/2023/08/30/autour-de-la-loi-de-separation-des-eglises-et-de-letat/*

Sources

Les soins aux blessés, aux malades et aux convalescents ; l’implication des Seynois ; l’institution Sainte-Marie et l’hôpital russe à La Seyne par Dina Marcellesi) Association pour l’Histoire et le Patrimoine Seynois : Regards sur l’histoire de La Seyne sur Mer n°15.

Aux Maristes, un hôpital russe entre guerre et révolution par Thérèse Lépine Association pour l’Histoire et le Patrimoine Seynois : Regards sur l’histoire de La Seyne sur Mer n°18.

Archives I.S.M

Iconographie laseyneen1900.fr

Institution Ste Marie de La Seyne sur Mer 1849 – 1999

Le Collège des R.R P.P Maristes à la Seyne 1843 – 1983 

Les Cahiers du Patrimoine de l’Ouest Varois n°14

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