Le sort réservé aux soeurs trinitaires de l’Institution Ste Marie de La Seyne sur mer

L’infirmerie

IMG_4362colorrécré
IMG_4362colorpansem
IMG_4362colorphar
IMG_4362colorrécré IMG_4362colorpansem IMG_4362colorphar

En 1902 avec l’arrivée au pouvoir de Emile Combes et du bloc des gauches, la lutte anticléricale se fait plus violente.

Chargé des cultes, Émile Combes, élu sénateur en 1885, chef de parti de la Gauche Démocratique, nommé ensuite ministre de l’intérieur, président du conseil des ministres français de 1902 à 1905, montrera un fort anticléricalisme par les lois de 1901 sur le droit des associations et par celle de 1904 qui instaure l’interdiction d’enseignement par les congrégations religieuses. 2 500 établissements d’enseignement privés sont fermés, mais certaines congrégations (les sœurs des pauvres, les religieuses hospitalières, les cisterciens, les trappistes, les religieuses contemplatives et les missionnaires) restent autorisées. Pour les congrégations désormais interdites leurs membres doivent quitter le territoire français. Le gouvernement décide l’expulsion des communautés récalcitrantes. 

1902 : Les 14 soeurs trinitaires* logées au 10 et au 12 de la rue d’Alsace, employées à l’ Institution Ste Marie depuis un demi siècle (1851 précisément, l’administration de Sainte Marie se composait alors du R.P. Eymard, Supérieur, du P. Revel, Préfet des Classes, du P. Lafay, Directeur) aux services de la cuisine, de l’infirmerie, de la lingerie et de l’ouvroir, faisant pourtant partie d’une congrégation autorisée, eurent droit à un « régime de faveur » : 

Le 4 janvier 1902 : le conseil municipal, à l’unanimité moins une voix (celle du maire Julien Belfort qui lui, déplorait seulement les pertes financières qui s’ensuivraient pour la commune), prend la délibération suivante :

« Considérant que les congrégations dans leur ensemble sont immorales, qu’elles représentent l’exploitation du faible par le fort, qu’elles cachent des objectifs coupables, qu’elles constituent un dissolvant dans le pays, qu’elles reçoivent des ordres de l’étranger, le conseil municipal de La Seyne demande que le gouvernement leur refuse, non seulement les démarches qu’elles exposent, mais encore qu’il fasse procéder à leur expulsion dans la limite du possible ».

pour extrait conforme le maire etc, etc…

12 rue d’Alsace

Le 14 mai 1903, le commissaire de Police de la Seyne Pierre Pierre, assisté de son secrétaire le sieur Pierre Léon, notifie à la dame Pochon (la mère supérieure) l’ordre donné aux religieuses d’évacuer dans un délai d’un mois l’établissement et de se disperser. Sur l’intervention du Père Delaunay, le départ des religieuses est reporté au 31 juillet, afin que le collège puisse les remplacer dans les différentes fonctions.

*Les sœurs trinitaires de Valence, ordre fondé en 1660, œuvrent dans les écoles, orphelinats, cliniques, dispensaires et maisons de retraite.

Bien avant le débat sur le séparatisme, il y eut la « Séparation » (des Eglises et de l’Etat). 

On est en pleine chasse aux sorcières, « La Séparation » est le sujet de société brûlant (toute ressemblance…), 25 années d’affrontement violent opposant deux conceptions radicalement différentes, les cléricafards contre les laïcards, qui aboutirent à cette fameuse loi de décembre 1905 qui ne mit d’ailleurs pas immédiatement fin aux polémiques puisque de 1905 à 1906 pas un seul jour sans que la question ne fasse la une de nos quotidiens ! Avec bien sûr l’affaire Dreyfus qui entraina un véritable bouleversement de la société française profondément et durablement divisée 12 années durant. 

1906 Henri Pétin* le maire de La Seyne écrit ceci : « en conseil municipal, à propos de becs de gaz ou de fontaines, la moitié de la salle entonne l’Internationale pendant que l’autre moitié lui répond par « Esprit saint descendez en nous » !

Un an après la promulgation de cette loi d’apaisement (« L’Etat laïque n’est pas antireligieux mais areligieux » selon Clemenceau), on connut même cette situation ubuesque où le prêtre devait souscrire une déclaration préalable avant chaque cérémonie, comme ici à La Seyne en décembre 1906 où un PV fut dressé (par le même Pierre Pierre) au curé contrevenant à 6h du matin pour une sortie de deuil, l’anticléricalisme militant y étant alors très vivace. 

L’obligation d’une déclaration préalable à la cérémonie d’une messe religieuse

décembre 1906

Au niveau national le délit de messe ne fut quand même pas institué mais ce n’est qu’en mars 1907 que cette obligation de déclaration préalable fut abolie. 

Le numéro de L’Assiette au Beurre de décembre 1906, « numéro antichrétien » justement…

Par contre sur le terrain de l’instruction publique, il fallut attendre 1914 pour que l’Union Sacrée permette « d’atténuer » les tensions sur le sujet de l’ école laïque et de l’école libre, à quelques détails près…

L’établissement des Maristes de La Seyne sur mer mis aux enchères publiques en 1922

Voir La vente aux enchères de l’établissement Ste Marie*

Voir L’église de La Seyne* « Notre-Dame-du-Bon-Voyage« 

6 comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *